Peu d’auteurs de romans ont aussi bien mis la montagne en valeur dans leur œuvre, sans qu’on sente que la présence du relief y soit imposée ou caricaturée. Ce sont les transalpins qui s’acquittent en ce moment le mieux de l’exercice. Dans la lignée de Dino Buzatti ou Mario Rigoni Stern, Paolo Cognetti excelle dans la description d’un paysage alpin dont les photos et vidéos inondent nos écrans, mais qui se fait plus rare dans des mots couchés sur le papier.
Son formidable livre Les huit montagnes (2016) nous avait transporté dans le Val d’Aoste de son enfance, couronné par le prix Strega, l’équivalent de notre Goncourt en Italie. Le Milanais y retourne dans son dernier ouvrage, La Félicité du loup, sorti en 2021 et de nouveau salué par la critique. « La montagne ne signifie rien en soi, ce n’est qu’un tas de cailloux sur lequel l’eau coule et l’herbe pousse », y dit un personnage. À méditer. Et à lire, surtout.