Combiner escalade et parapente n’est pas nouveau, mais les possibilités offertes par le cross, l’itinérance sur plusieurs jours, permet d’imaginer un futur délesté d’une partie des approches et des descentes. Démonstration par cette traversée du Vercors sud réalisée fin septembre par Antonin Cecchini et Laurent Thévenot.
Les 24 25 et 26 septembre nous avons profité du bel anticyclone de ce début d’automne pour partir en itinérance dans le Vercors, l’idée étant de combiner cross en parapente, bivouac et escalade en grande voie.Nous sommes habitués à combiner escalade en grande voie et descente en parapente, comme par exemple au Rocher du Midi en Chartreuse ou encore aux tours d’Areu en Haute Savoie. Cette fois ci, nous voulions faire les approches et les liaisons des grandes voies en cross. Mardi 24 septembre, nous garons la voiture au dessus de Saint Paul de Varces vers 11h. Le ciel est très voilé et les conditions pour voler ne sont pas très bonnes. Le trip commence à pieds donc avec 800 mètres de dénivelé pour rejoindre le Pic Saint Michel, le tout bien chargé. Le temps de monter et il est 13h, le ciel s’est enfin dégagé mais comme annoncé par les prévisions météo le vent d’ouest et assez marqué. On rediscute donc le plan du jour : décoller et avancer vers le Sud, le plus possible. Mais Le vent en a décidé autrement, nous avons du mal à avancer et décidons de poser au sommet des Deux Sœurs pour assurer le coup. Maigre distance parcourue, une dizaine de kilomètres tout au plus mais nous trouvons un super spot de bivouac et nous savons que le secteur regorge de voies d’escalade.
Bivouac aux Deux Soeurs © Antoine Cecchini / Laurent Thévenot.
Vole et grimpe
Le lendemain, levé à l’aube pour aller grimper. L’idée est de grimper à la fraîche le matin, en attendant que le soleil chauffe les faces et que les conditions pour voler soient favorables. Le timing est serré, la période pour voler est courte en cette fin septembre. Nous réalisons une voie de 6 longueurs aux Sultanes, “De l’esprit chez les abrutis” (ED-, 7a max). Plus efficace sur les longueurs en grimpe que les transitions en parapente, 2h15 plus tard nous sommes au sommet. Retour au spot de bivouac et après avoir plier le camp nous décidions de faire comme la veille : décoller et aller vers le sud. Nous savons que les conditions de vol sont bien meilleures, nous visons la Montagne de Glandasse. Nous n’avons jamais volé dans le Vercors et prenons beaucoup de plaisir à découvrir le massif par la voie des airs.
Nou prenons beaucoup de plaisir à découvrir le massif du Vercors par la voie des airs.
Nous longeons la même crête que la veille jusqu’a hauteur du Mont Aiguille puis traversons un long plateau pour arriver sur l’objectif. Une petite visite des secteurs par les airs nous permet d’apprécier la beauté du caillou et le fameux monolithe du Pestel. Nous posons vers 16h bien contents de notre vol. Apparaît alors la problématique de l’eau. Nous sommes presque à sec, comme la quasi totalité des sources dans le massif et sur le plateau. La sécheresse est très marquée suite à un été chaud et quasi sans précipitation. Nous laissons les affaires à notre deuxième bivouac et après une bonne heure de marche nous trouvons une source à proximité du GR. Une deuxième heure de marche plus tard, retour au bivouac et préparation du plan pour le lendemain sous un magnifique couché de soleil, et des gourdes enfin remplies.
FLe long de la barrière Est du Vercors.. ©Antoine Ccecchini
Grimpe aux Sultanes.
Les Sultanes
Les pierriers sans peine !
Le Pestel vu du ciel.
Glandasse Express
Les grandes voies du secteur sont relativement longues et nous devons rentrer sur Grenoble le soir même. Pas le temps de faire 350 mètres d’escalade. Nous trouvons une option intéressante, en réalisant la fin de “No pasaran” au Roc de Peyrolle, 5 longueurs en 7a maximum. Après une approche aventureuse par un système de vire, nous rejoignons la fin de cette grande voie et grimpons les 5 longueurs en 2h30. Nous sommes fatigués et prenons conscience que combiner grande voie, vol et bivouac constitue une activité intense aussi bien nerveusement pour nous jeunes pilotes, que physiquement avec l’escalade et la marche. Nous rejoignons nos affaires laissées plus loin sur le plateau et décollons vers 14h avec pour objectif de rentrer à la voiture. Les conditions sont correctes, nous cheminons en suivant les crêtes situées à l’ouest du massif. Nous sommes seule en l’air, une visite du Vercors par son côté ouest aujourd’hui, quelle chance d’être là et de partager ça. Mais Notre décollage tardif associé à notre manque d’expérience en vol font que nous n’arriverons pas à boucler notre vol pour Grenoble. Nous posons à hauteur de Saint Marcelin dans la vallée entre Grenoble et Valence.
Nous prenons conscience que combiner grande voie, vol et bivouac constitue une activité intense aussi bien nerveusement, que physiquement.
Le bivouac quatre étoiles à Glandasse. ©Laurent Thévenot.
Ces trois jours furent très riches pour une première expérience de ce type. Nous pouvons optimiser beaucoup de choses que ce soit sur la préparation de l’itinéraire, le matériel ou encore les phases de vol. Ce qui est certain c’est que ce petit trip a fait mûrir pleins d’idées pour le printemps prochain. Affaire à suivre !
Texte et Photos : Laurent Thévenot et Antonin Cecchini.
Du matos sous la sellette
Matériel de Vol :
Parapente de Laurent : Leaf Light – Supair
Parapente d’Antonin : Diamir 2 – Nervures
Sellettes : Strike – Supair
Matériel d’escalade :
-Casque Scirocco, Dégaines Petzl Anges S, Baudriers Sama, Reverso, Sangles, Mousquetons à vis, chaussons et magnésie;
-Corde à Simple 60m;
-Brin de hissage pour les rappels rad Line Petzl 60m.
Matériel de Bivouac :
-Tente, matelas, duvets, réchaud, nourriture pour 3 jours, 7 litres d’eau au départ, deux bières !
Matériel complémentaire :
-Batteries externes, radios, trousse de secours, bâtons, appareil photo, vêtements…
Soit une vingtaine de kilos chacun au départ de la voiture.
Merci à Adidas Terrex, Nervures, Cilao, Petzl, Altitude eyewear et Looking For Wild pour leur soutien.
Petit rappel
Le survol de la réserve des hauts Plateaux du Vercors est interdit à moins de 300m sol et vous devez respecter la réserve en marchant pour trouver un atterro/décollage, ce que nous avons fait. Sinon poser sous le plateau, au pied des voies c’est autorisé mais engagé !