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COP26 : À quand la réaction du siècle ?

Ce serait malhonnête de dire qu’on en attendait beaucoup. Tout au plus pouvions-nous trouver du positif au fait qu’elle allait permettre – une nouvelle fois – de vulgariser et médiatiser la ‘crise’ climatique (on ne peut plus parler de ‘changement’), celle-là même qui fait tant de ravages sur la montagne. « Elle », c’est la vingt-sixième session de la Conférence des Parties (COP26), événement international organisé par les Nations Unies pour organiser la lutte contre la crise climatique.

Elle s’est déroulée à Glasgow, citée écossaise bâtie sur le charbonnage, la sidérurgie et la construction navale avant de constituer aujourd’hui un centre financier important. Un condensé d’activités climaticides en somme, mais on ne refait l’histoire. Par contre, on peut espérer – au moins naïvement – que l’action politique soit orientée de telle sorte à favoriser le bien-être des générations actuelles et à venir. Aussi, quand les représentants de 200 états se rassemblent pour discuter de l’avenir de milliards d’êtres humains et, d’une manière plus générale, d’une partie du ‘vivant’, on est en droit d’espérer que les dossiers tels que « fixer de nouveaux objectifs de baisse d’émission de gaz à effet de serre » ou « financer la transition verte des pays pauvres » soient pris à bras le corps. Mais comme il fallait le craindre, cette COP s’est orientée sur le greenwashing (inviter Jeff Bezos, il fallait oser !), le lobbying et l’autosatisfaction.

Dessin de Patrick Chappatte dans Le Temps, Suisse © www.chapatte.com

La première COP remonte à 1979 ; un « Programme de recherche climatologique mondial » avait alors été lancé avant la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en 1988 pour procéder à une évaluation régulière de l’état des connaissances sur les changements climatiques. Dès son premier rapport en 1990, la responsabilité humaine dans le dérèglement climatique était mise en avant. Hier encore, lors d’une visite dominicale au Skimuseet (musée du ski) d’Oslo – où j’ai la chance de ‘chercher’ cette année –, la comparaison de la courbe des températures depuis 800 000 ans avec celles des gaz à effets de serre anthropiques a été suffisamment démonstrative pour que mon fils de 7 ans saisisse les enjeux grâce à ce que nous ont appris les carottes de glace polaires.

Le premier volet (Changements climatiques 2021 : les bases scientifiques) du sixième rapport a été publié en août dernier. Or s’il y a une chose qu’on peut reprocher aux climatologues, c’est d’être souvent trop optimistes : chaque rapport est en effet pire que le précédent. Entre autres mauvaises nouvelles, le rapport indique qu’au rythme actuel, le monde pourrait se diriger vers +4 ou +5°C (pour rappel, ça chauffe deux fois plus vite en montagne !) quand l’accord de Paris de 2015 avaient pour objectif de tenter de limiter ce réchauffement à +1.5°C ! C’est le « tenter » qui pose problème car tous les dirigeants n’y mettent pas la même vigueur. Pourtant, passer de +1.5 à +4.5°C c’est énorme. Imaginez : si votre température corporelle passe de 37 à 38.5°C, vous allez survivre. À 41.5°C, vous mourrez.

le monde pourrait se diriger vers +4 ou +5°C
(pour rappel, ça chauffe deux fois plus vite
en montagne !)

Même la France est très loin d’avoir mis en place ce qui est nécessaire si bien que le tribunal a donné raison aux quatre organisations à l’origine de l’« Affaire du siècle », déclarant l’Etat responsable de manquements à ses propres engagements. Nos dirigeants ignorent en effet le message scientifique le plus clair et le plus important de notre histoire et sont tout simplement en train de décider que nos enfants ne pourront plus vivre dans ce monde. Il n’est pas possible de tout sacrifier pour des impératifs économiques ou pour les activités de riches irresponsables.

Pensant leurs décisions raisonnables et mesurées, ils précipitent en réalité la catastrophe car il n’y a pas de miracle technologique à attendre. De notre côté, nous citoyens, nous devons accepter de donner notre confiance à des gens qui restreindront nos libertés les plus climaticides à travers des lois et qui s’opposeront systématiquement aux lobbies et aux pouvoirs financiers pour que, de manière égoïste, la montagne aille « moins mal » et que (surtout !) le XXIe siècle ne soit pas celui de trop pour le ‘vivant’. Même l’ONU a indiqué que si nous ne changeons pas de cap de façon radicale, « nous allons faire face à une menace existentielle directe ».