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Le Tadjikistan à VTT : exploration au Pamir

Après le mont Kenya, le Kirghizistan, l’Ubaye et l’Ouzbékistan, c’est au Tadjikistan que Cédric Tassan a posé son vélo tout terrain. Chemins escarpés, eau glacée (voire gelée), rationnement et haute montagne, il nous raconte son exploration du Pamir. Conscient du danger qui l’entoure, Cédric comprend vite que « le Pamir va [lui] livrer une bataille sans pitié », comme il l’écrit dans son carnet de voyage.

Il est des fois des aventures qui marquent, qui laissent des traces. Cette dernière exploration dans les hautes entrailles du Pamir en fait partie. Récit d’une expédition très engagée, trop engagée… Il suffit parfois d’une photo pour se décider à partir. C’est exactement comme cela que j’ai craqué sur le Pamir au Tadjikistan. Habitué des pays en « -stan », de ces destinations peu classiques, je n’avais pas encore parcouru ce pays. En regardant cette photo du Tadjikistan avec en ligne de mire les montagnes de l’Hindou Kouch en Afghanistan, je le savais : j’irai là-bas…

Rapidement vient le temps des recherches d’informations et de contacts. J’essaie toujours de trouver un relais sur place, une personne qui peut m’aiguiller, me dénouer de certaines situations ou m’apporter une assistance en cas de besoin. Par relations interposées, on me parle de Sharaf de chez Pamir Trips, une référence pour les expéditions au Tadjikistan. Lorsque je prends contact, le courant passe immédiatement. Nous échangeons longuement par mail. Sharaf m’éclaire énormément sur son pays, sa situation actuelle, l’isolement du Pamir, la sécurité sur place.

©Cédric Tassan

En particulier, j’apprends que les montagnes du Pamir sont parmi les plus hostiles de la planète : éloignement, altitude, rudesse du climat. Et pourtant, depuis des millénaires, les hommes les habitent. Mais depuis déjà un certain temps, un exode vide les montagnes de ses habitants : les jeunes préfèrent s’installer dans la capitale Dushanbe ou migrer en Russie, là où ils peuvent trouver du travail. Les traditions et la culture du Pamir sont alors en danger.

Sharaf a une idée pour tenter d’apporter un peu d’emplois dans ces vallées : la création de camps de yourtes pour les trekkers et les touristes. Comme dans le pays voisin au Kirghizistan qui a une grande longueur d’avance, ces yourtes font vivre de nombreuses familles. Cette idée me séduit et je souhaite apporter ma contribution. Je contacte en particulier deux de mes sponsors : Powertec et Katadyn. L’un est fabricant de panneaux solaires de grande qualité, l’autre de systèmes de filtration d’eau performants. Dans les deux cas, ce matériel est vital pour les yourtes. Sharaf m’explique que depuis le Tadjikistan, il est difficile de trouver du matériel de qualité. Mes deux sponsors n’hésitent pas une seconde, je ferai ainsi la mule et transporterai dans mes bagages ce précieux matériel.

Je ferai ainsi la mule
Et transporterai dans mes bagages ce précieux matériel

Le projet prend forme, mon itinéraire reliera aussi les deux futures camps de yourtes que Sharaf souhaite créer. Ainsi, je ferai la promotion de ces installations afin que, par le biais d’articles et d’un documentaire, le public ait connaissance de ces yourtes et ait l’envie de découvrir cette région du monde. En parallèle, je crée une cagnotte en ligne (voir encadré) où 100% des dons iront au Pamir. La création de ces camps de yourtes s’étalera jusqu’en 2024.

©Cédric Tassan

©Cédric Tassan

Je me prépare du mieux que je peux. Je sais que je vais rencontrer un terrain de montagne. Je sais que je n’ai pas besoin d’être une brute au pédalage, je vais devoir plutôt travailler ma rusticité. C’est ce que j’entreprends dans l’hiver, me forçant à me baigner en mer, par tous les temps, toutes les températures, les conditions : de jour comme de nuit, par grand vent… Et en rentrant chez moi frigorifié, c’est une douche froide qui m’attend. Je me renforce tant bien que mal, essaie surtout de repousser ma zone d’inconfort, que ce soit physique ou mental. Après un voyage au Kirghizistan pour retrouver mes amis de mon premier voyage, je renforce mon taux de globules rouges en passant un maximum de temps à plus de 3000 mètres d’altitude.

