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L’alpiniste, simple mortel

©Creation Alpine Mag IA

Le sujet doit s’aborder avec un maximum d’honnêté intellectuelle et d’objectivité. Pour notre chroniqueur, Gilles Rotillon, l’alpinisme est un rapport à la mort. L’alpinisme a un lien avec celle-ci puisqu’elle peut survenir, les deux sont donc liés. Quand les alpinistes en ont conscience – lors du choix d’y aller, du mal des rimayes – le comprennent-ils et gèrent-ils ce rapport en toute lucidité  in situ et innocence a posteriori ? Au-delà de sa démonstration, Gilles Rotillon (re)pose ici la question de l’essence de l’alpinisme.

Si l’alpinisme est une pratique populaire, au moins si l’on regarde la fréquentation du massif du Mont-Blanc par exemple, cela dépend de quel alpinisme nous parlons. Dès 1985, la Fédération Sportive et Gymnique du Travail [FSGT, où G. Rotillon a développé l’escalade en club] n’avait plus l’objectif de développer l’alpinisme populaire. Nous avions attribué notre échec à des causes sociologiques, en nous appuyant sur les travaux de Bourdieu et en faisant le constat que les pratiquants étaient principalement des personnes à fort « capital culturel ». Dit moins techniquement, des personnes qui avaient fait plus d’études que la moyenne, ou d’un statut social par le niveau d’études plus que par le revenu.

Pour ma part, j’y ai ajouté la thèse de l’essence de l’alpinisme comme rapport à la mort, thèse que j’ai commencé à élaborer en 1989 lors du colloque sur l’escalade tenu à l’ENSA et qui a été la première manifestation importante consacrée à l’analyse de l’émergence d’une pratique de l’escalade autre qu’une simple