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Solo de Tomas Franchini au Lamo-She (6 070 m, Chine)

Tout juste de retour à Madonna di Campiglio après un long voyage, Tomas Franchini raconte à La Sportiva sa dernière expédition en Chine, qui a débutée avec son compatriote Pietro Picco, originaire de la Vallée d’Aoste, et s’est terminée en solitaire. Cette aventure associant alpinisme et exploration est à mille lieues des récents embouteillages, observés à plus de 8 000 m d’altitude qui font les gros titres de la presse. Deux jeunes alpinistes, une tente, une vallée inexplorée… Récit.

Je réalise chaque fois davantage que j’éprouve un véritable bonheur à partir à l’aventure dans des lieux nouveaux et inexplorés. Toutes ces expériences me font énormément grandir. Je les dois à l’escalade… C’est elle qui me fait aller loin et éprouver des émotions fortes ! Il faut dire que cette fois, l’expérience et l’aventure ont été encore plus intenses et exténuantes que d’habitude.

Je me suis retrouvé tout seul,
au beau milieu de nulle part, dans un endroit isolé et totalement vierge
pendant quasiment un mois !

La principale difficulté vient du fait que nous nous trouvions dans un endroit non fréquenté par les alpinistes mais seulement par une petite tribu de cueilleurs de plantes sauvages, comptant 5-6 personnes au maximum (d’ailleurs, je serais vraiment curieux de savoir ce qu’ils faisaient là !). En plus, cette face était totalement inconnue et il n’existait aucune information la concernant. Pour compliquer encore les choses, la mousson rendait la météo complètement hors de contrôle. C’est d’ailleurs ce qui a poussé mon compagnon de route, Pietro, avec qui j’avais noué des liens très forts, à abandonner. Je me suis donc retrouvé tout seul, au beau milieu de nulle part, dans un endroit isolé et totalement vierge pendant quasiment un mois !

©LaSportiva

La difficulté et l’imprévu étaient les maitre-mots. J’ai beaucoup attendu, mais je ne me suis pas découragé. Quand j’ai vu que j’avais une petite fenêtre de quelques heures, j’ai compris que c’était le moment ou jamais. Il n’y avait pas d’autre solution possible. J’ai tout laissé dans la vallée et, en quelques heures, j’ai trouvé une voie au beau milieu de la face Est. Arrivé au sommet, je me suis rendu compte que je n’avais aucun autre choix que de désescalader la paroi pour effectuer la descente !

Dans la face. ©LaSportiva

Mon équipement ? Absolument rien cette fois, malheureusement ! C’est une longue histoire et je ne vais pas m’étendre. Mais avec un trajet entre la tente et la première pause (digne de ce nom) de 21 heures, sans compter le retour, j’ai effectué l’ascension et la descente sur la paroi vierge de ce haut sommet himalayen culminant à 6 070 m, en solo intégral. Je suis heureux et vraiment fier de ce que j’ai accompli !
Quand je pense qu’à partir du moment où Pietro a décidé de renoncer, je ne visais plus le sommet mais comptais seulement explorer la zone pour pouvoir y retourner plus tard…

©LaSportiva

Par la suite, j’ai effectué deux autres ascensions sympas jusqu’aux cimes vierges du bassin formé par les deux grandes crêtes du Lamo-She. Je suis monté par la crête Est jusqu’à une aiguille de 5 000 mètres d’altitude, détachée de la grande paroi du Lamo-She, que j’ai baptisée « Picco’s Pietro », pour remercier à ma manière mon compagnon de grimpe. Ensuite, j’ai gravi la petite paroi Nord jusqu’à la première antécime de la grande crête orographique, à gauche, pour rejoindre le sommet, à 4 200 m d’altitude. Je l’ai nommé « Jiyue Shan », du nom de l’ami chinois qui nous a aidés à organiser notre expédition.

Je remercie sincèrement Pietro car, sans lui, je n’aurais jamais réussi. Au cours de la première partie du voyage, nous avons dû découvrir le site, installer le camp de base et acheminer les vivres et le matériel, ce qui, dans un projet en totale autonomie, n’est pas rien. De plus, en l’absence de cuisinier, nous avons dû nous organiser dans les moindres détails pour assurer le « confort » du campement.

Je remercie, comme toujours, tous ceux qui me soutiennent. Je m’excuse si je ne vous ai donné aucune nouvelle pendant un mois, mais je vous le dis du fond du cœur… : « C’est bon d’être de retour » !

Extrait d’un récit de Tomas Franchini publié et traduit de l’italien par LaSportiva.

©LaSportiva

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