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Highway to Harr : escalade et ouverture en cordée franco-tunisienne à Djebel Ressas

Bourses expé

L’expédition Highway to Harr, c’est utiliser une mobilité douce (bateau et vélo) pour se rendre en Tunisie et équiper deux grandes voies d’escalade. Le tout en collaboration avec les ouvreurs et grimpeurs locaux pour en faire les premières ascensions franco-tunisiennes masculine et féminine. Cécile Jeanmougin, Antoine Tissier, Vincent Virat et Hélène Chappot de la Chanonie ont passé un mois sur place pour mettre en lumière un nouveau secteur d’escalade qui comprend 12 voies de couenne et 5 grandes voies allant du 5b au 7b+ . Une aventure Bourses Expé, sportive et humaine, racontée par Hélène Chappot et Cécile Jeanmougin.

Pendue sur sa corde, à 150 mètres du sol, Hélène frappe de toutes ses forces sur des blocs rocheux instables de la falaise de Djebel Ressas. Alors qu’elle est concentrée sur ses coups de marteau, elle entend un bruit sourd, pareil à du tonnerre. La falaise vibre et cette fois ce n’est pas Hélène qui vient troubler la tranquillité du lieu. Au contraire, elle se sent soudainement aussi vulnérable que cette montagne. Par réflexe, elle regarde au loin vers l’origine de la déflagration, elle connaît déjà ce triste spectacle : des machines à la place des troupeaux de chèvres et des cailloux blancs au lieu des arbres. La carrière s’étend sur des kilomètres et grignote chaque jour du terrain pour produire du ciment.

Mais que faisons-nous ici, à équiper une falaise probablement destinée à disparaître dans les prochaines décennies ?

Vélos et carioles en route vers Djebel Ressas, visible en arrière plan. ©Vincent Virat

Highway to Harr est un projet né en début d’année 2023 et qui a commencé en septembre suivant. Nous sommes un joyeux quatuor ayant décidé de mener ensemble une expédition en Tunisie, l’occasion rêvée de partir pour une aventure sportive alliant vélo, escalade et équipement de voies. Le but de ce voyage a été, en partant depuis la France à vélo, d’ouvrir deux grandes voies d’escalade d’environ 200 mètres sur la face sud de Djebel Ressas, une montagne qui se situe à une trentaine de kilomètres de Tunis et dont le sommet culmine à 795 mètres.

Il faut savoir que nous sommes une équipe peu expérimentée. Bien qu’étant tous les quatre des voyageurs avertis et des grimpeurs passionnés, nous n’avions encore jamais porté un tel projet d’expédition. Nous n’avons évidemment pas échappé au « syndrome de l’imposteur », surtout au début, convaincus que ce type d’expédition ne peut être porté que par des professionnels ou des semi-professionnels. Le soutien de nos partenaires a été décisif pour nous donner la confiance qui nous manquait et nous avons saisi à bras-le-corps la chance qui nous a été offerte de pouvoir partir, habités par une forte envie d’apprendre, de nous améliorer et de nous dépasser.

Faire une expédition « autrement », est-ce vraiment possible ? 

La caractéristique première de ce projet est l’envie qui nous a animés de faire autrement, de proposer une nouvelle façon de réaliser des expéditions. Combien de tunisiens viennent ouvrir des voies en France, en font les premières ascensions et rentrent chez eux ? L’opportunité que nous avions nous a semblé difficilement se présenter dans l’autre sens. Partant de ce constat, nous avons cherché à dépasser une forme de conquête pour explorer les possibilités de faire ensemble.

Moins axés sur la recherche de performance mais animés par une passion partagée pour l’escalade, notre idée centrale a été de partager compétences et expériences, d’apprendre de l’autre et avec l’autre et de partager collectivement cette aventure avec les tunisiens et les tunisiennes. C’est ainsi que nous nous sommes tournés vers la Tunisie, car, y ayant vécu pour trois d’entre nous, nous sommes liés d’amitié avec le pays et la communauté des grimpeurs locaux. Mais faire une expédition « autrement », est-ce vraiment possible ? Quelle forme cela peut-il prendre ?

