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Sauvetage in extremis dans les Jorasses

Le podcast La Folie des Hauteurs de notre partenaire France Bleu entame sa quatrième saison. Avec comme premier épisode, le récit de la dramatique ascension de René Desmaison aux Grandes Jorasses, qui verra la mort de son jeune compagnon de cordée Serge Gousseault.

Il a beaucoup créé, innové, inventé de nouvelles voies dures en montagne. Mais il a aussi voulu révolutionner la communication des exploits – les siens évidemment – en altitude. Alpiniste de légende, René Desmaison a voulu, en février 1971, ouvrir l’un des grands itinéraires majeurs sur la face nord des Grandes Jorasses, une ligne évanescente de dièdres sur le flanc de la Walker. Mais il a voulu, aussi, (surtout ?) le faire savoir. Desmaison a fait un premier « coup » médiatique, en 1968, lors de l’ouverture « en direct à la radio » du Linceul aux Jorasses. Mais une hivernale, à la Walker, ce serait encore mieux dans l’esprit de l’un des meilleurs alpinistes des années 60 et 70.

Grandes Jorasses, face nord, et le flanc gauche de la Walker où se trouve la voie Gousseault-Desmaison. ©Ulysse Lefebvre

En février 1971, René Desmaison s’encorde avec Serge Gousseault, jeune alpiniste surtout grimpeur, doué en rocher – il laisse son nom à un pilier au Verdon – mais peu familier des hivernales. Les deux hommes progressent lentement. Leur aventure dégénère. Au bout de dix jours, « devant les caméras et les micros, l’épouse de Serge Gousseault commence à exprimer son inquiétude. Lorsque les appareils peuvent de nouveau voler, un hélicoptère, puis un deuxième le lendemain, parviennent à approcher. Desmaison pense qu’on va venir les chercher, mais il ne fait pas les gestes de secours réglementaires, ou pas correctement » raconte Lionel Cariou, auteur et narrateur du podcast.

Les secouristes pensent que le grand René Desmaison maîtrise la situation, tandis que d’autres lui font peut-être payer son arrogance, lui qui avait grillé la politesse aux secours officiels lors du sauvetage des Allemands aux Drus en 1966. Les secours tergiversent, l’aérologie est mauvaise, mais aux commandes d’une Alouette 3, « le pilote Alain Frébault et son mécanicien Roland Pin parviennent à poser les patins de leur appareil sur un petit col situé non loin du sommet » ouvrant le chemin aux autres secouristes. René Desmaison est sauvé in extremis. Gousseault est mort gelé. Lionel Cariou a retrouvé Roland Pin qui pour la première fois a accepté de livrer son témoignage.

Un épisode de la Folie des Hauteurs écrit par Lionel Cariou, réalisé par Simon Berthier, produit par France Bleu, en partenariat avec Alpine Mag.