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Une traversée poétique des Pyrénées #2 : Le dîner de cons

Louis Didelle est parti à pied, début septembre, pour une traversée des Pyrénées en solitaire. De cette longue marche sont nés des poèmes qui racontent la solitude, les saisons qui passent, la faim, le mouvement, la montagne, l’océan. Une traversée d’un mois et demi résumée en 7 étapes et autant de poèmes de Banyuls-sur-mer à Hendaye. Deuxième étape de son carnet de voyage. Le dîner de con !

Dans les forêts de chênes sombres, dans les hêtraies monotones sans trouée, sans fenêtre sur rien des Pyrénées Orientales, je regardais mes pieds et au plus loin l’épingle d’après. Lorsque dans cette épingle apparu soudain un petit lutin au chapeau jaune orangé. Une girolle. Mais les lutins rendent fou, les girolles rendent folle, d’une folie bête qui ne s’arrête pas de chercher. Cette folie bête, c’est la cueillette, c’est l’espoir d’un dîner champêtre. C’est « le dîner de con ».

La tête en girouette
quêtait une girolle,
chassait la chanterelle.

Et les merles chantaient
à tue-tête ce même air
de coquettes commères
des bois et des forêts
qui piaillent ou bien caquettent
quand on passe en cueillette.

Leurs trilles des fourrés
sonnaient comme des fous rires,
des moqueries de cour.

Et moi, le moins que rien
qui hoquette et cours,
la tête en girouette
vers d’autres compagnons,
à leur yeux et leur bec
je suis comme Pignon
avec ses allumettes, 

Je suis un con :
Un con de champignons ! 

©Louis Didelle