34 secondes. C’est ce qui a séparé William Bon Mardion et Xavier Gachet des italiens. Après plus de dix mille mètres de dénivelé en 4 jours, c’est l’écart qui permet aux français de décrocher un rare doublé sur la 38ème Pierra Menta, avec la victoire chez les femmes de Axelle Mollaret et Emily Harrop. Au col de la Forclaz l’ambiance sous la neige était à la hauteur de l’événement : démentielle !
Quatrième étape de cette Pierra Menta 2024. Le suspense est maximum ce matin, avec les deux équipes française et italienne dans un mouchoir de poche, et une troisième équipe – française – en embuscade. Xavier Gachet et William Bon Mardion s’est finalement imposée après 1h43 d’une lutte intense. L’équipe féminine, Axelle Gachet Mollaret et Emily Harrop, complète un succès 100% français lors de cette 38ème édition. Le plus magique ? La foule de près d’un millier de personnes qui est montée encourager les coureurs, prenant le télésiège du Grand Mont puis une montée d’au moins une heure trente en peaux de phoque. La dernière étape de la Pierra Menta est sans doute le plus gros rassemblement de skieurs de rando de la planète, prêts à se lever à cinq heures du matin pour encourager les coureurs, dans une ambiance digne des plus grands délires de stade, mais au col de la Forclaz, sous la tempête de neige qui sévit à 8 heures ce matin !
Vuvuzela, cloches et sonnailles, mais aussi les moins classiques tronçonneuses (sans chaîne heureusement) ont accompagné les premières libations, avec des centaines de spectateurs répartis entre les deux points de passage ! On a vu des barbecues, une fondue, et autres délices accompagnés de chansons et force encouragements à l’arrivée des premiers coureurs : c’est l’infatigable Mathéo Jacquemoud qui mène une cadence infernale avec son binôme Jacob Hermann, avec la paire Gachet – Bon Mardion et l’équipe italienne sur les talons.
Après huit années de compétition commune et une histoire marquée par des succès et des secondes places, William Bon Mardion, déjà vainqueur en 2013 aux côtés de Mathéo Jacquemoud, et Xavier Gachet, éternel second, triomphent ensemble. “Ça a encore fonctionné cette année. C’est vrai que gagner une Pierra Menta n’est jamais facile mais on s’est battu comme des lions. Ça fait quelques éditions que l’on se casse les dents. Cette année on l’a fait et c’est un gros accomplissement avec Xavier” confie William Bon Mardion.
“On ne voulait pas la laisser passer, et avoir un coéquipier comme William cette année c’est super, merci à lui. Je savais que le meilleur de la course était dans mon équipe, j’étais confiant, je ne voulais pas lâcher. Là ça y est, nous avons réussi ensemble !” dit Xavier Gachet.
Le duo franco-autrichien, Mathéo Jacquemoud (vainqueur en 2013 et 2016) et Jakob Herrmann, s’installe sur la troisième marche du podium au classement général. Une sacrée perf et sans doute de l’émotion pour Mathéo Jacquemoud onze ans après sa première victoire à Arêches.
Soutenues avec ferveur par leur public, les françaises n’ont laissé aucune opportunité à leurs concurrentes, décrochant ainsi leur deuxième victoire d’affilée à la Pierra Menta.
“On a fait une superbe course ! Pour Xavier c’est un rêve qui se réalise de remporter cette Pierra Menta enfin et surtout avec l’un de ses meilleurs copains.” dit Axelle Gachet Mollaret. “C’est juste un plaisir, j’avais un peu peur mais franchement aujourd’hui la foule nous a portées. Là se sont des larmes de joie” avoue Emily Harrop
Un 5ème succès pour Axelle Gachet Mollaret sur la plus grande course de ski alpinisme au monde, 8 ans après sa première victoire aux côtés de l’octuple vainqueur, Laetitia Roux. La paire italienne Giulia Murada et Alba de Silvestro s’empare de la seconde place du classement général mais loin derrière les deux étoiles françaises. Célia Perrillat-Pessey et Lorna Bonnel décrochent une belle troisième place au classement général.
Coureur comme spectateur, chacun, ce soir, va reprendre le chemin de sa maison, ici ou ailleurs, après avoir vécu quatre jours d’émotions difficiles à traduire autrement qu’en une envie de revenir, vivre dans ces pentes, ces crêtes parfois effilées, parmi les plus beaux moments qui soient en ski-alpinisme.