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L’homme qui vivait haut, la passion du docteur Jaeger

Une biographie de Virginie Troussier

C‘est un point qui disparaît dans les nuages, très haut, à plus de 8000 mètres, sur l’un des plus hauts versants de l’Himalaya. Un solitaire disparaît sur les pentes du Lhotse Shar, à trente-trois ans. Un alpiniste qui a frappé l’imagination de ceux qui l’ont croisé, « un chirurgien du piolet » selon Lucien Bérardini. Il fait partie de ces quelques grimpeurs français visionnaires des années soixante-dix, surdoués de l’alpinisme, en avance sur leur temps et parfois oubliés. Louée soit Virginie Troussier de s’être penchée sur le cas Jaeger dans cette biographie sensible. Une légende, dont la disparition accentue, évidemment, le mystère de cette homme qui vivait pour vivre là-haut.

La légende donc, dit qu’il a emmené trois caisses pour son expédition fatale au Lhotse : une caisse de matériel, évidemment, une de nourriture, et une remplie de Gitanes. Surdoué, le docteur Jaeger a obtenu son diplôme de médecine alors qu’il décrochait le titre de major de promotion des guides à l’ENSA, tout en fumant comme un pompier. Alpiniste presque sur le tard, à 22 ans, Jaeger se rattrape.

À 26 ans, il enchaîne les courses en solitaire. Éperon nord des Droites en solo en 7h30, enchaînement solitaire du Grand Pilier d’Angle et du pilier central du Frêney en dix-sept heures. Et puis très vite, l’altitude. Les Andes, puis l’Everest, première française avec Afanassieff et Mazeaud. En 1979, Jaeger devient son propre cobaye : il reste deux mois à 6 700 mètres d’altitude au Pérou, sous le sommet du