©Cédric Tassan

Quinze jours après, je suis sur la route qui mène dans le Pamir. Je découvre l’isolement du territoire où il faut deux grosses journées de 4×4 pour venir me déposer là où commence mon aventure. Autant dire qu’en termes d’engagement, j’ai mis la barre haute. Le long de ce trajet, je suis frappé par la proximité avec l’Afghanistan. Pendant plusieurs centaines de kilomètres, nous longeons la frontière avec ce pays si particulier. Seule une rivière en furie, le Pandj, sépare deux mondes. Car même si le Tadjikistan est un des pays les plus pauvres du monde, l’Afghanistan ne lui arrive pas à sa cheville…

Et avec l’arrivée des Talibans, le pays s’est encore plus enfoncé dans le mutisme. Du côté Tadjik, de la circulation, des camions, des villages avec des magasins, des femmes vêtue à l’européenne, les pamiris sont ismaéliens, une branche chiite particulièrement tolérante de l’islam. De l’autre, des maisons en terre dissimulées dans les montagnes, une vie discrète, du mystère… La beauté de la rive afghane est aussi éblouissante…

Le dragon bleuté qui se dévoile
devant moi semble bien calme,
mais qui sait ?

Terminus, je descends fourbu du 4×4. Il est temps de monter le vélo. C’est un moment où il faut rester bien concentré, ne pas faire d’erreur, ne rien oublier. Mon Sunn est prêt, il est bien équilibré, tout est parfaitement fixé. Veillée d’armes, le grand jour, c’est demain. Et le programme de ma première partie est très engagé : je pars pour cinq jours où je ne trouverai aucun ravitaillement… Pour rester le plus léger possible, je n’ai pas de réchaud, ni de gaz. J’ai fait quelques achats de nourriture, tout est parfaitement rationné. Les deux premiers jours, je suis accompagné par Bukhon et son âne. Je me déleste de ma nourriture. Mon ami tadjik est surpris que son âne soit si peu chargé ! Habituellement les trekkers marchent avec quasi rien sur le dos.

Notre trio se met en route, la remontée de la rivière Murghab est magnifique. Au début, le sentier est vraiment beau, je suis sur un nuage. Mais parfois il se dégrade, notamment quand il lèche la rivière tumultueuse. Plus loin c’est le mur : 600 m de dénivelé dans les rochers, sous un soleil de plomb. Bukhon voudrait m’aider, je souhaite me débrouiller seul, une attitude finalement peu raisonnable… Au sommet de cette montagne, un chaos de blocs ! Le chemin se fraie dans les rochers, ce sont les prémices de mon aventure. Mais cela, je le comprendrai plus tard.

Nous sommes ici sur la partie sommitale du barrage naturel du lac Sarez. En 1911, un puissant tremblement de terre fait s’effondrer des milliards de mètres cube de roches. Sur 1500 m de dénivelé de haut, la montagne glisse et vient bloquer la rivière. En quelques années, un immense lac vient se créer derrière ce barrage : le lac Sarez, l’étendue d’eau la plus dangereuse du monde. Si le barrage venait à céder, 8 millions de personnes seraient en danger ! L’eau irait d’ailleurs donner à nouveau vie à la mer d’Aral située à plusieurs milliers de kilomètres. Le dragon bleuté qui se dévoile devant moi semble bien calme, mais qui sait ?

©Cédric Tassan

Je signe de ma plus belle signature un document
qui me prévient clairement du danger qui m’attend

C’est à ce moment-là que les ennuis commencent. Un gars, sorti de nulle part, me demande mon permis. Je lui explique, il parle quelque peu anglais, que je suis inscrit sur la liste des personnes autorisées à venir ici. Car, en effet, il faut un permis pour entrer dans cette zone ultra-sensible. Les palabres commencent et vont durer plus de trois heures.

