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Le monde d’en haut de Raymond Renaud

Les bonnes feuilles des éditions du Mont-Blanc

Enfant vite orphelin, Raymond Renaud a dû survivre quasiment seul, à 8 ans, dans un hameau très pauvre des Hautes-Alpes. Il devient pourtant guide, major de sa promotion, avant de réaliser de grandes ascensions comme la première solitaire hivernale de la face nord de la Meije, et de se tourner vers l’Himalaya. Cette nouvelle édition de son autobiographie est l’occasion de se plonger dans le destin hors du commun de ce très grand alpiniste. Voici les bonnes feuilles du Monde d’en haut, de Raymond Renaud, aux éditions du Mont-Blanc.

Chapitre I. 1957, à la Meije.

Au glacier Carré, nous mettons les crampons pour traverser cette masse de glace d’une inclinaison moyenne de 45°. Cette ascension est pour moi celle des « premières » : premier passage du col du Lautaret en voiture, première nuit en refuge, première course en haute montagne, premiers crampons, première prise de conscience du danger. Sur ce glacier en dévers, il est évident que si l’un d’entre nous glisse, il entraînera les deux autres dans une chute mortelle de 400 mètres. Le pincement de la peur est là. Je fais sa connaissance, sans savoir qu’il sera mon plus fidèle compagnon ma vie durant. À la brèche du glacier Carré, nous sommes au pied du Grand Pic, le sommet principal du massif. L’escalade est aérienne, on aperçoit tout en bas le village de La Grave. Dalles, fissures, dièdres et cheminées, tout s’enchaîne sans encombre sur la face sud. Je ne réalise pas ce qui m’arrive.