Nadhir et Antoine dans la première ascension de « Highway to Harr ». ©Vincent Virat

Premier septembre 2023, premiers coups de pédale à quatre en partance de Sisteron. Nous avons probablement l’air d’une troupe de cirque ambulante avec nos vélos et nos carrioles dépareillés. Nous transportons chacun d’entre nous une quarantaine de kilos de matériel d’équipement, et faisons
connaissance avec « l’effet carriole » : se faire tirer en arrière dans les montées, gérer un équilibre précaire dans les descentes, peiner à manœuvrer dans les virages, faire chuter les vélos déséquilibrés à l’arrêt…

Une fois cet « effet » maîtrisé tant bien que mal, nous parcourons environ une soixantaine de kilomètres par jour, sous un soleil de plomb, à la recherche de pauses ombragées. Le cardio s’emballe, la sueur coule et bien sûr, quelques crevaisons nous ralentissent. Nous commençons à nous demander ce que nous faisons là, sous cette chaleur étouffante à pédaler pour rejoindre le port de Marseille.

quelle joie de se dire que nous pouvons réellement détenir
une forme d’autonomie pour nous déplacer !

Le temps des conversations, bien installés dans un canapé confortable, à nous dire que ce projet était une bonne idée, est maintenant loin. Nous voilà déjà au cœur d’un moment où l’on cherche un sens à notre effort, en continuant à aller de l’avant. Malgré les pentes rudes et interminables, quelque chose nous anime : l’effort de tenter de faire autrement, de démontrer qu’il est possible de trouver d’autres moyens de se déplacer.

Dans un monde où les effets du changement climatique commencent à faire sentir leurs tragiques conséquences à l’échelle de la planète, il est vital de trouver d’autres façons de fonctionner. Le vélo ouvre ici pour nous une petite perspective et démontre humblement que la possibilité, l’alternative, existent. Et cette contrainte, au fond, semble détenir en même temps un profond pouvoir d’autonomie et donc d’émancipation. Oui, le chemin est plus long, oui, il est plus fatigant mais quelle force cela procure et quelle joie de se dire que nous pouvons réellement détenir une forme d’autonomie pour nous déplacer !

Vélo garé devant Climb’In, salle d’escalade à Tunis. ©Vincent Virat

Vue depuis le camp de base sur Djebel Ressas. ©Vincent Virat

L’arrivée à Djebel Ressas

Nous atteignons Marseille en trois jours, et pouvons embarquer sans encombre avec tout notre attirail dans le ferry direction la Tunisie. Ça y est, nous y sommes, l’aventure commence vraiment. De l’autre côté de la Méditerranée, tout est soudain différent. Le bruit dans les rues, les klaxons des voitures, l’appel à la prière qu’on entend au loin, le soleil qui brille fort sur les maisons blanches à volets bleus, les odeurs des épiceries. À notre arrivée, nous nous accordons une citronnade en terrasse au bord de la mer, avec une vue imprenable sur la montagne Djebel Ressas où nous vivrons les prochaines semaines.

« Marhaba ! Bienvenue ! Vous avez fait bonne route ? On mange quelque chose ensemble ? Vous venez quand à la maison ? » Nous voilà à Climb’IN, la salle d’escalade de Tunis, véritable quartier général de la communauté des grimpeurs et des grimpeuses tunisiens. La machine est lancée, et nous partageons déjà l’enthousiasme de concrétiser notre projet avec eux.

Faire une expédition « autrement », est-ce vraiment possible ? 

Pour rejoindre notre camp de base au pied de la montagne, il nous faut encore rouler sur quelques kilomètres de routes et de chemins de terre, bordés de cactus et d’oliviers. Après ce dernier effort, nous découvrons ce qui deviendra notre camp de base pour les quatre semaines à venir : un terrain caillouteux, aride et pentu mais avec un accès à de l’eau et de l’électricité et une vue sur toute la face nord de Djebel Ressas. Il n’y a plus qu’à planter les tentes !

