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Foncez ! (au pire on meurt)

Ce matin, un livre a chamboulé mon programme. Attaqué dans le train pour Grenoble, l’air de rien, il ne m’a plus lâché. La centaine de pages s’engloutit cul-sec. Et tant pis pour les relectures d’articles, les publications matinales et autres emails urgents à traiter. Il fallait terminer ce livre au titre évocateur : « Au pire on meurt ! ». 

©UL

Ce court essai biographique, est un trait de coke en plein sermon à la messe, une claque dans la gueule de la mollesse ambiante, un doigt d’honneur au défaitisme. Pourtant, point de phrases inspirationnelles ou autres laïus bienveillants tirés de la novlangue. Arthur Lachat dégaine dans la vie comme à l’écrit : sans filtre. Mais jamais il ne juge le jeune adulte plein de fougue qu’il était (et est peut-être encore). Rien n’était bien ou mal, c’était comme ça. Les rêves qui vous tiennent, les déceptions qui vous ramènent, les excès dont on se délecte, les disparitions qui vous transpercent. Le livre alterne scènes de liesse festive et épisodes de drame total, dont les détails ne laissent pas indemnes, lecteur compris. Accrochez-vous.

Arthur dégaine dans la vie
comme à l’écrit : sans filtre

Cette histoire est celle d’un bon alpiniste qui n’a pas été épargné par la montagne, qui a mis de côté ses rêves de guide pour prendre du recul, sans pour autant délaisser les sommets. Mais c’est aussi celle de tous ceux qui atteignent une sorte de crépuscule de l’âge d’or, la fin de quelque chose : jeunesse effrénée, période de certitudes renversées, drame ou tout autre remise en question. Pour débuter autre chose. Arthur croit malgré tout à l’aube de jours meilleurs. Il le vit et le raconte avec la rage d’un rescapé. Et comme il n’a rien à vendre, pas de personnage à incarner, pas de posture à assumer, ça transpire l’authenticité. Le gars entier. Ses mots jaillissent et exhalent un parfum d’urgence. Ne traînons pas pour vivre hurle t-il.

Stroboscopique

Stroboscopique, cette biographie est à l’image de ces flashs qui nous surprennent parfois au quotidien, nous replongent dans le passé, par des retours en arrière douloureux et d’autre scènes obsédantes. Mais avec lesquelles il faut conjuguer. Parce qu’on n’a pas le choix d’abord. Parce qu’elles sont une force surtout.

L’histoire d’Arthur rappelle l’adage selon lequel l’amour rend poète, tandis que la mort rend philosophe. C’est donc un livre d’amour et de philosophie, sous acide, que l’on ne peut que vous conseiller.
Car si au pire on meurt, c’est qu’au mieux on vit. Les portes ouvertes sont parfois bonnes à défoncer. Bonne semaine les vivants. 

Au pire on meurt !, Arthur Lachat, La fontaine de Siloë, 102p., 14,90€.