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Escalade aux Jeux Olympiques de Paris : Toby Roberts et Janja Garnbret en Or, Paul Jenft et Oriane Bertone 8èmes

Paris (FRA), 9 August JO 2024 : Toby Roberts remporte l'Or. Ⓒ Lena Drapella / IFSC.

Spectaculaires, ces JO d’escalade de Paris. Seconde olympiade et première sous ce format avec deux médailles distinctes à la clé : une pour la vitesse, et une pour le combiné bloc – voie de difficulté. Cette dernière spécialité est pourtant la discipline reine en escalade, mais c’est comme ça. Au final, les grimpeurs ont tout donné sur des blocs spectaculaires, et ils ont grimpé une voie de finale plus homogène que celle de demi-finale. Paul Jenft finit 8ème du tournoi ; le Britannique Toby Roberts est sacré champion olympique. [Mise à jour du 10 août] Chez les femmes, la Slovène Janja Garnbret s’impose tandis qu’Oriane Bertone finit à la 8ème place. 

En escalade, comme dans d’autres sports individuels, la compétition est un jeu difficile, pafois amer. On retiendra la déception de certains excellents grimpeurs, qui ont passé les deux ou trois dernières années à s’entraîner pour les JO, sans pouvoir toutefois dépasser le stade de la qualification pour nombre d’entre eux.

L’Allemand Alex Megos en est, malheureusement pour lui, un exemple. Après avoir déjà échoué à dépasser les qualifications à Tokyo en 2021, après avoir réussi à décrocher son ticket pour Paris cette année, malgré une nouvelle blessure à l’entraînement, Alex Megos a souffert en bloc avant de tomber au premier crux de la voie de difficulté en demi-finale. Pour une inexplicable zipette de pied – inexplicable autrement que par la précipitation, le stress, ou au contraire un excès de confiance en ce foutu pied, Megos est rentré au vestiaire sans aller en finale. Cruels jeux pour le français Sam Avezou lors de cette même demi-finale, passe à côté, en tombant dans ce même premier crux de diff’, alors qu’il semblait, sur le papier, proche du top 5 mondial. Paul Jenft, lui, semblait justement plus posé, plus confiant dans son escalade, et cela lui permet de se hisser en finale, qui se tenait ce vendredi 8 août. 

Paul Jenft en finale de bloc, mais ne sort pas ce bloc ni les autres ©Lena Drapella / IFSC

Jakob Schubert vient à bout de ce même bloc ©Lena Drapella / IFSC

Oriane Bertone en demi-finale. ©Jan Virt / IFSC

 Ce préambule posé, le spectacle donné par ces JO était fascinant. À condition de ne pas se contenter de l’escalade de vitesse (une médaille olympique pour combien de pratiquants ?) discipline aussi spectaculaire que vaine où le français Bassa Mawem, qui a atteint la finale, a fait ses adieux à la compétition.

Spectaculaires étaient le bloc (4 blocs à chaque fois) et voie de difficulté, rassemblés cette année sous l’appelation « combiné » (qui n’existe pas ailleurs qu’au CIO). Les blocs étaient impressionnants, même si beaucoup trop durs pour les hommes sur une partie de la compétition. Idem pour la voie de demi-finale hommes, complexe et extrême en haut, avec un crux piégeux au premier tiers, une voie dont personne n’a approché les quatre ou cinq derniers mètres !

Mais ne boudons pas notre plaisir : au final ce mur de demi-finale était aussi réussi (voies visuelles) que varié : traversées, mouves spectaculaires, règlettes, no foot… et même passages bien bourrins (no foot justement ou alors il fallait être monstre souple) en demi-finales chez les femmes. Elles ont d’ailleurs bénéficié d’une ouverture (en bloc notamment) mieux calibrée, avec un grand nombre de « top » (blocs réussis) mais point trop, et une Oriane Bertone toujours aussi impériale en bloc, sur les talons de Janja Garnbret. Éliminée en demi-finale, Zélia Avezou, soeur de Sam, peut être fière de son parcours, elle qui a eu deux ans pour se préparer et s’habituer au circuit senior. 

Adam Ondra rate deux blocs à un mouvement près. ©Drapella / IFSC

Toby Roberts en route pour l’or, dans la voie de finale ©Drapella / IFSC

Toby Roberts en or, Paul Jenft 8ème

Ce n’était pas forcément le favori : Toby Roberts, jeune britannique de 19 ans gagne la médaille d’or des JO en combiné ce vendredi 9 août. Il s’impose à l’issue de la finale de la voie de difficulté, deuxième épreuve du combiné après le bloc.

En début de matinée, les quatre blocs proposés pour la finale du combiné étaient réjouissants à l’oeil, hyper variés, mais dans des styles qui n’ont pas été gérables pour certains grimpeurs de plus de 25 ans… Soit de gauche à droite : une dalle très new school avec des pas nécessitant équilibre et coordination ; un deuxième bloc new school plus raide tout en jumps et coordination mais plus pêchu avec une sortie déversante ; un autre bloc comprenait un bon dévers complexe avec un départ bizarre ; et enfin, le bloc à l’extrême droite comprenait un toit physique avec une sortie aléatoire. Au total, des blocs super beaux, des mouvements magnifiques, mais super durs !

