
Ce n’est pas faire offense au vĂ©lo et Ă ses amateurs que de dire que cette activitĂ© repose l’esprit.Â
De retour d’une grande course en montagne, pendant plusieurs jours en altitude à scruter les risques objectifs, monter sur le VTT et partir sur les chemins de montagne a quelque chose d’apaisant.
Sur les hauteurs de Tignes et Val d’Isère, avec Yannis PelĂ©. ©Ulysse Lefebvre
Sur les sentiers de Vanoise (hors parc bien sĂ»r), nul danger. Les pierres qui tombent sont Ă hauteur de roue, les chutes de sĂ©racs sont de lointains Ă©chos et la chute reste le plus souvent de l’ordre de l’incident, sans consĂ©quences. Il y a peu, j’ai vu un guide de haute montagne sur un VTT. On aurait dit un gamin dont l’unique but Ă©tait de s’amuser. Comme lui, je ne me suis pas fait prier.Â
C’est presque réconfortant de se dire que la montagne peut aussi être source de plaisir immédiat, une noble consommation sans lendemain, instantanée. Shot d’adrénaline pour les uns, instant contemplatif pour d’autres, et pour tous le réconfort d’une descente sur sentier, le fidèle destrier ramenant son pilote à bon port. En descendant, on sifflote souvent du Montand.
Ne plus penser ?
Se laisser aller ?
Alors oui, c’est simple le vélo. On avance juste pour le plaisir de la glisse, qui roule. Ça déroule et ça détend. Et l’équilibre se maintient uniquement dans le mouvement.
C’est que le vĂ©lo associe les avantages des sports portĂ©s – qui permettent de se laisser aller physiquement sur l’engin – avec les atouts des activitĂ©s plus douces comme la marche Ă pied – qui laissent vagabonder l’esprit. C’est un repos de la tĂŞte et des jambes, ce qui est plutĂ´t salutaire par les temps qui courent.Â
Emile Zola, Annales politiques et littéraires, 1896.
Ne plus penser ? Se laisser aller ? Osons. MĂŞme les plus grands esprits ont besoin de repos, alors nous autres, penses-vous ! Un certain Emile Zola dĂ©crit dĂ©jĂ ses « impressions de bicycliste » en 1896 : « J’aime la bicyclette pour l’oubli qu’elle donne. J’ai beau marcher, je pense. A bicyclette je vais dans le vent, je ne pense plus, et rien n’est d’un aussi dĂ©licieux repos. »
C’est l’étĂ©, alors avec Fernand, Firmin ou Paulette, reposez-vous, allez dans le vent ! C’est la joie du temps Ă perdre, c’est la jeunesse qui vous Ă©treint qui que vous soyez, c’est « la griserie dĂ©licieuse » ! Faites fuir les horizons comme dit Emile ! En clair : roulez !Â