Planté dans les blocs, fatigué, je tente tous les stratagèmes : sympathie, compassion, énervement, fatigue.. Finalement, à la nuit tombée, je suis autorisé à passer… Trop tard pour aller dormir là où je voulais profiter du paysage et de la belle lumière. J’enrage. Mais je gagne un repas chaud dans les locaux de la base de surveillance du lac. C’est ça de moins à taper dans mes vivres. Avant d’aller me coucher, on vient à nouveau me chercher pour signer une décharge en responsabilité : ici, les trekkers qui veulent continuer empruntent un bateau pour traverser le lac. Il existe bien un sentier mais il est ultra exposé et effondré par endroit. Bien entendu, j’avais déjà décidé de ne pas prendre le bateau ! Je signe de ma plus belle signature un document qui me prévient clairement du danger qui m’attend.

©Cédric Tassan

Le lendemain, après une heure dans les blocs, nous attaquons un nouveau mur : 700 m de dénivelé cette fois-ci. Et là, je demande à Bukhon de me filer un coup de main. Moi qui pense ne pas avancer quand je pousse mon vélo, je le vois autant en difficulté quand il s’occupe de ma machine. Me voilà rassuré ! Nous nous relayons jusqu’au sommet de la montagne. En haut, nous prenons une bonne collation. La suite est magnifique : un très beau plateau à quasi 4000 m me permet de prendre une avance considérable. Quand le sentier plonge vers le lac, c’est avec euphorie que je roule face à cette entendue bleue.

Le sentier se corse, j’attends mon ami. Il est déjà surpris que j’aie pu rouler autant. À présent, cela ne rigole plus et je comprends pourquoi j’ai été mis en garde. L’âne est déchargé de ses sacoches, c’est trop dangereux pour lui. Je fais le tri dans la nourriture et laisse de côté pas mal de choses. Bukhon est à nouveau surpris du peu que j’embarque pour plus de trois jours. Mais dans quelques heures, je vais devoir tout porter tout seul…

Le sentier est vraiment impressionnant, certains passages sont très dangereux. Le sentier est effondré, une chute et c’est la mort assurée. Je reste concentré sans penser aux conséquences. Dans les remontées exténuantes, nous nous relayons. Après une bagarre de plusieurs heures, nous arrivons dans la vallée de Irkht. Sans l’aide de Bukhon, je pense que j’y serais encore ! Mon ami passera la nuit dans une cabane. Même si je suis explosé par ces 12 heures d’effort, je me dis que je n’ai plus que 7 km à faire jusqu’au bivouac que j’avais prévu.

Je comprends que le pamir va me livrer une bataille sans pitié

©C.T.

Je me charge comme une mule, salue Bukhon et m’enfonce seul dans cette vallée isolée encadrée par des sommets de plus de 5000 m. Au bout d’un kilomètre, je comprends que le Pamir va me livrer une bataille sans pitié. Je suis venu ici en pensant que cela se passerait comme d’habitude. Mais la donne change. Les montagnes sont si sauvages qu’il n’existe aucun sentier. J’ai le choix entre les marécages et les blocs rocheux.

Je suis passé dans un autre mode : celui d’avancer à tout prix, sachant que je ne peux plus faire machine arrière. Le salut est devant, ma survie passe par le haut, mes vivres sont limités. Je suis seul, personne pour me guider ni me venir en aide. La nuit tombe, j’allume ma frontale. Je quitte les rochers et m’enfonce dans l’eau glacée des marais. Tant pis, ce sera toujours moins fatiguant… Le ciel étoilé est magnifique, j’avance trempé, ne pense qu’à ça et à trouver un coin pour la nuit. Il viendra vers 20h30. Je me glisse dans mon duvet, la tête face à la voûte céleste, je n’ai pas de tente.

Des traces de panthère des neige constellent le sable !

Réveil matinal, j’ai compris que les journées vont être longues au Pamir. De bon matin, je bataille du mauvais côté de la rivière, je brasse dans l’eau glacée pendant presque deux heures, tentant de traverser ce maudit cours d’eau qui manque de m’emporter plusieurs fois. Garder son sang-froid, tâcher de comprendre comment la rivière fonctionne, déchiffrer le meilleur passage, c’est ce que je dois faire. Finalement je lui détecte une faiblesse et me retrouve trempé sur la bonne rive.

