Si vous pensez gravir le mont Blanc cet été, il est possible que vous ayez choisi de prendre un guide de haute montagne, et quoi de plus naturel que de s’adresser à la Compagnie des guides de Chamonix, deux cents un an au compteur, en tapant la requête sur votre navigateur. Quelle n’est pas votre surprise de constater que le mont Blanc, c’est complet… jusqu’en septembre ! En effet, quel que soit le stage choisi, quatre ou cinq jours, toutes les dates affichent « complet » : les dix-neufs stages « duo » affichent complet jusqu’au 11 septembre, et les onze stages « premium » jusqu’au 5 septembre.
Tous les stages mont Blanc sont complets jusqu’en… septembre
Le problème ne se limite d’ailleurs pas au mont Blanc, les stages été mont Rose sont aux trois quarts remplis, et nous sommes le 30 janvier. L’offre de guides est-elle à ce point insuffisante ? L’année dernière, ce fut, déjà, la ruée vers le mont Blanc, et chez les guides, la pénurie. Au sein de la vénérable Compagnie des guides de Chamonix, certains ont imaginé un autre système dans lequel les guides « devraient » un certain nombre de jours à la compagnie, ce qui semblerait logique pour l’organisation du travail dans une structure dont la voûte abrite les membres. Mais ce changement n’est pas à l’ordre du jour. Il faut croire que l’esprit d’indépendance se marie parfois avec le conservatisme.
Le mont Blanc ©JC
Manque-t-on à ce point de guides ? Pourquoi en arrive-t-on à cette situation ? Primo, les guides travaillent de plus en plus avec leur clientèle personnelle, une relation directe facilitée par internet, et on les comprend. Secundo, les dangers liés au réchauffement, la fréquentation, sans parler des interdictions qui peuvent tomber comme l’année dernière dès fin juillet, amputant la saison, font que le mont Blanc, pour les guides, n’est plus la panacée. Sans parler du fait que Chamonix est plus que jamais sous pression touristique, comme en témoigne son trafic permanent de bagnoles (et ses bus archi-bondés cet hiver), et …son classement à la 9e place des communes les plus prisées sur AirBnb.
Imaginons un instant qu’un soudain afflux de professionnels frais émoulus de l’ENSA permettent de garnir plus de stages mont Blanc. Même sans les problématiques liées à la sécheresse évoquées ci-dessus, la capacité des refuges du mont Blanc n’est pas extensible. le système bancal de réservation a au moins le mérite de limiter leur surfréquentation. Nul n’imaginerait un retour au bazar des années 2000 et antérieures, avec prétendants au sommet s’entassant sur et sous les tables du vieux refuge du Goûter.
Cliquer pour acheter un stage mont Blanc comme pour acheter un billet d’avion, c’est (un peu) con
La vente en ligne n’est sans doute pas adaptée à l’activité. Cliquer pour acheter un stage mont Blanc comme pour acheter une place de concert ou un billet d’avion, c’est (un peu) con. L’alpinisme, les professionnels comme les amateurs, méritent mieux. Le mont Blanc est sans doute un bel objectif, mais avant tout un grand sommet qui se mérite au fil d’un apprentissage de plusieurs saisons. Et puis la bonne nouvelle, avec un mont Blanc complet dès le mois de janvier, c’est que vous ferez un autre sommet, cette année. Si vous appelez la compagnie, ils vous donneront des idées !