Les piliers de la mer de Sylvain Tesson

En anglais «aiguille maritime» se dit sea stack. Plantés dans la mer à quelques encablures des côtes, éparpillés sur tous les continents, ces stacks se comptent par milliers. Les grimpeurs britanniques en ont grimpé quelques dizaines. Sylvain Tesson et Daniel du Lac, une centaine. Paru aux éditions Albin Michel, ce nouvel opus de Sylvain Tesson, Les piliers de la mer, est le récit, captivant, de cette quête d’escalades aussi belles que risquées, de conquêtes aussi obessionnelles qu’inutiles. Au festival Aventure & Découverte de Val d’Isère, Sylvain Tesson nous a raconté pourquoi «le stack est un pieu qui [lui] a percé le coeur».

Le livre est serré. L’espace immense. Les aiguilles plantées sur les bords du monde. Sur les cinq continents, sur les rives océaniques du monde entier. Des stacks, donjons parfois croulants au-dessus des mers, dressent leur silhouette de mondes perdus au-dessus de l’écume. Ce que les marins appellent un amer, ou repère, et les grimpeurs, une tentation du diable.

Le stack, cette pointe du monde, est un lieu « où personne n’est allé, d’où l’on monde s’embellit, qui s’écroulera bientôt et qu’il est difficile d’atteindre, urgent de quitter, inutile de gagner » écrit Sylvain Tesson dans les premières pages de son récit. Tout est dit, et même la joie sauvage, aussi brève qu’immense, qui affleure au fil des pages et des ascensions.

Une quête à la conquête des stacks qui est d’abord une ambition, nous résume-t-il devant un verre de Perrier framboise : « repousser la mélancolie