Des traces de panthère des neige constellent le sable ! Extraordinaire ! Je suis sans doute épié. Je deviens moi-même animal dans cette aventure. Cette vallée n’en finit plus. C’est un chaos rocheux de plus de 20 km. Quand ma vitesse moyenne ne dépasse pas les 1.5 km/h, je vous laisse faire le calcul. Je sors de cet enfer en fin de journée, face à un camp de bergers où je suis invité à partager du pain et du beurre ainsi qu’un thé chaud. Je me jette sur la nourriture et remercie mes hôtes chaleureusement. Nous sympathisons très vite et suis prié de dormir avec eux dans leur modeste cabane en terre. Je m’endors avec toute la famille dans cet abri incroyable. 

©C.T.

Au matin, je partage un grand moment avec les femmes qui s’affairent à la préparation du beurre. Ici, la famille produit 40 kg sur la courte saison d’été : trois mois environ. Ils viennent d’un village à plusieurs jours de marche et doivent franchir un haut col dans la neige avec leur millier d’animaux ainsi que des enfants très jeunes. Une vie rude à mille lieux de la nôtre.

Je quitte le campement pour remonter une très longue vallée ou plusieurs lacs s’enchaînent. Cette configuration m’offre du répit et me permet quelques bons moments de pédalage. Le soir, j’installe mon bivouac à 4500 m, non loin du col que je devrai franchir demain matin. Au réveil, c’est la grande surprise : de la glace partout, l’eau dans mes bidons est figée. Il a du faire froid. Je suis bien content d’avoir du bon matériel. Je passe le col comme une simple formalité : un peu plus de 4600 m avec en prime l’excitation d’une bonne descente. Mais j’ai des doutes : pourquoi le terrain changerait-il ? En effet, je mène une nouvelle bagarre avec les éléments. Je monte sur mon vélo dès que je peux. Et ce malgré la technicité du sentier.

Pas de répit : à côté du vélo, c’est fatiguant, sur le vélo c’est épuisant ! J’arrive au pied du futur premier camp de yourtes, un bel emplacement à la croisée des itinéraires. Je pense, à tort, qu’à partir de là, le long de la rivière je vais pouvoir égrener les 20 kilomètres qu’il me reste facilement. Erreur, je mène un nouveau combat avec la montagne : je grimpe sur des blocs rocheux, doit ramper sous les arbres et les épineux. Une branche m’explose la visière de mon casque. Heureusement, je n’ai rien. Avertissement sans frais : rester calme et avancer méthodiquement !

Je file à travers les arbres et trouve le salut

À quelques kilomètres du village, il est déjà tard, une rivière me barre le chemin ! Infranchissable dans l’eau ! Merde, je ne vais pas rester coincé cette nuit. Comme il n’y a aucun chemin nulle part, difficile de s’aiguiller. Il y a forcément un passage. Si seulement j’avais un local à mes côtés ! J’ai le réflexe de sortir mon téléphone et de faire défiler les cartes satellite que j’avais téléchargé au préalable. Bingo, je repère un pont ! Merci la technologie. Je file à travers les arbres et trouve le salut. J’entre dans le village de Bachor fatigué, affamé, assoiffé et puant de ma cinquième journée sans douche : 45 km dont une grande majorité à plus de 4000 mètres d’altitude !

Après avoir trouvé une guest-house, je suis invité à un mariage pamiri ! Malgré la fatigue, je ferai la fermeture. Une telle chance ne peut se laisser passer. Le matin je traîne au village, retourne rencontrer un gars avec qui j’avais bien discuté. Je souhaite l’interviewer  pour mon film. Désormais, c’est une journée de transition sur piste. Facile, il n’y a qu’à faire tourner les jambes malgré un fort vent de face. 

©Cédric Tassan

Un alpage au pied des imposants pics Engels et Karl Marx

Tout ne se passe pas comme prévu. Le muletier que je voulais embaucher pour m’offrir un peu de répit n’est pas très opérationnel. Je refuse de passer deux jours avec lui en montagne, je ne le sens pas. Son manque d’expérience pourrait saboter mon aventure. J’opte pour le plan B, filer à Khorog la capitale du Pamir : 114 km avalés en une demie-journée. Je retrouve le bruit, la civilisation. J’en profite pour me goinfrer au restaurant.

