Lara Neumeier réussit Silbergeier, la voie de référence du Rätikon

Lara Neumeier, Silbergeier ©Ray Demski

En Suisse, le Rätikon est réputé pour être l’un des sites les plus exigeants en matière d’escalade calcaire. Silbergeier est l’un de ses joyaux : six longueurs jusqu’au 8b+ dans un style dalleux, que n’a pas rebuté Lara Neumeier. La jeune grimpeuse allemande s’invite dans le cercle restreint des grimpeurs qui ont coché le mythe.

Improbable, cette photo de Lara Neumeier, prise par Ray Demski, comme l’est ce repos face au vide en plein milieu de la paroi du Rätikon. Improbable comme ce mouvement, très rare en escalade – on pense à Thanks God Ledge au Half Dome, où le grimpeur se retrouve face au gaz. En l’occurence ce repos a sûrement été salvateur pour Laura Neumeier, aux prises avec Silbergeier, une voie de référence de six longueurs. Localisé au Kirchlispitze du Rätikon, Silbergeier est l’oeuvre de Beat Kammerlander, l’un des plus grands grimpeurs des années 80 et 90, où les spits sont volontairement éloignés, malgré les cotations : 8b, 7c+, 8a+, 7a+, 8b+, et 7c+/8a !

Lara Neumeier dans Silbergeier. ©Ray Demski

Lara Neumeier dans Silbergeier. ©Ray Demski

Lara Neumeier raconte. « J’ai essayé Silbergeier pour la première fois au début du mois de mai. Pendant trois jours et demi, je me suis lentement frayé un chemin à travers la voie.  Je me suis habituée au style technique et en dalles, un style douloureux pour la peau des doigts. J’ai réussi à enchaîner les quatre premières longueurs mais je n’ai pas réussi le crux et j’ai à peine regardé la dernière longueur. Puis j’ai eu trois semaines de mauvais temps. J’en ai profité pour me reposer. Lorsque j’y suis finalement retournée, je me suis dit : peut-être est-ce possible.

Mais la veille, rien n’allait. Je venais d’avoir mes règles, de recevoir une facture pour la réparation de ma voiture et de recevoir un appel d’amis qui venaient de casser une prise clé dans la longueur du crux. Puis, quelques kilomètres avant le parking, ma voiture est à nouveau tombée en panne. Honnêtement, je n’étais pas sûre d’arriver jusqu’à la paroi ! »

Lara Neumeier dans Silbergeier. ©Ray Demski

certains jours vous rappellent qu’il ne faut pas attendre les conditions parfaites

 

« La journée a commencé lentement. Je me sentais fatiguée, pas tout à fait à la hauteur. La première longueur m’a semblé difficile mais j’y suis parvenue. Et puis, quelque chose a changé. J’ai commencé à grimper avec concentration et précision. Quand j’ai atteint la longueur clé, j’ai retravaillé la séquence – et même si une prise cruciale s’est cassée la veille, ma bêta a quand même fonctionné. J’ai attendu que la voie passe à l’ombre. J’ai respiré profondément. Et ça a marché ! 

Il me restait une dernière longueur. Des mouvements délicats. J’ai pris le temps de comprendre, j’ai donné tout ce que j’avais – et j’ai réussi. Quelle voie ! Certains jours vous rappellent qu’il ne s’agit pas de conditions parfaites ou d’un timing parfait – il s’agit de se motiver de toute façon, et de donner tout ce que vous avez. »

Lara Neumeier devient la deuxième femme après Nina Caprez à réussir cette voie. Lara se lance par ailleurs dans l’ alpine trilogy, la trilogie alpine des voies dures dans les Alpes centrales. Prochaine étape : End of Silence, à Berchtesgaden, en Allemagne.