Dès le lendemain, les choses sérieuses commencent… Depuis notre camp de base, nous avons trente minutes de vélo-carrioles avant d’atteindre le village de Birou, qu’on pourrait même qualifier de hameau car il ne compte qu’une trentaine d’âmes, au pied de Djebel Ressas. Il nous reste ensuite une bonne heure de marche d’approche, avec dénivelé positif tout le long, bien évidemment. 

Le premier jour d’équipement, nous nous retrouvons devant un immense tas de matériel, sachant à peine par où commencer. Nous choisissons de monter rapidement le plus de matériel possible, et partons avec sur nos épaules plus de 400 mètres de corde, des dizaines de plaquettes, de gougeons, de relais, et divers outils, tels que marteaux, clefs, perforateurs, sans oublier nos baudriers… Cette première montée est particulièrement rude, nous souffrons du poids des sacs et de la chaleur assommante qui avoisine les 40 degrés.

Vue depuis la marche de retour de la falaise. ©Vincent Virat

À petits pas alourdis, nous avançons lentement, jusqu’à distinguer enfin la paroi convoitée : deux falaises qui semblent former un livre ouvert, un calcaire jaune orangé sur environ 200 mètres de hauteur, sur lequel nous repérons des reliefs caractéristiques tels que des conques, des piliers, des toits ou des fissures. Un vrai terrain de jeu ! Nous avons la chance de pouvoir accéder au sommet de cette falaise à pied, bien qu’il nous faille accepter les griffures des épineux et la possibilité de nous perdre.

Nous posons nos premières cordes fixes depuis le haut, après avoir repéré des lignes qui nous semblent esthétiques. La première descente provoque sa décharge d’adrénaline, nous ne savons pas où nous allons arriver, ni si nous pourrons remonter facilement sur corde au besoin. Nous nous faisons chacun happer par le vide, nous transformant en explorateurs verticaux.

La vie au campement n’est pas un long fleuve tranquille, et c’est le cas de le dire ! Les coupures d’eau sont courantes et on ne sait jamais, en rentrant couverts de poussière, de terre et de sueur, si l’on devra se coucher dans cet état ou si l’on aura le droit au plaisir d’une douche. Le retour de la falaise se fait inévitablement de nuit, à la lampe frontale, et les soirées se résument à cuisiner, manger, puis sombrer dans les bras de Morphée.

Les repas sont composés de diverses conserves et pendant toute l’expédition, les sardines et les pâtes deviennent les bases incontournables de notre alimentation. Nos réserves alimentaires ont pour mérite de plaire aux chats sauvages qui s’attaquent à l’une de nos tentes destinée au garde-manger et qui ne résiste pas à leurs griffes… Les fourmis prennent rapidement le relais. Les chiens errants tiennent eux aussi à nous signaler leur présence et ils choisissent de préférence la nuit pour se battre à proximité de nos tentes ou aboyer sans relâche.

Leur rêve audacieux d’inclusion dans un monde plus grand

L’aventure attire nombre de grimpeurs tunisiens qui viennent nous aider pendant tout le mois mais surtout, elle attire un cinquième comparse, assez fou pour se joindre à nous pendant toute la durée de l’expédition. Longues dreadlocks, regard rieur et plein de bienveillance, Ahmed est motivé comme jamais pour nous aider dans l’équipement des voies. Voici ce qu’il écrira au sujet de notre projet: « Je me sens appelé à participer à leur quotidien et enchanté par leur rêve audacieux d’inclusion dans un monde plus grand, celui de l’escalade et de l’aventure, de la rencontre et des fusions […] C’est une empreinte qui marque mon identité et me pousse à envisager de faire de même quand ils seront partis. »

Rapidement, Ahmed fait partie du groupe. Il adopte les coupures d’eau, le terrain pentu et la gamelle commune avec naturel. Il y rajoute sa touche personnelle, nous régalant de bsissa, une pâte à base de farine de différentes céréales, agrémentée d’huile d’olive, de miel et de fruits secs. Avec ça, adieu les fringales en falaise !