Seul français survivant des JO en escalade, Paul Jenft ne réussit aucun bloc, et à moins de briller en difficulté, les jeux semblent faits. Il est compliqué de décrypter en une poignée de minutes des blocs très dynamiques, à l’ouverture moderne, spectaculaire mais exigeante. À ce jeu difficile Adam Ondra consent, mais tombe deux fois à un cheveu du Top (sur le bloc dalle 1, et sur le toit), ce qui lui coûte sans doute un podium olympique, au regard de sa perf en voie. Il finit 6eme du tournoi olympique. Le japonais Sorato Anraku, lui, est en tête à l’issue des blocs, dont il a randonné la moitié : c’est clairement une performance hallucinante. Mais la voie de difficulté rebat (un peu) les cartes.

Deux des quatre blocs au style new school

Mutant, le Japonais Sorato Anraku ne remporte pas l’or (mais l’argent tout de même) malgré sa démonstration en bloc
©Drapella / IFSC

La finale en difficulté

Les ouvreurs ont fait de leur mieux pour faire une voie qui écrème sans pour autant être trop exigeante, comme ce fut le cas lors de la demi-finale. Spectaculaire, la voie de finale a sans doute fait peur aux organisateurs l’espace d’un ou deux concurrents, qui se sont rapidement élevés jusqu’aux trois-quarts du mur sans l’ombre d’une vraie difficulté. En l’occurence, le niveau hyper élevé (dans le gros 8) est bien là, et rapidement il faut des dégâts pour Paul Jenft, qui, après avoir manqué un mousquetonnage au moment opportun, se fait cueillir en tentant d’y remédier. 8ème d’une finale, c’est peu, mais c’est beaucoup pour le Chambérien sélectionné in extremis et âgé de seulement 21 ans. Paul Jenft peut être satisfait d’avoir atteint ce stade de la compétition.

Côté ténors et vétérans, Alberto Gines Lopez (malmené dans les blocs) et Adam Ondra n’auront pas de podium. Ondra réussit pourtant une escalade magnifique sur la voie de finale, démontrant toute l’étendue de son talent, réussissant à s’économiser avec un coincement à deux ou trois mouvements de la fin, mais le dernier mouvement lui échappe et le Tchèque voit une nouvelle fois le podium olympique lui échapper.

 

Ce n’est pas le cas de l’autre vétéran multi-titré, l’Autrichien Jakob Schubert, qui lui aussi fait une superbe démonstration sur la voie de finale. Ayant sauvé les meubles en blocs, Jakob Schubert gagne la médaille de bronze de ce combiné en escalade en tombant à un cheveu du Top de la voie.

Coup de théâtre inattendu, le Japonais Anraku tombe un peu prématurément dans la voie et laisse passer sa chance de gagner le tournoi olympique. Mais avec les points engrangés en bloc, il se hisse à la deuxième place et remporte la médaille d’argent. C’est le jeune Britannique Toby Roberts qui est sacré champion olympique d’escalade, sur cette épreuve du combiné mêlant bloc et voie de difficulté, devant sept mille spectateurs.

Ayant sauvé les meubles en bloc, impressionnant dans la voie, Jakob Schubert gagne la médaille de bronze

Janja Garnbret en route pour sa deuxième médaille d’or olympique. © Drapella/Virt/IFSC

 

[Mise à jour du 10 août]

Tous les espoirs français reposent ce samedi 10 août sur les épaules d’Oriane Bertone, dont le pedigree laisse augurer un possible podium – et une médaille. Mais Oriane n’est pas dans un bon jour. Dans sa discipline de prédilection, le bloc, Oriane Bertone loupe sa finale, en finissant quatrième à l’issue de l’épreuve de bloc. Il fallait donc un miracle, ou à tout le moins de la chance, et surtout signer une performance en haut du panier sur la voie de difficulté. Las, la jeune grimpeuse n’a pu réaliser l’exploit, et finit dernière de la finale olympique (8ème). 

La Slovène championne olympique en titre (à Tokyo) n’aura pas volé son deuxième titre à Paris. Même si elle termine première en bloc, Janja Garnbret aura dû batailler pour s’imposer pour glaner sa deuxième médaille d’or (après Tokyo donc) devant l’américaine Brooke Raboutou (médaille d’argent) et l’Autrichienne Jessica Pilz. 

Le bilan de l’équipe de France n’est pas celui dont on avait pu rêver. L’élimination précoce de Sam Avezou, en demi-finale, et la dernière place en finale d’Oriane Bertone, sont clairement des contre-performances, par rapport au niveau des athlètes en question. Mais l’un a 23 ans, et Oriane seulement 19 ans : ces deux-là, comme Paul Jenft, ou Zélia Avezou, ont encore de longues années d’escalade devant eux. En compétition, ou ailleurs.

Résultats Combiné Femmes

1. Janja Garnbret – Slovénie – 168.5 points

2. Brooke Raboutou – USA – 156 points

3. Jessica Pilz – Autriche – 147.4 points

4. Ai Mori – Japon – 135.1 points

5. Erin Mc Neice – Grande Bretagne – 127.6 points

6. Chayeyun Soe – Corée du Sud – 105 points

7. Oceania McKenzie – Australie – 104.8 points

8. Oriane Bertone – France – 104.5 points

Résultats Combiné Hommes

1. Toby Roberts – Grande Bretagne – 155.22 points

2. Sorato Anraku – Japon – 145.43 points

3. Jakob Schubert – Autriche – 139.64 points

4. Colin Duffy – USA – 136.45 points

5. Hamish Mcarthur – Grande Bretagne – 125.96 points

6. Adam Ondra – République Tchèque – 120.17 points

7. Alberto Gines Lopez – Espagne – 116.28 points

8. Paul Jenft – France – 78.4 points