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Quel avenir pour l’escalade indoor en pleine expansion ?

Salon de l'escalade à Lyon

Julia Chanourdie en SAE. ©Jocelyn Chavy

Effet Jeux-Olympiques, nouvelle façon ludique de faire du fitness ou du cross-fit, l’escalade indoor est en pleine explosion. Le nombre de salles d’escalade est en pleine expansion, et pose la question de ces nouveaux pratiquants, de leur conversion (ou non) au rocher… et des besoins d’encadrement. Questions et réponses entendues au salon de l’escalade, premier du nom, qui se tenait ce weekend à Lyon.

L’escalade connaît une progression fulgurante… en indoor. Nul doute que cela laisserait perplexe Patrick Edlinger, mais le phénomène est mondial. Face à la demande, de plus en plus de salles ouvrent et rares sont les grandes villes à ne pas proposer de salle d’escalade. En l’occurrence, la société Climb Up, dirigée par François Petit, a déjà ouvert 25 salles en France et prévoit d’en faire tourner 100 d’ici 2025 ! Effet Jeux Olympiques, effet fitness, l’escalade en salles (bloc ou voies) est tendance. Organisé ce weekend à Lyon, le premier salon de l’escalade a tenu ses promesses avec 5000 visiteurs, la participation des grands acteurs institutionnels (Région, FFCAM, FFME, Creps…) et des marques. Voici le premier de deux articles consacrés à l’avenir de l’escalade, avenir évoqué lors des conférences table ronde organisées pendant le salon.

 

Escalade indoor : toujours plus d’adeptes

L’escalade est en train de muter. Ce n’est pas une question, mais bien une affirmation qui était dans la tête de tous ceux, décideurs publics, fédéraux ou chef d’entreprise, présents à cette conférence interrogeant les besoins grandissants en matière d’escalade… en ville. Car avec un nombre toujours plus élevé de pratiquants d’escalade, la question des lieux de pratique en zone urbaine (indoor donc) est posée, de même que la question de la mobilité et de l’accès aux falaises en zone péri-urbaine.

Ex-champion d’escalade et dirigeant de la société Climb Up (salles d’escalade), François Petit explique son point de vue. « Ce qui compte, c’est que nos clients puissent aller à l’extérieur, quand ils en auront envie. Étant aussi entraîneur, je suis passionné pour développer l’activité, et faire que l’escalade indoor soit une porte vers l’escalade outdoor, sur sites naturels. Avec les clubs, nous sommes aussi une passerelle. Certes, nous sommes avant tout des salles d’escalade loisir, mais aussi un lieu où les enfants vont vers les clubs pour intégrer les circuits de compétition. D’ailleurs on commence à vendre des licences pour qu’ils puissent aller sur les compétitions. ».

Bloc au Salon de l’Escalade, les 16 et 17 novembre. ©J. Chavy

Un besoin grandissant de salles d’escalade

Directeur du pôle équipements à la FFME, Vincent Maratrat confirme : « nous avons besoin d’équipements indoor. De fait, l’équipement indoor, la salle d’escalade, permet de structurer la pratique du club. Il doit y avoir une cohérence à ce que l’équipement sportif soit dimensionné au secteur urbain concerné. Cet équipement est un vecteur de structuration, que ce soit en milieu citadin ou en milieu rural. » Alors même à la campagne, même à la montagne, tous en salle d’escalade ? « L’idée est qu’on puisse présenter l’ensemble des activités dans un club, y compris en sites naturels, et inciter à aller dans les sorties organisées par les clubs. » poursuit Vincent Maratrat, qui concède : « il y a des gens qui vont rester en salle tout le temps, et d’autres qui vont vouloir aller grimper dehors le weekend ».

D’où la question de la mobilité. À l’heure où de moins en moins de jeunes passent leur permis de conduire, où de nombreuses falaises sont difficiles d’accès en bus (Grenoble fait figure d’exception !), comme autour de Lyon, comment amener ces toujours plus nombreux pratiquants indoor goûter au rocher naturel ? Certains chiffrent parlent d’eux-mêmes : ainsi le nombre de licenciés FFME (un chiffre bien sûr minoritaire par rapport au nombre total de pratiquants) est passé de 50000 en 2002 à 100000 en 2019 ! Ceci posé, avec le même nombre grosso modo de clubs… (1000). Qui va s’occuper de ces jeunes grimpeurs ?

Pour la FFME, les salles d’escalade sont un vecteur qui structure les clubs, que l’on habite en ville ou à la campagne.

Escalade indoor recherche encadrants

« Il y aura dans les années à venir un gros besoin en termes d’encadrants, de diplômés d’État, mais aussi d’ouvreurs. Chez Climb Up, explique François Petit, on est déjà 300, mais il faudrait que la FFME double ses cursus de formation ». Des propos volontaristes que modère Jean Kanapa, un représentant du CREPS Auvergne-Rhône-Alpes, responsable de formation qui s’occupe du Pôle Ressources National Sports de Nature pour l’escalade : « il faut du temps pour former un diplômé d’état en escalade. A Vallon-Pont-d’Arc, nous en formons cinquante par année. La France est d’ailleurs leader en matière de qualité de formation et reconnue pour cela au niveau européen. La France a établi un cadre qui sert de référence en matière de formation aux sports nature. »

D’autres imaginent aussi des solutions en parlant de mutualisation des emplois sportifs, et de la pérennisation de ceux-ci. Oui mais outre les DE JEPS escalade* qui remplacent les ex-brevet d’état depuis 2012, il existe depuis 2014 (et par arrêté en 2016) le Certificat de Qualification Professionnelle**, qui permet de travailler comme encadrant en salle d’escalade uniquement, et sur un volume annuel contraint (360h/an).

Championne de France 2018, Julia Chanourdie à l’entraînement en SAE. ©Jocelyn Chavy

L’escalade va être mise en avant par les Jeux Olympiques, mais ni le législateur ni les institutions actuelles ne vont produire des encadrants « au rabais », alors que les salles se multipliant les besoins d’encadrement vont aller crescendo… à moins que les salles de bloc ne l’emportent dans le cœur des nouveaux pratiquants. En tous cas, tous les acteurs s’accordent à dire que l’escalade « n’est plus pour un public d’initiés ». Et le nombre de pratiquants va continuer à progresser. Le développement des salles également… et la question de la co-gestion des sites extérieurs (conventionnés FFME pour nombre d’entre eux, mais sur une tendance qui s’inverse) reste entière, mais c’est un autre débat !

 

*Diplôme d’état de la Jeunesse, de l’éducation populaire et des sports spécialité perfectionnement sportif, mention escalade (DEJEPS escalade) permet à son titulaire d’enseigner contre rémunération l’escalade sur sites de bloc et sites classés sportifs jusqu’au premier relais situés à une altitude inférieure à 1500m et sur structures artificielles d’escalade (SAE). (Source FFME)

**Certificat de qualification professionnelle « Animateur escalade sur structure artificielle » (CQP AESA) est une certification de la branche professionnelle sport. Il permet à son titulaire d’encadrer contre rémunération en autonomie des activités d’escalade sur structures artificielles d’escalade (source FFME)