Nadhir montre une voie sur la falaise d’en face à Hélène. ©Vincent Virat

C’est grâce à Ahmed et sa voiture que nous pouvons consacrer notre premier jour de « repos » à l’escalade sur une autre falaise : Zaghouan. Cette montagne qui culmine à 1295 mètres est située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Ressas. Avec ses colonnettes, ses trous et ses dévers sur un calcaire aux teintes ocre, elle ne peut qu’attirer le grimpeur en quête d’esthétique et de difficultés.

C’est ici que l’escalade a véritablement connu son émergence en Tunisie à partir de 2012, grâce à l’invitation par une poignée de tunisiens adeptes de spéléologie et en quête de nouvelles activités, de grimpeurs du GUCEM, un club d’escalade de Grenoble. Depuis, des organisations et des individus se sont relayés pour développer et faire vivre ce sport en Tunisie (l’Association des Sports de Montagne et d’Écologie de Rades, Climb’IN ou l’Association de Spéléologie et d’Escalade de Zaghouan, pour ne citer qu’eux).

Les grimpeurs tunisiens se démènent pour tracer la trajectoire 
de ce sport dans leur pays

Le dimanche à Zaghouan est une institution pour les grimpeurs locaux. On y trouve toujours une dizaine de copains, repoussant leurs limites et s’encourageant mutuellement dans toutes les langues. Ici, tout le monde se connaît et on vient autant pour grimper que pour décompresser ensemble de la semaine autour de kaak warka, une pâtisserie ronde à la pâte d’amande et à la fleur de rose.

Il faut rappeler que pratiquer ce sport en Tunisie n’est pas chose facile, tant les obstacles sont nombreux : très peu de matériel spécialisé disponible, ce qui entraîne une dépendance aux étrangers pouvant apporter l’équipement (mais au compte- goutte et à des prix peu accessibles aux tunisiens) ; absence de formation à l’escalade, à la sécurité et à l’équipement ou de façon seulement périodique; zone grise dans les rapports avec les autorités locales (l’administration ne reconnaît pas ce sport et en l’absence de fédération, l’autorisation ou l’interdiction de sa pratique est aléatoire).

Les tunisiennes et tunisiens qui grimpent font plus que cela : ils se démènent pour pouvoir faire de l’escalade et tracer la trajectoire de ce sport dans leur pays. Quelque chose les anime, les raisons sont multiples. Nous avons croisé des adeptes de la performance, des amoureux de la nature, des épris de la liberté que procure ce sport, des addicts de la sensation forte, des jouisseurs de bonne compagnie. L’escalade, au fond, représente plus qu’un sport pour beaucoup d’entre eux.

Cette génération, qui a vécu une révolution en 2011 ayant permis de renverser une dictature, a également vécu une douche froide dans la foulée : dix ans de désillusion suite aux espoirs déçus de la révolution. Marquée par une situation économique à la dérive, des conditions de vie qui se dégradent, des inégalités qui explosent et une crise politique qui s’inscrit dans la durée, cette génération de tunisiens voit son champ des possibles se réduire drastiquement.

Dans ce contexte, grimper n’est pas aussi anodin que cela semble l’être. C’est à la fois une ouverture sur l’ailleurs, une évasion quotidienne mais également une possibilité de rencontres, une mixité avec d’autres milieux sociaux et d’éventuels débouchés professionnels. Dans ce contexte, on comprend l’assiduité des grimpeurs tunisiens pour les fins de semaine en falaise.

Nous nous émerveillons
Des possibilités
que nous offre
le rocher

Cécile cherchant une ligne à grimper sur corde statique. ©Vincent Virat

Ouverture de deux grandes voies sur la face sud de Ressas

Notre objectif est de continuer l’équipement de nos lignes. Après avoir connu la satisfaction de trouver un passage où l’escalade nous semble belle, voici que commence la phase de nettoyage. Cette étape est importante et fastidieuse, le rocher n’est pas toujours de qualité. Nous faisons tomber de gros blocs de pierre au pied de biche, martelons le rocher sans relâche et taillons la végétation. Et puis, petit à petit, nous perçons les premiers trous, posons les premiers relais et des dizaines de plaquettes…

Quel plaisir d’enfin enfiler les chaussons et tester les mouvements de nos voies ! Tous seuls sur nos cordes statiques, nous nous émerveillons des possibilités que nous offre le rocher. C’est fou d’être la première personne à tester un itinéraire, la sensation de liberté que cela procure est grisante !

