Totalement atypique. Joyeusement engagĆ©. Furieusement compĆ©titeur. Un noeud pap’ autour du cou. 35 printemps et une entrĆ©e Ć©clair dans lāĆ©lite UltraTrail, Diego Ā«Ā ZpeedyĀ Ā» Pazos dĆ©tonne. Cāest lāhistoire dāun choc, celle d’un helvĆØte Ć la Zapata qui dĆ©barque 3ede Verbier puis sāinstalle dans tous les top 3 Ultra. Rencontre.
AprĆØs son entrĆ©e fracassant sur le podium de Verbier, Pazos se crĆ©Ć© un palmarĆØs collĆ© au plafond, 6G de poussĆ©e et pas de sas dāattenteĀ : 1erEiger, 1er80K Mont Blanc, 1erMaxi Race XL, 2eMIUT, 3eTransGranCanaria, 4eDiag, 4eCCC, 6eMondiaux, 11eUTMBā¦plus de 30 podiums, et lāon nāĆ©numĆØre pas les tops 10. MieuxĀ ? le garƧon progresse. SIC.
Un sĆ©lectionneur de courses qui ne choisit que les plus belles, populaires ET relevĆ©es. Chouchou des mĆ©dias, lāĆ©gĆ©rie Compressport capte la lumiĆØre et explose les codes. Diego, cāest une attitude qui tranche en souriant. Mais cāest surtout une soliditĆ© hors normeĀ : 7 saisons au plafond de lāultra mondial. Rare de longĆ©vitĆ©, on tient lāun des coureurs les plus attachants du circuit. Et puis surtout, nous prenons les parisĀ : on nāa pas fini de parler de cet HelvĆØte. Alors Diego, sāil ne restait que 2 motsĀ ? Envie, et SoliditĆ©. Ou lāUltra suisse Ć la Hot Sauce.
Qui a parlĆ© de nÅud papĀ ?
Zpeedy et minutie, envie et patience. Ā
On pourrait douter, et penser feu de paille et cool attitude. Sans profondeur. Plastique parfaite, guĆ©rillero souriant et qui porte bien le textile moulant. Le nÅud papillon signe lāhomme, et on lui passerait tout ā dāune semi-coupe mulet hispanisante (1ĆØrepĆ©riode), Ć la mĆØche folle mais sacrĆ©ment classe (2epĆ©riode). Mais cāest oublier le parcours de Diego Pazos. Car sāil score, lāathlĆØte frappe par son soin Ć construire une progression. Depuis avril, on le voit facile sur une UMS (8 montĆ©es, podium mais cardio Ć 150), on le trouve robuste voire tranquille sur un MIUT (2e), une Transvulcania (5e) ou un Verbier (3e). Et lāon se rappelle son planning 2019Ā : UTMB et Diagā en visuā¦
Au-delĆ du paraitre
Gros charisme mĆ©diatique, joie cartoonesque et entrainement sĆ©rieuxĀ ; il y aurait de quoi sauter les plombs ā ou terminer comme tĆŖte de gondole pour marque de trail. Vous le pensez Ć©phĆ©mĆØre comme le bon client mĆ©diasĀ ? prenez le temps dāĆ©changer. Vous serez surpris. Il faut Ć©prouver le coureur de Lausanne, pour dĆ©couvrir une sĆ©rĆ©nitĆ© discrĆØte. A lāopposĆ© du personnage, il y a un jeune papa et un organisateur (Montreux TRAIL Festival*). Il se murmure mĆŖme des projets off Ć venir, entre Suisse etā¦Liban. A lāĆ©couter, on en revient sans cesse aux racinesĀ : lāhumain, cāest bien. Et on court pour lāĆmotion. Qui ose encore causer de Ā« partage Ā» en trail, le mot qui Ć©corche les lĆØvres tant on le voit galvaudĆ© ? Et pourtant, lāenthousiasme et lāengagement, Diego Pazos y retourne. Ajoutez-y une popularitĆ© juste surrĆ©aliste, et forcĆ©ment, la personne interpelle. Alors une seule issue. Prendre rdv. Il a acceptĆ©Ā : rencontre, entre Lausanne et Bilbao (Ć peu prĆØs au milieu).