Le lendemain, le président du Tadjikistan a la bonne idée de venir faire un tour à Khorog : tous les accès de la région sont bloqués. Impossible de sortir de la ville ni d’en entrer avant 16 heures. Je n’ai pas le choix que de trouver un véhicule pour me remonter dans la montagne à l’endroit où j’aurais dû arriver avec mon muletier. 120 km de pistes défoncées plus loin, nous arrivons dans le village perdu de Javshangoz. Fourbu par le trajet, je file au lit.

Après avoir interviewé une personne du village qui travaillera pour le deuxième camp de yourtes, je file découvrir le spot à proprement parlé. Dans l’après-midi, je découvre un lieu magique : un alpage au pied des imposants pics Engels et Karl Marx ! C’est là, sous ces sommets de presque 7000 m, que le deuxième camp devrait voir le jour. Je fête cela avec un repas simple mais bien mérité : des sardines et du pain. Je redescends fissa la vallée, traverse un long plateau au soleil couchant puis remonte une nouvelle vallée jusqu’à la nuit tombée. Encore une grosse journée au Pamir et, cette fois-ci, majoritairement sur le vélo. 

©Cédric Tassan

©C.T.

C’est la dernière partie de mon aventure et je sais que je vais en baver. Mais je suis inquiet par les dires des locaux de Javshangoz : « tu ne passeras pas le col, il y a de la glace ! » C’est ce que j’essaie de chasser de ma tête toute la journée en grimpant jusqu’à mon bivouac à plus de 4500 m. Courage, demain, c’est ta dernière journée, me dis-je. Je dors bien emmitouflé. En tous cas, la météo est exceptionnelle durant mon séjour. Car ici, on peut passer de l’été à l’hiver en un claquement de doigt. 

4h50 : je suis parti, on y voit à peine. Je navigue à la frontale. Ne connaissant pas le chemin et n’ayant aucun balisage au sol, j’opte pour le versant de gauche. Il est plus facile à remonter que la moraine noire du glacier. Malheureusement j’arrive trop haut et voit le glacier bien plus bas. Je ne continue pas de monter plus haut au risque de me trouver coincé sans pouvoir traverser et rejoindre la neige. Je dégringole prudemment la moraine croulante pour rejoindre le bas du glacier. Je prends pied sur le manteau blanc, verglacé par endroit. Sans crampons, je dois redoubler de prudence.

La beauté du corridor de Wakhan m’éblouit, me transcende, me marque au vif

Après 1h30 d’ascension, j’atteins le col de Vrang, mon GPS indique 5013 m ! C’est d’une beauté incroyable, sauvage, isolé… Je sais que je n’ai pas fait le plus dur. C’est la descente qu’il va falloir gérer. Et comme les jours précédents, je dois faire preuve de détachement par rapport à l’épreuve qui m’attend. Des heures de blocs à descendre, des parties sur le vélo très techniques, des sentiers qui se perdent, des remontées éreintantes et des traversées de rivière problématiques. Pour finir de m’achever, une longue partie finale exposée se dresse comme un dernier rempart. Le fort de Vrang indique que j’en suis presque au bout.

Je prends pied dans le célèbre corridor du Wakhan, le bout du monde, un endroit unique au monde. Je viens de mettre deux jours pour franchir ce col de Vrang avec 35 kg de matériel. Quand les trekkers assistés de guides et mules en mettent quatre, c’est une belle performance. Je retrouve le Pandj et l’Afghanistan dans une symbiose parfaite. La beauté du corridor de Wakhan m’éblouit, me transcende, me marque au vif. Je sais que désormais les kilomètres qu’il me reste à faire ici les prochains jours ne seront qu’une formalité. Je boucle une traversée éprouvante du Pamir et qui m’aura relevé des ressources que je ne me connaissais pas. J’aurai découvert un peuple d’une extrême gentillesse, d’une bienveillance fantastique. Finalement moins tu possèdes, plus tu donnes… À ne jamais oublier pour un monde meilleur. 

Infos pratiques

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Nous vous conseillons de passer par Sharaf pour organiser votre séjour au Pamir. Ses coordonnées :  [email protected] / +(992) 931112533 / WhatsApp/Telegram : +992900041199

Documentaire

Cédric Tassan prépare un film documentaire sur le sujet, qui devrait s’intituler VRANG. Il sera diffusé à partir de 2025.