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Tengi Ragi Tau, Trinité népalaise

Symon Welfringer et Silvan Schüpbach à l'ouverture

Après trois jours d’escalade à travers la face ouest du Tengi Ragi Tau au Népal, la cordée franco-suisse Symon Welfringer/Silvan Schüpbach réussit à ouvrir une nouvelle voie menant à son sommet nord (6820 m), là où, semble-t-il, personne n’avait encore mis les pieds. Une ascension en style alpin qui fait varier les plaisirs dans du terrain mixte et raide jusqu’au crux, situé juste avant le sommet. Racontés par Symon, ces 1400 m d’ascension donnent naissance à la voie Trinité, côtée M6, AI 5.

Le 8 octobre, le suisse Silvan Schüpbach et les français Charles Noirot et moi-même établissons le camp de base à côté du Trakarding Glacier, à 4700 m d’altitude. Alors que nous nous acclimatons encore, nous observons la première ascension de la face Ouest du Tengi Ragi Tau par Tino Villanueva et Alan Rousseau, arrivés sur place avant nous. Cette nouvelle oblige l’équipe à changer d’objectif au pied-levé. Heureusement, une autre ligne est visible et envisageable toujours sur la même face mais plus loin au nord. Ce sera celle-ci qui nous conduira au sommet Nord, à peine plus bas, mais tout aussi esthétique.

 

Notre ligne emprunte la goulotte rectiligne pour sortir droit au sommet Nord à 6820m Les difficultés principales (M6 grade 5) sont comprises entre 6500 et 6800m, d’où la difficulté de la voie. ©Symon Welfringer

Trinité népalaise : le vent, la neige, le raide

L’escalade, en style alpin rapide et fluide, devra se faire en duo sans Charles Noirot, tombé malade à la fin de l’acclimatation. La montagne se défend, et lors de notre première tentative avec Silvan, nous devons battre en retraite à cause du vent et de la neige. Ce n’est que le 26 octobre que notrer cordée parvient à poser ses crampons sur la face à proprement parler. Nous démarrons sans préambule par deux longueurs de glace raide, suivies de pentes de neige et glace jusqu’à 60 degrés. Nous visons une petite vire à 6100m pour établir le premier camp. Toute la journée, le vent et les spindrifts qui coulent en continu depuis le haut de la face nous coulent dessus, sans pour autant refroidir notre motivation. Heureusement, le lendemain la météo est meilleure. Alors que la face se redresse encore pour offrir des longueurs de plus en plus techniques, l’air se raréfie. Notre duo ralentit le rythme et nous avons du mal à trouver un emplacement de bivouac correct. La nuit tombe quand nous nous jetons enfin dans la tente en prévision de l’assaut final.

À l’attaque du bastion principale vers 6500m. L’escalade devient très raide et exposée. ©Symon Welfringer

Proche du sommet les fameuses sections de ice flutes. ©Symon Welfringer

Sur le fil

Bien installé à 6450m, le matériel de bivouac reste sur place et nous progressons le plus léger et rapide possible. La longueur la plus dure, mais aussi la plus belle, nous attend juste au-dessus du second bivouac. De la glace, du raide, du mixte technique et des ice flutes vont nous emmener jusqu’au sommet, à 6820m selon l’altimètre. Le retour au bivouac devra se faire à la lueur des lampes frontales. Le quatrième jour se passe pendus aux nombreux rappels pour descendre les 1000 m de face restants jusqu’au camp de base. Notre cordée franco-hélvétique arrive saine et sauve sur le plancher des vaches, juste à temps pour sauter dans l’avion qui nous ramènera en Suisse pour l’un, et en France pour les autres.

Premier bivouac sur une terrasse pas très stable. © Symon Welfringer

Selfie summit,  Silvan et Symon. © Symon Welfringer

Ligne de glace menant au bastion principal : ça se redresse ! ©Symon Welfringer

Proche du sommet du Pachermo vers 6000m, Charles avec la face sud du Tengi en fond. © Symon Welfringer