Qui s’intéresse aux rivières des Balkans ? Qui sait qu’elles sont pour beaucoup d’entre elles les dernières eaux libres d’Europe ? Qui sait qu’elles sont constituées de falaises à grimper, de rapides où pagayer et de sentiers à explorer ? Qui sait surtout que les barrages hydroélectriques risquent de les faire disparaître ?
Ces rivières sinueuses constituent le plus grand espace sauvage subsistant en Europe, avec certaines des eaux les plus pures du continent. Méconnu, ce Coeur bleu de l’Europe abrite des chutes d’eau spectaculaires, des torrents aux eaux cristallines, une immense biodiversité, des canyons profonds et de vastes forêts alluviales. Avec sa faune abondante et sa beauté naturelle, la région est un joyau caché pour les amateurs de pêche à la mouche, de kayak et d’escalade. Actuellement, cette région est confrontée à de graves menaces des promoteurs qui prévoient de construire 3 000 projets de barrages répartis sur plus de 20 000 km de rivières. Présentés comme des « projets d’énergie verte », ces barrages étoufferaient les rivières et dévasteraient un écosystème exceptionnel et florissant pour quelques kilowatts d’énergie hydraulique. Les activistes locaux qui luttent contre la construction de ces barrages sont confrontés à un immense défi, comme l’explique Ulrich Eichelmann, l’un de ces activistes : « Pour moi comme pour beaucoup d’autres, la sauvegarde des rivières des Balkans est le plus important problème de préservation de la nature en Europe. Nous savons que ce défi est énorme et même un peu fou. Mais avez-vous souvent l’occasion de pouvoir sauvegarder un patrimoine continental ? Un jour, des gens du monde entier viendront dans les Balkans pour voir battre le Coeur bleu de l’Europe. Et nous nous battrons pour lui » Zoe Hart, guide de haute montagne à Chamonix a exploré ces espaces. Elle confirme l’intérêt de la région : » La construction de barrages sur ces rivières nous priverait pour toujours de possibilités d’aventures encore inconnues : secteurs d’escalades, rapides à parcourir en kayak, pêche à la ligne le long des berges, pistes silencieuses où marcher des jours durant. Oui, cela pourrait générer plus d’argent et plus d’électricité, mais pour qui, et à quel coût ? »
Personne ne les défend.
Les femmes de Kruščica (Bosnie-Herzégovine) gardent leur pont pour empêcher l’accès à la rivière aux aménageurs. ©Andrew Burr
Le barrage Kalivaç en cours de construction sur la rivière Vjosa près de la ville de Tepelena en Albanie. ©Andrew Burr
Un film intitulé Blue Heart et réalisé par Britt Caillouette sera diffusé au MK2, 7 quai de Loire à Paris, le 15 mai 2018 à 20h30. Il a été projeté pour la première fois sur le barrage de Idbar, à Konjic (Bosnie-Herzégovine) devant les acteurs locaux engagés dans la protection de leurs rivières.