Everest sans oxygène, alpinisme et dépression : « J’ai voulu vivre follement pour échapper à la folie ». Cory Richards se livre dans Les brûlures de glace

©Cory Richards / éd. Paulsen / J. Chavy

Il a gravi l’Everest sans oxygène, et réalisé la première hivernale du Gasherbrum II. Photographe célèbre, himalayiste doué, Cory Richards est un survivant à plus d’un titre. Son autobiographie Les brûlures de glace qui sort aux éditions Paulsen raconte la plongée intime d’un alpiniste dans les abîmes de la dépression, qui le lamine depuis son adolescence. Fascinant, sidérant même, son livre est la confession brute d’une vie sur le fil, des plus hautes cimes aux abysses de l’addiction. Mais aussi ce que cache, parfois, la photo d’un « héros » et une carrière tournée vers l’extrême : une vie en détresse.

Au départ le tableau semble idyllique. Enfance dans les Rocheuses, père et mère aimants qui emmène Cory et son frère camper chaque weekend. Apprendre à pêcher, à grimper, à skier l’hiver. C’est une belle façade, derrière laquelle Cory sert de souffre douleur à son frère qui le tabasse régulièrement. Lui se refugie dans le skate et ses premières addictions. Adolescent fugueur, Cory finit à la rue, plusieurs fois, encore mineur. Diagnostiqué « bipolaire », enfermé dans un établissement typique de « l’industrie des adolescents en difficulté », il fugue encore.

Au bout de cent pages les lecteurs pourraient se demander « s’ils ont choisi la mauvaise autobiographie ». Mais c’est bien la sienne, celle d’un chapardeur, qui « ne sait pas où mettre ses émotions ». Ses parents changent les serrures. Lui erre de petits boulots en rechutes jusqu’à redécouvrir la passion de l’escalade, petit à petit. Découvre