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Livre. Gunks, chronique du temps insouciant

L’escalade n’échappe pas au trou noir d’avant internet, qui voudrait qu’avant les réseaux, il n’y ait rien. Pourtant il y avait déjà des murs artificiels comme les Digues, sur les rives de la Loire, et ses murs de pierre. Et puis le Saussois, Buoux, la Tête de Chien. Là-bas, dans le sud, les mutants rêvent de La Haine, la voie libérée par Patrick Berhault. Quelque part au milieu des années 80 trois jeunes grimpeurs se croisent, vivent pour grimper. Deux jeunes gars, une jeune femme. Voilà un roman qui claque comme un rappel dans le vent : escalade égale liberté.

Ils sont deux, au départ. Manuel, son pote super doué en escalade, et Méduz, le narrateur. Ils n’ont pas vingt ans, et pas un radis, mais une soif de grimpe et de liberté inextinguibles. Alors piquer dans les magasins de quoi manger, et une paire de chaussons, c’est justifié.

Et puis, « vu qu’on n’a pas un rond, si on ne rafle pas un peu de bouffe, c’est jeûne obligatoire » pour leur première semaine au Saussois. Heureusement que Manuel a pensé à mettre de l’élasto sur la plaque d’immatriculation en s’enfuyant de la supérette, et vive les boîtes de raviolis entre deux séances de tractions. Les falaises, même celles déjà célèbres, sont la plupart du temps désertes. Personne ou presque. Que ce soit à la Turbie, ou à Mouriès.

Vivre pour grimper, une expérience d’autant plus forte à une époque où les grimpeurs sont rares, forcément, marginaux,