Le 9 juillet dernier, aprĆØs son record mer-mont-Blanc, un athlĆØte italien est redescendu en hĆ©licoptĆØre du sommet. Nous avons dĆ©noncĆ© cette attitude peu compatible avec le respect de la montagne et des autres alpinistes dans cet Ć©dito. Dans une lettre ouverte publiĆ©e depuis, Mountain Wilderness, Ćric Fournier maire de Chamonix et J-M. Peillex maire de Saint-Gervais condamnent Ć leur tour ce procĆ©dĆ©, et se rĆ©servent le droit d’engager des poursuites contre cette reprise effectuĆ©e problablement sur le sol franƧais – et un site classĆ©.
C‘Ć©tait trop gros pour ĆŖtre passĆ© sous silence, c’est pourquoi nous avons Ć©voquĆ© cette affaire dĆØs lundi 10 juillet. La veille, l’athlĆØte italien Marcello Ugazio a accompli le dĆ©fi suivant : parti de la plage de GĆŖnes, il a parcouru 320 km Ć vĆ©lo puis, Ć pied depuis le lac Combal, il a gravi le mont Blanc par la voie normale en 14h42. ProblĆØme, il n’est pas descendu Ć pied, mais avec l’hĆ©licoptĆØre d’un sponsor, alors que selon un tĆ©moin guide prĆ©sent au sommet ce matin-lĆ , « la sĆ©curitĆ© [de Ugazio] n’Ć©tait pas engagĆ©e.
Comme le rappelle Mountain Wilderness dans cette lettre ouverte publiĆ©e depuis, ce vol de reprise, et de confort, n’est pas autorisĆ© en France, or la photo que nous avons publiĆ© – et ci-dessous – montre que l’hĆ©licoptĆØre s’est probablement posĆ© en France, sous le sommet versant col de la Brenva semble-t-il. Mountain Wilderness rappelle deux points essentiels, qui font de cette rĆ©cup’ hĆ©lico une infraction.
Lāarticle L363-1 du code de environnement stipule que Ā« dans les zones de montagne, le dĆ©barquement et l’embarquement de passagers par aĆ©ronef motorisĆ© Ć des fins de loisirs sont interdits, sauf sur un aĆ©rodrome au sens de l’article L. 6300-1 du code des transports Ā»
Ensuite, lāarrĆŖtĆ© de protection des habitats naturels (APHN) imaginĆ© par M. Peillex et signĆ© par les maires des deux communes, et l’Ćtat, arrĆŖtĆ© en vigueur considĆØre entre autres Ā« quāil est impĆ©ratif de redonner Ć lāascension du Mont-Blanc sa vĆ©ritable valeur alpine, par la prise de conscience de lāĆ©preuve physique et morale que cela reprĆ©sente, des risques que cela implique et du respect du lieu, magique et grandiose, que cela suppose Ā» et Ā« quāil convient de tout mettre en Åuvre pour assurer tant sa prĆ©servation environnementale, que le respect de lāesprit des lieux et des conditions dāascension sĆ©curisantes pour les prĆ©tendants au sommet Ā», ce qui a conduit Ć un renforcement de la rĆ©glementation en matiĆØre de survol du mont Blanc par la crĆ©ation dāune zone rĆ©glementĆ©e interdisant le survol du sommet (sauf exceptions : ravitaillement de refuges, aĆ©ronefs d’Ćtat ou aĆ©ronefs en opĆ©ration d’assistance, de sauvetage ou de sĆ©curitĆ© publique, lorsque leur mission ne permet pas le contournement de la zone, travaux aĆ©riens).
Les signataires se rĆ©servent le droit dāengager des poursuites contre les contrevenants ; d’ailleurs, le maire de Saint-Gervais a d’ores et dĆ©jĆ dĆ©cidĆ© de porter l’affaire devant les tribunaux
De ce fait, les signataires, M. Peillex, M. Fournier, maires de Saint-Gervais et de Chamonix, les associations Mountain Wilderness et Pro Mont Blanc condamnent fermement ce procĆ©dĆ©, et en appellent aux autoritĆ©s pour quāune vĆ©ritable politique de limitations des survols soit mise en Åuvre sur lāensemble du massif du Mont-Blanc, en France sur lāintĆ©gralitĆ© du site classĆ© et non pas seulement autour du sommet, mais Ć©galement de maniĆØre coordonnĆ©e en Suisse et en Italie.
Les signataires annoncent saisir le PrĆ©fet de la Haute-Savoie et se rĆ©servent le droit dāengager des poursuites contre les contrevenants ; d’ailleurs, le maire de Saint-Gervais a d’ores et dĆ©jĆ dĆ©cidĆ© de porter l’affaire devant les tribunaux. Semble-t-il pour une bonne raison, cette fois.