Le nÅud papillon signe lāhomme,
et on lui passerait tout ā dāune semi-coupe mulet hispanisante Ā
Ć la mĆØche folle mais sacrĆ©ment classe
Julien GilleronĀ : Au vu de ton parcours, deux choses frappent. 1) ton Ā«Ā surgissementĀ Ā» en haut niveau en 2012. 2) la rĆ©gularitĆ© de tes rĆ©sultats. Non seulement Ƨa dure depuis 7 ans, mais cāest un saut illico dans les tops 3 Ultra. Au moment de virer trail, que fais-tu dĆ©but 2010 ?
Diego PazosĀ : Confesse. A la base, je suis footeux Ć 100%. Mais surtout autodidacte et aficionado multisports. Peu de technique mais lāenvieĀ ! PlutĆ“t jeu, raquette, ballesā¦je naviguais sur les terrains, et je courais pour māentrainer ā sans plus. Niveau moyen, mais toujours friand des sĆ©ances de fractionnĆ©s. DĆ©but 2010ās, le plaisir sāattĆ©nue, et je cours plus que les autres car la trĆŖve ne me suffit pas pour travailler le foncier. Je tente quelques courses en montagne (La Suisse, paradis de ces formats locaux et conviviaux, toujours compĆ©titifs), et il se passe quelque choseĀ : jāai peu de vitesse, en revanche lāendurance est lĆ et je reviens toujours devant sur les fins de la course. Mais le choc, cāest 2011 et cet UTMB qui a donnĆ© lāenvie Ć beaucoup : Kilian, Chaigneau, Hernandez, Ć partager une course entre amisā¦ Cāest dĆ©cidĆ©, peu importe le gap, je me dis Ā«Ā pourquoi pas moiĀ ?Ā Ā» et je planifie pour lāUTMB 2012. Ća commence par une SaintĆ©lyon coup de tĆŖte, hiver 2011Ā : jāexplose au K60, mais je remonte de 11000eaux 200 1erssans rien connaitre du trail… Et puis tout sāenchaine vers mon UTMB, Transjuā (4e), Verbier (3e), et je dĆ©couvre que les icones courent avec nous (Manu Gault, Dawa Sherpa). Je suis mordu, et surpris des rĆ©sultats qui suivent (NDLRĀ : tops 3). Surtout je dĆ©couvre que plus Ƨa sāallonge, plus jāai mes chances, grimpeur modĆ©rĆ© ā moyen sur le plat ā descendeur solide. Alors jāapprends sur lāUTMB 2013 (abandon), les envies deviendront projets : dĆ©sir de Diagā (2 fois), rĆŖve de CCC, Mondiauxā¦ Autant que je planifie, je continue dāapprendre et de peaufiner et le plaisir est total. Total.
JGĀ : Tes courses sont souvent les plus belles, ou prestigieuses du circuit. Mais Ć©galement les plus relevĆ©esĀ : tu choisis le meilleur, ou le plus montagnard, ou le plus difficile ā voire les 3. Une sĆ©lection soigneuse et pour quelles motivationsĀ ? Ć©crin, ambiance, compĆ©titivitĆ© ?
