Si le dernier roman de Dai Sijie est une fable – pleine de beauté et de violence – elle traduit l’histoire passée et récente du Tibet. Franco-chinois, petit-fils d’un pasteur emprisonné par les gardes rouges de la révolution culturelle, l’auteur décrit les affres d’un ex-peintre du Potala, le palais de Lhassa, qui finit aux mains des sbires chinois en 1968. Contre la barbarie, son personnage s’arme de souvenirs, son apprentissage conjoint de la peinture et de la spiritualité, de la quête du tulku, le futur Dalaï Lama, et d’une rencontre unique avec une femme, aux confins du Tibet. Un beau roman, poignant, doux comme un khata (écharpe de félicité), rugueux comme le vent qui ponce les hauts plateaux himalayens.
Palais du Potala au Tibet, 1968. A peine majeurs, les Gardes Rouges envoyés par Pékin mettent à sac les temples bouddhistes. Ils lacèrent les peintures sacrées, pissent sur les autels. A leur tête, un fanatique d’autant plus enragé que son père était un « boucher funéraire », de ceux qui dépècent les morts afin de les préparer aux funérailles célestes, une caste méprisée quoique utile aux Tibétains. La révolution culturelle, c’est la main de Pékin qui frappe aveuglément, des gamins à peine sortis de l’adolescence qui frappent à coups de bâton les pèlerins qui se prosternent devant le Potala. Leur chef s’acharne sur un vieillard, Bstan Pa, un ancien peintre officiel, qui, pour ne pas avouer un crime imaginaire du XIVème Dalaï Lama, se réfugie dans ses souvenirs. Et
CET ARTICLE EST RESERVÉ AUX ABONNÉS Connectez-vous ou abonnez-vous pour avoir accès à tous nos articles.