La première belle saupoudrée de neige de la fin du mois de septembre nous avait déjà amené un avant-goût de l’hiver. Rebelote en ce mois d’octobre ! La face Nord des dômes de Miage est d’un blanc éclatant, “plâtrée”, et les patchs de glace habituellement présents à cette époque semblent bien enfouis sous cette nouvelle couche de neige. Allez, c’est trop tentant, allons voir si notre intuition se confirme : on risque quoi, au juste, à part une bonne surprise ?
Départ de bonne heure avec Seb depuis les chalets de Miage, en ce 17 octobre, skis sur le sac. La nuit noire nous empêche de voir véritablement où se situe la limite de la neige, mais on s’attend à porter les skis un moment. Nous prenons notre temps pour avancer, sur le chemin d’été qui mène au refuge de Plan Glacier. Nous rencontrons finalement assez vite une couche de neige assez maigre mais bien compacte : sans plus attendre nous chaussons les skis et les peaux. Première bonne surprise ! La montée au glacier du Miage sera beaucoup plus agréable que prévu ! Le jour se lève et les couleurs sont incroyables sur la chaîne des Aravis. On ne s’en lassera jamais ! L’ambiance hivernale de cette mi-octobre ajoute une dose d’exceptionnel à ce décor.
Nous traversons le glacier et attaquons à remonter en crampons, droit dans la face Nord des dômes de Miage. La neige est changeante, parfois croutée, parfois poudreuse et profonde, parfois dure et lissée par le vent. Le mont Blanc se dévoile petit à petit au-dessus du col de Miage, avec au premier plan l’esthétique aiguille de Bionnassay. Nous décidons de rejoindre l’arête Mettrier par la “variante Lenoir”, et de nous arrêter là, quelques centaines de mètres sous le sommet : “ça ira bien pour une reprise !” Nous sommes déjà tellement heureux de vivre cette aventure anticipée dans “le vallon”, skis aux pieds !
Les premiers virages sautés pour rejoindre la face sont appliqués : on remet en place les bases techniques – épaules face à la pente & appui sur le pied aval ! – dans une pente avoisinant les 50°. La pente s’adoucit légèrement sur le reste de la descente, au milieu de la face Nord : les virages s’enchaînent à merveille, et nous laissons même échapper quelques cris de joie, dans une neige froide et poudreuse ! Notre intuition était la bonne, quelle journée hors-norme ! Well done buddy !