DPĀ : Franchement, je mentirais en disant le contraireĀ : tout comme jāai voulu un UTMB dĆØs 2011, jāai envie de me frotter aux meilleurs. CompĆ©tition. Apprentissage. Peut-ĆŖtre inconscient, je ne vois pas les barriĆØres. On dit souvent Ā«Ā il ne savait pas que cāĆ©tait impossible, donc il lāa faitĀ Ā». Pas de la prĆ©tention, mais une sorte de Ā«Ā why not ?Ā Ā», pourquoi pas moiĀ ? qui abolit des complexes ou des trouilles. Pourquoi ne pas māautoriser de viser directement le plus exigeant, le plus enrichissantĀ ? Ƨa me pousse Ć rĆ©gler au mieux ma prĆ©paration, jāadore construire et ajuster, et je le vois comme une libertĆ© de pensĆ©e qui peut favoriser la performance. Et puis, jāavoue un tempĆ©rament trĆØs compĆ©titeur ā parfois contraire Ć mon image de joyeux luron. Je veux tout investir, en ne voyant que le but et le challenge le plus engagĆ©. Jāy ressens ma progression, le meilleur de moi-mĆŖme en jeu. Et puis comme par hasard, ces courses mythiques sont souvent, les sites les plus surprenants ou forts, une parenthĆØse totale favorisĆ©e par lāorganisation. Tout y est pour dĆ©cupler la sensation de course, lāintĆ©gration dans lāĆ©preuve. Alors quand tu te prĆ©pares pour cela, pour la rencontre avec les meilleurs et le don de toi-mĆŖmeā¦et quāen plus tu franchis lāarrivĆ©e avec un rĆ©sultat, mais cāest une explosion totale de bonheur. VidĆ©, lessivĆ©, nerveusement ou physiquement cuitĀ ? impossible de ne pas exulter, pleurer, rire, crierā¦il y a forcĆ©ment de la joie en magasin. Et tu vis lĆ -dessus des semaines ensuite, des mois.
JGĀ : 2012, on sent dĆ©jĆ un format 70-80K sur lequel tu tāexprimes Ć plein. UTMB 2014 ? 11e. La Diagā suit en 2015Ā ? 4e. Depuis quand nourris-tu cette envie de 100M, et comment se passe la transition pourtant peu Ć©videnteĀ ?
DPĀ : On le dit souvent, il y a un monde entre un 100K et un 100M. 100 miles, cāest une distance que je trouve simplement formidable, car elle dĆ©passe une limite Ā«Ā raisonnableĀ Ā». Intelligible. Dans ma sensibilitĆ© de coureur, cāest la distance reine, mĆŖme si je ne connais pas des formats plus longs et qui māattirent (Tor des GĆ©ants). Elle tāoblige Ć aller au-delĆ de tout, crĆ©e des possibles, elle enseigne, surprend. Tu passes une nuit, une nuit et demi dehors, et tu expĆ©rimentes tous les Ć©tats. MĆŖme le meilleur des athlĆØtes bascule dans lāinconnu, et Ƨa te donne une idĆ©e de la force quāont des Guillon, Chorierā¦ Cāest un autre univers intĆ©rieur, physique et mental. Rester un mĆ©tronome sur 100MĀ ? chapeau bas, Ƨa en dit long sur les ressources du bonhomme. ImmĆ©diatement, jāai Ć©tĆ© bluffĆ© par ce cĆ“tĆ© expĆ©rience totale en dĆ©couvrant lāUTMB 2011. Il y avait de la poĆ©sie, du rĆŖve lĆ -dedans, alors que lāon parle de transcendance du corps, de muscle. Pour moi, la transition sāest faite naturellement car lāultra Ć©tait mon objectif 1er. Les 50, 70, 110Kā¦Ć©taient conƧus comme les Ć©tapes de ma prĆ©paration Ć ce 1erUTMB (NDLRĀ : abandon 26e, mais Ć©norme leƧon alimentaire). En 2014, je prends une revanche sur lāUTMB. Les longs formats suivent, et les saisons se construisent selon. Comme un escalier, ou un jeu de balancierā¦de course en course.
JGĀ : RĆ©guliĆØrement, tu reviens sur des courses rĆ©gionales (VallĆ©e de Joux, Cabornis, HumaniāTrail, SalĆØveā¦). Alors que tu ne manques pas dāinvitations, tu sembles vouloir rester proche de ce terrain. Simples Ā«Ā courses de prĆ©paĀ Ā» (comme disent beaucoup pour excuser une contre-perfā) ou engagement Ć©galĀ ?
