L’hiver est (presque) là, et la neige a déjà recouvert les Alpes à partir de 1800 mètres d’altitude. Le ski de randonnée vous démange ? C’est normal. Comment se préparer à une (grande) saison de ski de rando ? En n’oubliant pas la sécurité : avec le tryptique DVA, pelle, sonde, auquel s’ajoute désormais le sac airbag. La question n’est pas seulement de savoir quel matériel choisir, mais comment s’en servir, avec des qualités et des options inimaginables il y a seulement dix ans. Prêts ? Entraînez-vous.
Aujourd’hui, il s’agit de raisonner en termes d’efficacité : le temps, c’est une ou des vies sauvées. Et la sécurité, si elle a un prix, ne peut être sacrifiée. Il s’agit donc à la fois de bien s’équiper, mais aussi et surtout de bien connaître son matériel, son DVA, son fonctionnement. Pieps est l’un des acteurs les plus anciens dans la prévention des avalanches, d’abord avec sa gamme de Détecteurs de Victime d’Avalanche (DVA), et bien sûr ses sondes, pelles, et ses sacs à dos. À savoir également, le spécialiste autrichien fait partie du groupe Black Diamond depuis 2012, qui assoit ainsi sa légitimité acquise dans le ski – et accessoirement profite du savoir-faire autrichien pour ses propres produits. Le DVA n’est pas une ceinture de sécurité : c’est un outil, et seule votre propre aptitude à vous en servir correctement fera la différence en cas d’avalanche. Nous allons voir au passage les possibilités en matière d’entraînement avec une application qui relie en bluetooth votre smartphone au DVA, avant de nous intéresser à une sonde (et à la manière de sonder) qui change tout. Enfin, nous verrons que le sac airbag à recharge électrique est une solution unique au risque d’avalanche.
Pieps Micro BT, le DVA le plus léger
Soyons clairs : la légèreté n’est pas la priorité absolue en matière de sécurité, mais bien la technologie. N’empêche : avec seulement 150 grammes sur la balance, le Pieps Micro BT est le plus léger des Détecteurs de Victime d’Avalanche. Plus léger que son grand-frère le Powder BT qui affiche 220 grammes. Vous avez gagné le poids d’un stop-skis, mais aussi en compacité. Avec une seule batterie AA lithium il tient 350h (200h avec une alkaline). Le Pieps Micro BT est décliné en deux versions : le Micro BT Sensor, et le Micro BT Button – celui-ci étant pourvu d’un bouton (on y reviendra).
Le bluetooth, pourquoi faire ?
Tout d’abord, sachez que Pieps est le seul fabricant à doter ses DVA de Bluetooth. Alors, à quoi cela sert ? Comme le « bt » l’indique, le Bluetooth est intégré non pas pour une gestion du secours par le Smartphone (ça ne marche pas comme ça) mais bien pour une gestion complète des réglages, une personnalisation de ceux-ci et des mises à jours logiciel via l’application Pieps pour iOS ou Android. Avec des choix de recherche, de batterie, etc, à faire avant la sortie. Bonus non négligeable : l’appli Pieps permet de s’entraîner à la recherche de victimes. Résumons : le bluetooth permet de contrôler le fonctionnement du DVA et ses paramètres, faire les mises à jour éventuelles, et, point crucial, s’entraîner avec l’appli.
L’application Pieps
Nous avons pu tester l’application l’hiver dernier (avec un Guide BT) et les fonctionnalités sont séduisantes et pratiques. En l’occurrence, à la maison, vous pouvez checker tous les paramètres du DVA. Sur l’appli, la fonction « device check » permet de vérifier le bon fonctionnement du DVA détecté en bluetooth. L’appli permet de changer logiciellement des fonctions importantes comme le choix de la batterie. Surtout, avec un seul DVA Pieps connecté en bluetooth et en mode réception, ainsi qu’un autre DVA (de n’importe quelle marque) en mode émission, vous pourrez carrément utiliser l’appli pour faire des exercices d’entraînement de recherche de victime (jusqu’à 80 exercices avec 4 DVA connectés). Avec différents niveaux de pratique, l’appli vous explique comment effectuer votre recherche pour qu’elle soit la plus efficiente possible.
