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Raymond Renaud, l’homme de la Meije

Monstres sacrés # 4

©Jocelyn Chavy

Des Raymond Renaud, il n’y en a qu’un par génération, voilà ce qu’avait déclaré l’ombrageux Armand Charlet, lors de son passage au stage d’aspirant-guide. Un Charlet peu réputé pour le compliment facile. Raymond Renaud débute la haute-montagne à seize ans par la Meije. Puis il y ouvre avec R. Ginel la directe de la face nord, numéro 100 des Cent Plus Belles Courses des Écrins. Il reviendra en faire la première solitaire, en 1969, survivant à une tempête terrible. Homme de la Meije mais pas seulement, Raymond a ensuite mené une carrière exceptionnelle en Himalaya, de la Nanda Devi au Makalu. Rencontre.

Raymond Renaud aime la discrétion. S’il a aimé montrer ses films d’altitude sur l’Himalaya, c’est par amour du pays des Sherpas. Il n’est pas non plus un taiseux. Ses yeux bleus et son allure élégante ne disent rien d’une enfance dans le dénuement, élevé par une grand-mère indigente. Né en 1941, Raymond Renaud a vite tourné ses yeux là-haut, vers les sommets qui dessinaient son avenir. Il raconte.  » La Meije va jalonner ma vie, la structurer. Je ne peux pas dire que je lui dois tout mais grâce à cette montagne j’ai eu ce qu’inconsciemment je cherchais : de l’amour, de la considération, de l’attention. » . La Meije devient tout pour le gamin qui a grandi dans la misère noire de l’après-guerre, devenu orphelin et abandonné à lui-même à l’âge de neuf ans, vivant de cueillette dans une maison en ruine perdue dans un