DPĀ : Je pense indispensable dāĆŖtre fidĆØle Ć des courses plus petites, et sans aucune condescendance. Au contraire, ce sont elles qui maillent et font le trail. Et le niveau y surprend toujours ! LeƧon dāhumilitĆ© Ć chaque fois. Leur vie/survie a dāautant plus de mĆ©rite que leurs budgets sont autofinancĆ©s ou Ć 0/-. Chacun y met du sien, du commerƧant au tissu local, ou un athlĆØte un peu connu qui soutient la chose, etc. Par exemple, lāUltra MontĆ©e du SalĆØveĀ : sur 8 montĆ©es, les Ć©lites font le yoyo et vont croiser tous les coureurs, et tu as vu le niveau reprĆ©sentĆ©Ā ?! Impossible pour moi de faire un top 3, et cāest Stian Angermund himselfĀ qui claque ā¦9 montĆ©es et le record de lāĆ©preuve. Ā«Ā Petite courseĀ Ā» dans le GenevoisĀ ? Stian est le favori des Golden Trails, et lāun des 5 meilleurs mondiauxĀ ! Alors oui, si ma venue reprĆ©sente un pouce de like, une once de pub en plus, je mise sur ce coup de main qui me semble la moindre des choses. Le contraire serait dāoublier que chaque coureur, provient de ce terrain. Et puis non seulement ces compĆ©titions sont hyper accueillantes, mais en prĆ©pa pour se tirer une vraie bourre, cāest un pur plaisir. Moins dāobligations, moins de contraintes logistiques, de grosse machine ou de pression. LĆ on est dans le fun et le ressourcement.
C’est indispensable dāĆŖtre fidĆØle Ć des courses plus petites
ce sont elles qui maillent et font le trail.
JGĀ : Ta popularitĆ© surprend. Ainsi le 13 avril dernier (Ultra MontĆ©e du SalĆØve), nos chercheurs ont rĆ©alisĆ© une mesure live : entre les holĆ s et les Ā«Ā Je tāaimeĀ Ā», tu tournes Ć 41 encouragements nominatifs/demi-heure. On vit comment cette accroche du public, Ć toi et ton look ? Gimmick, second degrĆ© ? Ne nous fais le coup du Ā«Ā public incroyable qui me donne toute cette Ć©nergieĀ Ā». Ou alors argumente, merci. Ā
DPĀ : ImaginonsĀ : tu es trailer. Depuis quelques annĆ©es, tu es un peu mĆ©diatisĆ©, tes rĆ©sultats sont plutĆ“t corrects. Une marque tāaccompagne, dāailleurs, mais tu nāas rien dāun professionnel. Tu te lĆØves pour bosser, tu gĆØres tes 15h dāentrainement hebdomadaire, et une vie de famille. Tu viens du terrain, tu as commencĆ© parmi le quidam, et ce quidam cāest toi. Par Ć©ducation, tu nāenvoies pas balader les gens. Basique. Tu dis bonjour Ć la boulangĆØre, merci Ć ton collĆØgue, etc. Et puis, cāest ton caractĆØre alors tu souris plutĆ“t ā normal. Voici que ton niveau progresse et que la mĆ©diatisation augmente, on tāinvite, on tāencourage voire on tāapplaudit. Tu fais quoiĀ : tu restes planquĆ© dans ton hĆ“tel, tu dis Ā«Ā merci les bĆ©nĆ©volesĀ Ā» et tu retournes Ć ton hĆ“tel, ou tu rends Ć minima ce que lāon te donne en simple gentillesseĀ ???! Tu boudes ton plaisir Ć parler trail avec des journalistes, tu es trop timide et Ƨa excuse toutĀ ?! DamnedĀ !
Tout dans un nÅud papāĀ ? Si Ƨa fait sourire ou si Ƨa crĆ©e un lien, on a tout gagnĆ© et Ƨa sāarrĆŖte lĆ . Simple et libre, autant que lāenvie de hurler de joie aprĆØs 170KĀ ! Je ne cultive ni la schizophrĆ©nie, ni la contradiction. Quelle que soit ma jovialitĆ©, je ne filtre rien et jāaime simplement Ć©changer ou communiquer quand on me sollicite. Pas bien compliquĆ© en somme. Alors certes, en fonction des situations, tu ne vas ĆŖtre super disponibleĀ : un abrazo quand tu survis au K110, ou que tu franchis la ligne euphorique, Ƨa passe ou Ƨa casse. Mais ton style ou un sourire, ont plu Ć un moment particulier, le B-A-BA de lāĆ©change humain, tu fais quoiĀ ?? Aucune mystique, pas de Ā«Ā je me nourris de la force des gensĀ Ā», jāaime vraiment et simplement Ć©changer. Tu vois, jāai hĆ¢te de filer en stage, car jāai besoin de cela.
