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Bruchez/Lafaille : ouverture à ski à l’aiguille du Goûter

« Je me répète souvent : être au bon endroit, au bon moment avec la bonne personne ». C’est accompagné de Tom Lafaille, fidèle acolyte de missions en tous genres, que Vivian Bruchez s’est aventuré sous l’arête nord-ouest de l’aiguille du Goûter, dans le massif du Mont-Blanc. Il raconte cette ouverture à ski qui vient rappeler qu’il reste de belles choses à découvrir dans le massif. 

Lundi 1er Mars 2021, Secteur de l’aiguille du Goûter versant nord-est et couloir nord-ouest. Ça faisait près de 10 ans que mon cousin Christophe Fada m’avait parlé de cet itinéraire. Il avait parcouru la face nord de l’aiguille du Goûter en snowboard et avait repéré ce couloir qui descend droit sous l’arête nord-est.
Il avait même imaginé un départ du sommet du mont Blanc, s’offrant une ligne d’un dénivelé de 3800m skis aux pieds jusqu’aux Houches.
Chaque année j’observais son enneigement, j’essayais de comprendre son accès, rien de facile dans un si grand secteur, surtout que c’est pas le genre d’endroit où tu peux te permettre de te perdre. En effet, les maîtres du secteur sont les séracs et les crevasses. En tant que skieur tu te sens bien minuscule et vulnérable.

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

C’est le genre de descente ou t’as les jambes bien fragiles lors des premiers virages, intimidé par les lieux. J’ai ressenti les mêmes sensations qu’au sommet du Nant Blanc et de la Blanche de Peuterey.
Le printemps dernier, avec Léo Slemett on faisait demi tour au sommet de la pente, préférant glisser versant ouest. Ce jour-là, les nuages jouaient avec nous et mes repérages n’étaient pas assez précis pour entreprendre une descente avec sérénité.
Ce lundi 1er mars, c’était le bon moment.

Je me répète souvent « être au bon endroit, au bon moment avec la bonne personne ». Accompagné de Tom Lafaille, fidèle acolyte de missions en tous genres, toujours motivé et partant pour de nouvelles aventures. J’ai clairement eu besoin de son soutien lors de la descente, entre prises de décisions et assurages sur le glacier. Cette ligne se doit d’être partagée, c’est ce qui l’a rend plus grande à mes yeux !

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

Après 15 ans de ski de pente raide
dans le massif du Mont-Blanc,
j’ai du mal à trouver des équivalents

Partis du parking de Bionnassay à 6h, on chaussait les skis à 13h au sommet de l’Aiguille du Goûter pour arriver à 17h aux Houches. 4h de descente ! 2800m de dénivelé !
Après 15 ans de ski de pente raide dans le massif du Mont-Blanc, j’ai du mal à trouver des équivalents ou peut-être la face nord de l’Aiguille du Plan et notre traversée des aiguilles de Chamonix à ski partagée en 2011 avec Douds Charlet. C’est pas une histoire d’inclinaison de pente mais bel et bien un itinéraire de haute-montagne.
On était organisés, prévoyants, bienveillants et surtout conscients des dangers. A chaque instant on cherchait le chemin le moins exposé. S’arrêter à l’abri sous des éperons, skier la rive gauche du couloir, ne jamais rester dans l’axe du couloir pour éviter une potentielle chute de pierres ou de glace.

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

le décors est irréel,
c’est un labyrinthe de neige et de glace

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

La partie du haut est bien glissante, le décors est irréel, c’est un labyrinthe de neige et de glace.
Pour accéder au couloir du bas, on a désescaladé 20 mètres et équipé un rappel de 60m. Le terrain est mouvant, les rochers bougent, c’est un château de cartes ! Le froid pinçant de cette immense face fait office de colle.
Je considère cette descente comme inédite. Elle est le fruit de nombreuses années d’expérience et de repérages qui nous ont permis de trouver un chemin vers la vallée.
Je n’ai trouvé aucune info sur cet itinéraire dans sa globalité, les copains du Tecrew, l’équipe de TV.Mountain et peut-être d’autres skieurs ont parcouru avant nous la partie du haut sur le glacier de Taconnaz et accédé à un couloir de sortie plus bas sur l’arête. Je les remercie d’ailleurs pour leurs précieuses informations sur le secteur.
Le ski en montagne c’est définitivement une histoire de passion, de patience, de respect et d’humilité !

©Coll.Bruchez/Lafaille

 

©Coll.Bruchez/Lafaille