Freerando en Isère : grand ski aux 2 Alpes versant Saint-Christophe-en-Oisans

C‘ est un vallon fort long dans un massif qui n’en manque point. La vallée qui remonte au nord de Saint-Christophe et s’immisce plein Est sur près de dix kilomètres jusqu’aux pentes du Râteau (3809 mètres) possède deux noms. Les glaciairistes l’appellent vallon du Diable, comme le torrent du même nom qui s’écoule ici. Les géographes, et les skieurs, l’appellent le vallon de la Selle. En l’occurence, il s’agit du nom du grand glacier qui ferme le cirque au pied du Râteau.

Pour goûter à ce que l’Isère propose d’exceptionnel en matière de ski sauvage, tout commence dans l’ambiance tranquille des Deux Alpes. Une série de remontées en téléphérique, celui du Jandri, conduit au col du même nom à 3158 mètres. De là, deux options : perches ou funiculaire, ambiance métro le sourire en plus. Et la chaleur en moins : vous êtes à 3417 mètres. Le panorama ? Tout simplement unique sur les montagnes de l’Oisans, et le Parc national des Écrins. Le glacier semble débonnaire, mais ce n’est pas par là que vous allez skier…

Au nord, se trouve le massif des Grandes Rousses, bordé par l’Alpe d’Huez à gauche. Au sud les montagnes des Écrins semblent s’étendre à l’infini en vagues successives. Le panorama s’étend en effet du Rochail, le « 3000 » le plus occidental du Parc, à la Barre des Écrins, point culminant du massif, au sud-est. Au centre défilent les sommets impressionnants qui dominent le vallon de la Selle : le Plaret, les Aiguilles du Soreiller, les pointes de Burlan, et la plus impressionnante de tous, l’Aiguille du Plat de la Selle et sa face nord, l’une des plus hautes des Alpes avec près de 1600 mètres de haut !

Entre cette barrière de haute montagne et vous, le vallon de la Selle. Il va donc falloir plonger dans cet à-pic de mille trois cent mètres de dénivelé pour rejoindre le fond du vallon, puis le village de St-Christophe, invisible, d’où une navette vous ramènera à Venosc, reliée en télécabine aux Deux-Alpes. Un grand tour horaire qui passe par l’un des grands couloirs du massif. Prenez la carte, et suivez le guide.

C’est en effet le genre de descente qu’il faut connaître pour s’y lancer : les guides de la compagnie Oisans-Écrins et ceux du bureau des 2 Alpes sont là pour ça. Du Dôme de Puy Salié, au sommet des 2 Alpes, on peut encore prendre le téléski de la Lauze pour monter au Dôme de la Lauze, à 3559 mètres, en peaux de phoque. Cela permet de rejoindre l’entrée de l’itinéraire le plus classique du vallon de la Selle : une pente qui toutefois atteint les 40° au départ, et n’est pas sans astuces d’itinéraire. Deux départs sont possibles, soit le plus à l’est sous le col de la Lauze, soit juste sous le Dôme, avec une pente Est qui prend plus le soleil.

Aujourd’hui nous flânons sur le glacier. Ce n’est pas l’itinéraire classique que nous visons, mais le couloir de la Rama. Cet itinéraire se situe plus près du sommet des pistes, au sud du téléski de la Lauze. Un itinéraire de grande classe, qui débute par une grande pente assez raisonnable, entre 35° et 40° et surtout assez large, avant de plonger plus de mille deux cent mètres plus bas, via un couloir raide, jusqu’au torrent du Diable. La Rama est tout simplement l’un des plus beaux couloirs à ski de l’Oisans. Mais sa facilité d’accès ne doit pas faire oublier son engagement. Une fois dedans, il faut aller en bas, et rejoindre Saint-Christophe. Quoi qu’il arrive.

Oisans sauvage

Soudain la montagne nous laisse passer, les spatules tournent toutes seules dans les douces moraines du vallon de la Selle. Un coup d’oeil vers ce grand versant, imposant et sauvage : il semble à peine croyable que nous étions au départ des 2 Alpes quelques heures plus tôt. Une heure de marche plus tard, attablés devant une bière à la Cordée, à St-Christophe, les images défilent. On oublie la neige compliquée de la Rama et on rêve d’y reposer, un jour, les skis… ou dans l’un des rares mais exceptionnels couloirs de ce vallon de la Selle.

Une seule descente aujourd’hui : nous aurions pu en faire cinq, dix fois plus en rayant le domaine des 2 Alpes, en incluant quelques beaux hors-pistes : de grands itinéraires comme l’arête à Jacotte, des couennes comme Rachas, et, quand la neige est basse, des hors-pistes comme Pied Mouttet. Mais aucun n’a ce goût de sauvagerie qu’ont les couloirs du vallon de la Selle. L’Oisans, décidément, reste un endroit unique.