À ce stade, nous avons déjà deux grandes voies bien définies, l’une de quatre longueurs qui atteint le sommet et l’autre de trois longueurs qui pourrait sans doute être poursuivie. Puis, au bout de trois semaines de travail acharné et grâce à l’aide précieuse de grimpeurs et d’ouvreurs tunisiens, la face Sud de Ressas est devenue un véritable secteur d’escalade. Il comprend 12 voies de couenne et 5 grandes voies dont les difficultés vont du 5b au 7b+, avec une majorité de voies entre le 6a et 6c, correspondant au niveau de progression actuel des grimpeurs locaux.

Sur la route de Zaghouan pour une grimpe dominicale, une pause dans notre rythme d’équipement journalier. ©Vincent Virat

Cécile prête à poser ses ancrages. ©Vincent Virat

Pour marquer le coup et inaugurer ce nouveau secteur, nous convions la communauté locale des grimpeurs pour un week-end avec soirée au coin du feu et bivouac. Nous touchons du doigt l’objectif de cette aventure et de cet « autrement » : partager collectivement la joie que procure l’escalade. À cette occasion, Nadhir et Antoine d’un côté et Hélène et Hana de l’autre font les premières ascensions franco- tunisiennes de chaque grande voie. Il est émouvant de découvrir l’enchaînement des voies en libre et de vivre ce moment unique ensemble.

Pendant ce temps, les voies sportives sont testées et leurs cotations discutées. Nous racontons les anecdotes sur les noms de voies et nous nous réjouissons de voir une vingtaine de personnes réunies avec la même envie de s’élever, progresser et partager. L’événement attire même quelques curieux, de passage par hasard sur les chemins, qui s’initient à l’escalade…

équiper une falaise qui risque de disparaître s’apparente 
Finalement à un acte presque militant

En nous levant le lendemain matin, face à ce nouveau secteur et entourés de grimpeurs, nous ressentons un sentiment d’accomplissement. Nous repensons à ces semaines passées, à la terrible combinaison vélo et marche d’approche sous le soleil, à ces heures suspendus sur corde, à cette énergie déployée pour sécuriser les voies. Cette aventure s’est révélée être un apprentissage permanent, coûteux aussi bien mentalement que physiquement, mais nous en sortons en un seul morceau, grandis, et heureux d’avoir pu participer, à notre humble niveau, au développement de l’escalade en Tunisie.

08 octobre 2023, port de la Goulette, pont arrière du ferry : nos vélos-carrioles sont dans les entrailles du monstre flottant et nous, assis sur le pont, nous regardons la côte s’éloigner. La montagne de Djebel Ressas se dessine au loin, à côté de sa voisine Boukornine. Pour le voyageur non-informé, impossible de deviner ce qu’il s’y trame. Pour nous en revanche, c’est l’endroit où nous avons planté une graine d’espoir, invitant chacun à considérer la montagne pour ce qu’elle est, et non pour ce que nous pouvons lui prendre.

Équiper une falaise qui risque de disparaître s’apparente finalement à un acte presque militant. Peut-être vaine, cette démarche a tout de même le mérite de donner à voir une autre façon de vivre et de cohabiter avec la montagne en s’ajoutant aux initiatives locales existantes. Équiper ces voies en Tunisie, c’était pour nous ouvrir un nouveau champ de possibles à la fois dans des trajectoires individuelles mais aussi collectives et peut-être dans celle de cette montagne.

Djebel Ressas, malgré les explosions hebdomadaires de la cimenterie, est partiellement équipée et encore pleine de potentiel, une richesse qui pourrait être explorée plutôt qu’exploitée…Et quand nous voyons Tunis devenir minuscule, c’est aux grimpeurs tunisiens que nous pensons et à la façon dont ils feront grandir cette graine semée…

 

 

Hélène Chappot et Cécile Jeanmougin

Découvrir le topo du nouveau secteur de la face sud de Djebel Ressas issu du projet.