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Annapurna : des hommes pour un seul récit

L’histoire de la première ascension de l’Annapurna, en 1950, est irrémédiablement ternie par les soupçons de mensonge, à propos de sa réussite mais aussi le caractère officiel de son récit, celui vécu par des hommes tenus au silence. Eclairage sur ces rapports de force avec Charlie Buffet, spécialiste de l’histoire de l’Annapurna.

Annapurna, une histoire humaine est un livre qui nous rappelle combien sont nombreux ceux qui ont participé à l’histoire de ce premier 8000. Le nom d’Herzog reste pourtant le plus cité. Quel regard peut-on porter sur lui, 70 ans après la première ascension ?

Charlie Buffet : Il faut le contourner pour observer ses deux faces : versant sud, un excellent chef dont le dynamisme et le « messianisme » ont été la clé de la réussite de cette expédition, l’une des rares dans l’histoire de la conquête des 8000 à réussir dans un même mouvement l’exploration et l’ascension d’un 8000. Versant nord : un héros enivré par la gloire, qui assez vite impose le silence à ses compagnons, puis n’hésite pas à manipuler leur récit pour que seule s’impose la version de son best seller, Annapurna premier 8000.

Annapurna, une histoire humaine, Charlie Buffet, Ed. Guérin-Paulsen, 2017. 

Quels étaient les grands rapports de force au sein des membres français de l’expédition ?

Charlie Buffet : On simplifierait en classant en autant d’équipes les trois guides (Lachenal, Rébuffat, Terray), les deux amateurs (Couzy et Schatz) et les « institutionnels » autour du chef (Herzog), le cinéaste (Ichac), le