Sur le podium du MIUT 2019, aux cĆ“tĆ©s de FrancƧois d’Haene et Tim Tollesfon. Ā©Coll. Diego Pazos
JGĀ : Revenons au calendrier. Lors de notre derniĆØre rencontre (NDLRĀ : Ć peine 4ā30 de montĆ©e en cĆ“te), tu fixais tes objectifs 2019Ā : le doublĆ© cĆ©leste de lāultra, UTMB/DIAG. Nāest-ce pas trop investirĀ ? une 1ere grosse prĆ©paration pour Chamonix, et cet UTMB que beaucoup placent comme condition de leur DiagĀ ? un grain de sable et on fait quoiĀ ?
DPĀ : Depuis janvier, jāai la chance dāavoir fait un bon dĆ©but de saison. Jāessaie de temporiser, et je ne māexpose pas beaucoup depuis juin. Lāobjectif est clair et me pousse Ć fondĀ : en 2019, je veux faire une 2emoitiĆ© de saison au maximum de mon niveau, de lāexigence. LāUTMB et la Diagā, sont aussi importantes lāune que lāautre, malgrĆ© dāĆ©normes diffĆ©rences de cÅur. Cāest sur lāUMTB que se rĆ©uniront les meilleurs ā tout court ā ultra trailers. Techniciens, athlĆØtes, gestionnaires de course, etcā¦ils y serontĀ : jāy vais, pour māy frotter, apprendre et māy dĆ©passer. La Diagā, cāest une histoire Ć part. Cāest un rĆŖve, ma course Ā«Ā intimeĀ Ā», sans trop les mots pour lāexprimer. Si lāĆ©lite se retrouve Ć Chamonix, une autre Ć©lite se concentre Ć La RĆ©union. Cāest LA course. Certes, il faudra gĆ©rer la rĆ©cupĆ©ration entre les 2, mais beaucoup se passe dans la tĆŖte. Et je vais Ć lāUTMB serein, plein dāenvie mais sans me mettre une pression colossale, prĆŖt Ć croiser des brutes et sur un plateau relevĆ© (Hawks, ThĆ©venard, Capell, Tollefsonā¦). Jāattache beaucoup Ć la vision globale de la saison, et je constate quāune compensation se fait toujours ā chance, prĆ©paĀ ? ā entre bons et mauvais momentsĀ : un dĆ©but dāannĆ©e moyen et une excellente 2emoitiĆ©. En outre, jāacquiert de lāexpĆ©rience sur cette jonction UTMB/Diagā. En 2017, jāimpose Ć Vallorcine et quitte lāUTMB en 1000 morceauxā¦mais je finis 4ede la Diagā. Cāest risquĆ©. Mais jāai tellement le dĆ©sir de retourner sur lāĆ®le, que je māautorise Ć rĆŖver sĆ©rieusement. Et puis les 2 courses sont clairement identifiĆ©es et sĆ©parĆ©es dans ma tĆŖte, du climat jusquāau parcours, de lāambiance jusquāau niveau. Jāavoue presqueā¦prioritĆ© Ć la Diagā. Presque. Mais UTMB inclusā¦tu me suis, nāest-ce pasĀ ! Le challenge est lĆ .
Cāest sur lāUMTB que se rĆ©uniront les meilleurs
jāy vais, pour māy frotter, apprendre et māy dĆ©passer.
JGĀ : Tu performes dĆØs tes dĆ©buts sur 70K, mais bascule immĆ©diatement sur 100M. Le format oĆ¹ la tĆŖte compte Ć©normĆ©ment. Cela repose-t-il sur un gros travail de prĆ©paration mentaleĀ ? Quelle est ton approche de cet entrainement dĆ©sormais courant ?
