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Escalade : Louna Ladevant coche Wögu au Rätikon

Louna Ladevant ©Damien Largeron

Encordé avec son frère Tristan, Louna Ladevant a réussi l’enchaînement à la journée, en tête, de Wogü, au Rätikon. C’est l’une des grandes voies parmi les plus soutenues de ce coin des Alpes suisses qui n’en manque pas. Retour sur cette grande journée d’escalade dans cette paroi mythique des Grisons.

L’empilement des longueurs donne le tournis, ou le vertige, à tous ceux qui aiment l’escalade : Wogü totalise pas moins de 7 longueurs de 7c+ à 8c, dans le huitième degré donc, sur dix longueurs. La voie est sur la paroi mythique du Rätikon, fleuron du haut niveau suisse avec d’autres bijoux très difficiles comme Silbergeier ou Der Kaiser Neue Kleider. Ouverte par B. Kammerlander en 1997, il faut attendre 2008 et Adram Ondra pour le premier enchaînement en libre. Wogü n’a pas vu beaucoup de répétiteurs, vu son style ultra exigeant, en dalles.

Ainsi, après Adam Ondra, Edu Marin, Roland Hemetzberger, et dernièrement Cédric Lachat (en 2020, à l’occasion de son tour filmé Swissway to Heaven) sont les seuls à être venus à bout de Wogü… jusqu’à Louna Ladevant ce 12 octobre. Sa réussite n’est pas le fruit du hasard, mais d’un travail et d’une motivation sans faille. Après une première session de plusieurs jours de déchiffrage, aussi dure pour la peau des doigts que pour le mental, certains passages étant très exposés, Louna et Tristan, croisés à Grenoble, confiaient vouloir finir le chantier et remettre le couvert. C’est chose faite.

Louna Ladevant dans Wogü ©Damien Largeron

Louna Ladevant dans Wogü ©Damien Largeron

Tristan Louna Ladevant au relais dans Wogü ©Damien Largeron

Après 2 à 3 longueurs d’approche (6c, 6c+ et liaison) la voie ne donne plus aucun répit : il s’ensuit sept longueurs dans ce style très difficile : L4 en 8c de 45 m, L5 7c+, L6 8b+, L7 8b, L8 8b+, L9 8a+ et L10 7c+.

« Pour pouvoir m’aider au mieux, Tristan a dû faire et apprendre chaque mouvement difficile de la voie, c’était une vraie performance de cordée », raconte Louna. D’autant plus que rien ne s’est passé comme prévu. « J’ai chuté plusieurs fois à la troisième longueur, celle du 8c. J’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie plus tôt que prévu », explique Louna, qui a gardé la motivation jusqu’à la dernière longueur difficile qu’il finit par passer…à la frontale au début de la nuit ! C’est finalement à quasiment 22h que Louna viendra à bout de Wogü. Avec toujours cette tension, eu égard à l’espacement des spits, l’impossibilité de compléter l’équipement en place dans ces immenses dalles, et le broutage des doigts qui va de pair avec ce style. Louna Ladevant ajoute donc une très belle coche à son carnet de croix. L’enchaînement à la journée est sans doute la plus belle façon de le faire.