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Jannu Est : une première journée fructueuse pour Benjamin Védrines, Léo Billon et Nicolas Jean

Dans la face nord du Jannu Est, la cordée Billon-Jean-Védrines ©Th. Marot

La région du Kangchenjunga, où se situe le Jannu, à l’extrême est du Népal, a beau être isolée, les moyens modernes de communication permettent de suivre quasiment en temps réel l’expédition de Léo Billon (GMHM), Nicolas Jean et Benjamin Védrines, sur le Jannu Est. Par sa face nord, impressionnante, le trio est parti hier 6 octobre tenter l’ascension de ce sommet vierge de 7468 mètres. [Mise à jour] La cordée annonce avoir fait demi-tour ce 7 octobre.

Il n’y a plus de distance entre eux et le reste du monde, par la grâce des moyens de communication actuels. Benjamin Védrines, Nicolas Jean et Léo Billon sont arrivés au Népal il y a quatre semaines. Ils sont partis dans la face nord du Jannu Est hier, dimanche 6 octobre, à deux heures du matin.

Après moins d’un mois d’une acclimatation perturbée par le passage d’un ouragan au Népal, qui a par ailleurs causé la mort de deux cent personnes – le même qui a détruit leur camp de base, Benjamin Védrines, Léo Billon (du GMHM) et Nicolas Jean ont décidé de saisir le créneau météo annoncé par Yan Giezendanner. En tout état de cause, c’est également l’annonce de l’arrivée des courants Jet, ces puissants vents de haute altitude, annonciateurs de grands froids, qui a précipité le départ du trio dans la face nord du Jannu Est.

Le CB sous la neige. ©Thibaut Marot

Repli au lodge pour Benjamin, Léo et Nicolas. ©Thibaut Marot

Acclimatation à 6000 mètres devant la face nord du Jannu. Le Jannu Est est juste à gauche. ©Thibaut Marot

Préparatifs pour Benjamin, Léo et Nicolas. ©Thibaut Marot

Jannu, un sommet à plusieurs têtes

Rappelons que les Français sont à l’origine de la première ascension du sommet principal du Jannu, 7710 m, en 1962. Ce fut l’oeuvre de René Desmaison, Robert Paragot, Paul Keller et du sherpa Gyalzen Mitchung qui furent les premiers à se tenir à califourchon sur l’étroite lame de neige du sommet. 

Ensuite, il y a eu plusieurs dates importantes. En 1983, Le 29 avril 1983, trois Français enfourchent à nouveau la cime du Jannu, après avoir gravi ses 7710 mètres par le très raide éperon sud-ouest. La réussite de Luc Jourjon, Jean-Noël Roche et Roger Fillon fait écho à celle de l’expédition nationale de 1962, comme nous l’avons raconté ici.
On ne peut oublier également la fantastique ascension de Erik Decamp et Pierre Beghin qui répètent en style alpin la voie japonaise de la face nord du Jannu en 1987.

Plus récemment, un trio américain a réussi une voie directe dans la face nord, sans doute l’une des plus belles ascensions de la décennie en Himalaya. Alan Rousseau, Jakson Marvell et Matt Cornell ont gravi le sommet en style alpin en 6 jours par une nouvelle voie dans la face nord et la sortie de la voie Babanov/Kofanov sur le pilier nord-ouest. 

    Une face de 2400 mètres de haut

    Dans la face nord du Jannu Est le 6 octobre. ©Thibaut Marot

    Top départ 

    Le Jannu Est est un sommet situé à gauche du sommet principal, et culmine à 7468 m. Il n’a jamais été gravi, même si sa face nord a été tenté par des Américains l’année dernière. Cette cordée américaine, Sam Hennessey and Michael Gardner, est de retour cette année, eux aussi voulant tenter à nouveau la face.

    La semaine dernière, l’ouragan qui a ravagé la vallée de Katmandou a atteint les montagnes, obligeant les alpinistes à quitter le camp de base à 5000 mètres pour se réfugier plus bas dans la vallée. Ils sont revenus au camp de base il y a quelques jours et ont pu remonter en altitude pour un temps d’acclimatation supplémentaire, quoique réduit.

     

    Dans la même face. On distingue une autre trace parallèle à celle suivie par le grimpeur. ©Thibaut Marot

    Peu avant de partir, Benjamin Védrines témoigne. « Nous devons nous adapter à cette contrainte de temps et délaisser notre projet initial qui demandait 5 jours minimum d’ascension.  Nous avons choisi un nouvel itinéraire, plus facile techniquement mais tout aussi long et nous serons contraints à aller vite pour monter et descendre, avant l’arrivée des vents violents. Pour cela, nous avons tout minimisé : un seul brin de corde, un nombre de coinceurs revu à la baisse, une optimisation drastique de chaque gramme, afin de nous permettre une évolution rapide.»

    Hier le vidéaste Thibaut Marot qui suit l’expédition a pu envoyer son drone pour filmer quelques images spectaculaires de la cordée en plein dans la face plâtrée de neige. Fait étonnant, on distingue une autre trace sur l’une des images. Celles de la cordée américaine ? Si c’est le cas, cela veut dire que le trio français a suivi leurs traces, mais semble, sur cette image du moins, la quitter. Aura-t-on la surprise de voir deux voies nouvelles ouvertes en même temps sur ce géant himalayen ?

    Nul doute que nous seront fixés bientôt. Le trio a prévu trois jours d’ascension, puis une journée pour descendre. Soit quatre jours au total, ce qui mène à mercredi.

    [Mise à jour du 7 octobre à 20h]

    « Malheureusement, pour des raisons de santé de l’un des membres de l’équipe, ils ont dû faire demi-tour à la mi-journée » explique leur correspondant, après un premier et unique bivouac à 6300 mètres.