DPĀ : Je crois que jāai une chance, cāest dāĆŖtre peu stressĆ© de nature. Je me prends rarement la tĆŖte, et on peut parfois y voir de la lĆ©gĆØretĆ©. Mais jāai un tempĆ©rament Ć relativiser ce qui se passe autour du but, et je fuis la complexitĆ© Ć©vitable. Jāessaie, mais Ƨa nāest pas un effort surhumain. Une fois de plus, sans aucune prĆ©tention, je suis cĆ¢blĆ© ainsi. Et puis, des caps de la vie me renforcent sur cette notion de priorisation, et donc de lĆ¢cher prise sur ce qui est annexe ou peut le devenirĀ (la paternitĆ©, bonjour la leƧonĀ ! archivue mais redoutable). Et donc non, je ne pratique pas la prĆ©paration mentale Ć proprement parler. Le domaine reste passionnant, et je vais forcĆ©ment māen approcher, notamment pour certains projets off ā plus copieux. En revanche, jāadore travailler sur lāĆ©ventail des paramĆØtres dāune courseĀ : intĆ©rĆŖt total et passion du rĆ©glage. Un 100M ne se gagne pas sur la pure vitesse ou le mental intĆ©gral, mais sur une foule dāexigences. Gestionnaire et Responsable QualitĆ©Ā : pas sexyĀ ? Ok la mĆ©taphore est hardā¦mais jāy vois les axes passionnants dāune progression. PrĆ©paration nutritive, physique, gestion des allures, du pacing, de la stratĆ©gie, de lāalimentation, du mentalā¦Et lĆ tu apprends de chaque course, et comprends ce qui peut faire sauter un athlĆØte hyper entrainĆ© et favori. Lāintelligence de course, tout un parcours, alors jāapprends, jāexpĆ©rimente.
JGĀ : lāEnvie, on en parlait en introduction. A ce jour, entre la tendance des projets Ā«Ā offĀ Ā» toujours plus longs, et lāorganisation de courses ou le coaching, quāest-ce qui te fait envie, DiegoĀ ?
DPĀ : Avec un ami, on a sautĆ© le pas il y a trois ans, pour crĆ©er le Montreux Trail Festival. Et franchement, cāest un bonheur malgrĆ© les efforts, les galĆØres, lāadministratif, lāimprĆ©vu, la gestionā¦bref. Nous avons hĆ¢te dāattaquer cette 3eĆ©dition, les bĆ©nĆ©voles piaffent, et le ton reste Ć lāimage de la devise. Ā«Ā We will rock youĀ !Ā Ā». Un peu dommage que le 160K soit annulĆ© cette annĆ©e en raison du manque de bĆ©nĆ©voles (NDLRĀ : FĆŖte des Vignerons Suisseā¦ et mĆŖme date). Mais 2020 sāannonce prometteuse avec un parcours un peu diminuĆ©, mais totalement typĆ© montagne. D+ en prĆ©vision. Parmi les courses du circuit, jāavoue que le trĆØs long māattire beaucoup, pas pour le moment mais jāy viendrai. Un Tor des GĆ©ants, par exemple, cāest un morceau fascinant et qui est prĆ©vu. Je ne sais quandā¦Enfin, cĆ“tĆ© personnel, oui un projet me fait rĆŖver : la traversĆ©e de la Suisse par la Via Alpina, en mode FKT** et surtout partagĆ©. Tenter les 380K et 24000+, mais ouverts Ć tous, pour X km, libre. Partager lāaventure avec toutes les volontĆ©s ou les rĆŖves de chacun, pour avancer. Cette idĆ©e dāune dynamique collective autour dāun dĆ©fi solo, me plait beaucoup. Le jour oĆ¹ je nāai plus dāĆ©motions, je laisse la place aux autres. Pour le moment, la boite Ć rĆŖves est encore pleineā¦ Ƨa va.
*Montreux Trail Festival ā 27 juillet 2019. 3eĆ©ditionĀ : 6 parcours, 2K<55K. Et un 160K reportĆ© Ć 2020.
**FKTĀ : Ā«Ā Fastest Known TimeĀ Ā» ou record de vitesse.