Comment devient-on alpiniste ou grimpeur ? Si vous pratiquez aujourd’hui une activité de montagne, il y a une raison. Votre sensibilité, vos fréquentations, vos croyances, vos origines ont joué un rôle dans la construction de vos passions. Quand bien même vous les partagez, vous avez une manière très personnelle de les vivre. C’est ce que Jean Corneloup, sociologue, explique dans son livre Sociologie des pratiques récréatives en nature*. Qu’est-ce que notre façon de pratiquer révèle de nous ? À quoi ressembleront les montagnards de demain ? Éléments de réponse dans cet entretien, complété et mis à jour.
Peut-on établir un profil-type du pratiquant d’activités de montagne ?
Jean Corneloup : Le regard du sociologue permet de dépasser l’idée que le pratiquant a une relation simple et « authentique » à la pratique. Tout est construction. Tout est l’objet d’une appropriation sociale, politique ou géographique. Au cours des XIX-XXe siècles, un imaginaire d’émerveillement et d’attirance pour la montagne a immergé qui a construit le goût de l’individu pour la nature. Prenons l’exemple de l’alpinisme. Cette pratique a été dominante pendant un siècle. La montagne, c’était l’alpinisme, comme seule pratique référente des hauteurs. On la pratiquait toujours dans une perspective très classique qui consistait à aller au sommet, là-haut, proche de Dieu, de l’excellence et de ceux qui méritent d’être supérieurs aux autres. L’objet de la sociologie des pratiques est d’observer comment cette façon de faire de la montagne s’est transformée au cours des périodes de l’Histoire. Il n’y a pas,
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