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Nature souveraine

C’est fou ce qu’un peu de changement donne des ailes. Celles d’un milan en l’occurence, un milan royal.
Habitué aux mains de grimpeurs, au déhanché de skieurs et autres équilibristes alpins, mon appareil photo est sorti de sa zone d’autofocus (qui est aux appareils photo ce que la « zone de confort » est aux humains). Qu’avait-il dans le viseur pour être si déboussolé ? Un sportif plus rapide que les autres ? Une scène en basse lumière que les photosites de son capteur ne parvenaient pas à absorber ? Non, mon appareil photo restait zoom-bée devant un oiseau.

Un milan royal en vallée d’Aspe, Pyrénées. ©Ulysse Lefebvre

Cet oiseau là est un habitant ancestral des Pyrénées. Royal, ce milan là ne se cache pas. Mieux, il siffle puissamment comme pour vous interpeller, vous narguer. C’est que Monsieur royal est chez lui en Pyrénées. Et il l’est aussi dans les Alpes et comme partout ailleurs où on le trouve en Europe, il est classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il est même « en danger critique » dans la liste rouge des oiseaux nicheurs de Rhône-Alpes.

En le voyant si haut et fier dans le ciel d’Aspe, imperméable aux menaces, je me suis demandé ce qu’un tel prodige de la nature pourrait bien penser des basses ratures de l’humanité, du démontage des protections de l’environnement Natura 2000 par un président de région, des grignotages inutiles des espaces préservés, des comportements de roitelets de certains de nos élus-berlus.

Il faut être fou
pour ne pas le voir

Président, maires et autres potentats éphémères, le milan les survole. C’est que la nature ne souffre pas les suffrages. Elle n’est pas élue. Elle est là, souveraine mais néanmoins fragile.

C’est une monarchie absolue à laquelle nous devrions sinon nous soumettre, du moins nous conformer. Il faut être fou pour ne pas le voir. Emissaire de haut-vol, le milan royal plane décidément au-dessus d’un nid de coucous.