Avec un DVA connecté en bluetooth, l’application Pieps permet non seulement de vérifier l’état du ou des DVA, de le personnaliser, mais aussi de s’entraîner.
À partir de 1 DVA connecté en Bluetooth on peut s’entraîner avec des exercices proposés par l’app avec différents niveaux de difficulté.
Exemple d’un exercice depuis l’app Pieps
Micro BT Sensor versus Micro BT Button
Comme sont censés le faire tous les DVA, le Pieps Micro BT émet sur 457kHz. Il dispose de trois antennes pour un range de 50 mètres (en émission et en réception). Il est également doté d’une fonction vibration lorsqu’il localise un signal. Énorme avantage : le Micro BT Sensor passe directement en mode recherche quand on le retire du harnais. Ce qui fait une manipulation en moins (et un gant de perdu en moins). La version Button du Micro BT est pour ceux, plus traditionnels, qui veulent garder la main sur le passage en mode recherche… via un bouton.
DVA, comment s’en servir sur le terrain ?
On l’a dit, le Mode Recherche est activé dès qu’il est retiré du harnais. Sur le terrain, une recherche peut être entreprise dès que le mode Search est activé. Le Pieps Micro BT propose la fameuse fonction Auto Revert Search to Send qui est dispo sur toute la gamme Pieps : celle-ci permet de basculer son DVA du mode recherche au mode émission après un laps de temps déterminé (de 60, 90, 120 secondes). En cas de deuxième coulée, et de suraccident concernant le porteur du Micro BT en mode recherche, le DVA repasse en mode émetteur. Mieux, cela ne se produit que si l’appareil est immobile, comme nous l’avons vérifié. Si vous restez 30 secondes à hésiter au même endroit avec un Auto Revert mode activé à 60 secondes, il ne se passera rien si vous bougez au bout de ces 30 secondes. Sécurité supplémentaire, un signal sonore et visuel vous avertit si le DVA switche. Idem à paramétrer avec l’appli : en mode Search, le DVA vibre dès qu’il capte le premier signal, ce qui permet de se concentrer visuellement sur des indices plutôt que d’être les yeux rivés sur l’écran du DVA. La fonction Auto Revert est activée par défaut en permanence sur le Pieps Micro BT.
La fonction marquage (Mark)
Sur le Micro BT, la bande de recherche utile (Mark range) pour marquer les victimes est de 50m. Sur tous les DVA Pieps, il n’y aucune perte de performance en recherche multi-victimes. Il n’y a pas de perte de rapidité en bande de recherche, ni sur la largeur de ladite bande, ni sur la stabilité du signal. En appuyant sur le bouton Mark (le petit drapeau) on passe à la victime suivante. À chaque fois la victime « sélectionnée » sera encerclée d’un logo pour mieux l’identifier. Ce mode nécessite clairement de l’entraînement par contre il est évident qu’il est plus efficace pour effectuer une recherche multi-victimes.
Pelle et sonde, que choisir ?
Côté sonde, Pieps a frappé un grand coup avec l’iProbe et propose une solution révolutionnaire, unique sur le marché, avec un gain de temps certain à la clé. En l’occurrence, sa iProbe n’est pas (du tout) une sonde ordinaire mais électronique, puisqu’elle dispose d’un indicateur visuel et sonore quand la sonde détecte un « hit ». Cette fonction se met en place lorsqu’on déplie et met en tension les différents éléments de la sonde. La sonde Pieps iProbe II donne des informations dès qu’elle détecte le proche signal d’un DVA (et pas seulement quand on touche un corps humain), et les transmet dans la poignée. Gardez à l’esprit que le sondage est énergivore en termes de temps : lors d’une recherche de victime, plus on se rapproche, plus on ralentit dans les faits. La sonde iProbe est équipée d’un récepteur analogique et va capter le signal d’un DVA émetteur, quelqu’il soit. C’est un énorme plus : en effet, quand le bip devient continu cela veut dire que vous détectez avec la sonde un DVA enfoui à moins de 50 cm de celle-ci. Ce qui veut dire un corps, et pas, comme avec une simple sonde, un rocher ou une branche d’arbre.
