Il y a des histoires qui ne s’inventent pas. Comme celle de courir une course aussi technique que la Pierra Menta été sans un mot, avec un inconnu rencontré la veille et qui ne parle pas la même langue. Puis de monter sur le podium. C’est l’histoire de Léo Rochaix et Bhim Gurung, emmené par la légende du trail Dawa Sherpa lui-même. Du Beaufortain à l’Himalaya, il n’y a qu’un pas.
Remplacement Last Minute
Local de l’étape, comme Beaufort en compte beaucoup, Léo Rochaix (26 ans), court la Pierra Menta hiver depuis plusieurs années. Il s’est naturellement inscrit à la version estivale, dès sa première édition, remportant des étapes et montant sur la seconde marche du podium en 2015. Lors de la dernière édition, en 2017, Emilien Bochet, son ami d’enfance et compagnon de course habituel, se blesse à la cheville. À une semaine de la course, Rochaix se retrouve sans partenaire. Comme souvent dans les courses à l’ambiance familiale, ce pépin arrive aux oreilles de l’organisation, qui va tenter de trouver un remplaçant. « C’est forcément une déception quand tu perds ton partenaire. Tu t’entraines pour une course très particulière. Nous on y allait clairement pour gagner. » se souvient Léo Rochaix. Mais cette année là, la course beaufortaine accueille une légende du trail mondial, venue du Népal s’il vous plait : Dawa Sherpa.
« On se comprend dans l’effort »
Veille de Pierra Menta été. Un Savoyard et un Népalais se rencontrent pour la première fois. Ils vont vivre une course étonnante, marquée par le silence et la compréhension implicite : « On a couru un peu ensemble la veille de la course. Notre anglais n’est pas terrible et il a fallu se parler par gestes. Mais dans l’effort, on se comprend ». Pas compliqué Léo Rochaix. Il a quand même pris le temps de regarder le parcours de son nouveau coéquipier sur internet : « Je savais qu’il serait très fort en fin de course. J’ai donné le rythme en montée en début de course puis il m’a aidé dans les descentes, en prenant mes bâtons, et dans les derniers dénivelés, avec l’élastique. » Et ça marche. Bhim et Léo remportent l’étape symbolique du Grand Mont et montent sur la 2e marche au classement général. « La Pierra Menta été a un profil que tu ne retrouves pas ailleurs. Les montées et descentes s’enchaînent sans replats, ce qui convient bien à mon tempérament de skieur-alpiniste » explique Léo, a fortiori avec un coureur venu de l’Himalaya. Cette année, Dawa et Bhim ne seront pas sur le départ. Ce dernier vient de courir et remporter l’Everest marathon. Léo, lui, sera bien présent avec Emilien Bochet et comptent bien laisser leur marque sur le podium. À leurs côtés, près de 13 nationalités différentes donneront une dimension internationale à une course profondément ancrée dans son Beaufortain local.