La sonde intelligente iProbe de Pieps est une révolution. Et surtout un gain de temps précieux en recherche.
iProbe, mode d’emploi
Son déploiement et son utilisation sont très simples : il ne faut que quelques secondes pour déplier la sonde Pieps iProbe II et commencer à sonder autour du point marqué par votre DVA. À moins de deux mètres de la victime, un bip intermittent se déclenche, et à 50cm c’est un bip continu, confirmé par l’écran LED. Il faut alors sortir la pelle et commencer à creuser. L’iProbe II est compatible avec tous les DVA du marché.
Côté pelle, on conseille – vraiment – de laisser vos pelles en plastiques au garage puisqu’elles sont connues pour mal vieillir, et passer aux pelles en métal. La pelle téléescopique Pieps Shovel C avec sa poignée en C est facile à prendre en main. Elle est également utile pour fabriquer un traîneau de fortune. Le conseil Pieps ? Commencez à creuser en aval de la sonde iProbe laissée en place, et à une distance égale (ou au max x1.5) à la profondeur indiquée par l’iProbe.
L’iProbe a sonné ? 1.Laisser la sonde en place. 2. Creuser en aval.
Le sac airbag, c’est pour les pros ?
Le sac airbag est à la sécurité en montagne ce qu’il est dans l’automobile : on vit très bien sans tant qu’on n’a pas d’accident. Donc non, le sac airbag n’est pas (que) pour les pros, même s’il n’est pas tous les jours nécessaire en ski de rando (au printemps par exemple, et dans nombre de cas où vous vous tenez à l’écart des pentes à plus de 30°). Rappelons les bases d’un sac airbag : primo, augmenter les chances de rester à la surface d’une coulée, en augmentant votre propre portance. Secundo, et à ne pas oublier, en cas d’ensevelissement malgré le déclenchement de l’airbag, celui-ci offre un espace et donc une réserve d’air prolongée. Le sac Pieps Jetforce BT se gonfle à l’aide de ventilateurs sur batterie, au lieu d’une bouteille d’air comprimé comme auparavant. En 3 secondes, l’airbag est gonflé. La bonne nouvelle, c’est que la batterie supporte 4 ouvertures et fermetures. Ce qui veut dire aussi plus de problèmes pour ceux qui vont prendre l’avion avec. Il n’y a pas vraiment d’alternative au sac airbag si vous aimez le freeride ou le ski de rando. Gros plus des sac JetForce, outre la facilité d’utilisation et sa fonction autodiagnostic ? Le coût zéro de sa réutilisation : on peut l’utiliser pour s’entraîner, puisqu’il n’y a pas nécessité de racheter une cartouche, mais seulement, après 4 déploiements, recharger la batterie, prévue pour les grands froids (et quinze jours de fonctionnement si le sac est éteint la nuit).
Si vous hésitiez une seconde (celle qui peut faire la différence) à tirer sur la poignée, alors que le slush entre vos jambes vous fait peur, n’hésitez plus : non seulement il n’y a pas de coût supplémentaire mais après le dégonflage automatique (au bout de 3 minutes), il vous restera, avec une batterie pleine au départ, trois déclenchements possibles et de quoi finir la journée en sécurité. Bon, peut-être ne faut-il pas abuser des pentes trop attirantes !
La sécurité en montagne en hiver a un coût, mais il est moins élevé que celui à payer quand on a fait une erreur. Équipez-vous, et surtout entraînez-vous, quelque soit votre matériel, à la recherche de victime avec votre DVA – et vérifiez l’état de ses (ou sa) batteries avant chaque sortie !