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MARIO COLONEL

j’étudie encore le mystère de mon attrait pour la montagne

Mobiles #8
C’est une question qu’on nous pose souvent. Et que l’on se pose parfois. « Pourquoi je vais en montagne ? » Il y a du social et de l’intime dans ce point d’interrogation.
Certains disent qu’ils ont la réponse, certains qu’ils ne s’interrogent pas, d’autres qu’ils cherchent encore le mobile, ce drôle de mot qui dit la raison, l’impulsion autant que le mouvement.

Mobile :
1. Adjectif. Qui peut se mouvoir.
2. Nom. Motif qui pousse à agir.

Mario Colonel
photographe

Chacun d’entre nous, quelque soit le continent où il est né ressent un appel. Comme si au plus profond de nos gènes, se transmettait de générations en générations un attrait pour les mystères et les émerveillements. Elle a pris beaucoup de noms, une pléthore même, sautant de la spiritualité à la contemplation, de l’art sous toutes ses formes au dépassement de soi. Souvent la nature a été le témoin de toutes ces interrogations. Et ce n’est pas un hasard si au cœur des montagnes, les hommes ont installé tous les mythes fondateurs et les  lieux de méditation les plus hauts perchés. 
Depuis toujours l’homme a vécu au centre d’éléments qui l’ont souvent dépassé. Finalement, on répond à nos incertitudes, à nos manques, à nos peurs par d’autres mystères. On a alors trouvé des mots, des attitudes, un cérémonial pour définir finalement cette part de soi. On a appelé ça « l’alpinisme ». Personnellement j’ai toujours été traversé par ces émotions. La peur des dangers imminents, l’attractivité des verticales, le plaisir de contrôler son corps, la jubilation de réussir, la joie de la cordée, l’émotion face à l’horizon et la beauté toute brute. Une multitude d’attitudes pour s’apercevoir qu’il n’y a pas toujours une seule réponse valable. Et si finalement le merveilleux n’était pas là, dans cette non-réponse qui nous pousse à y retourner ? Comme je suis un curieux, j’étudie encore le mystère de mon attrait pour la montagne…

J’appelle cette photo vertige, non pas au sens vertical mais parce qu’elle nous entraîne au plus profond de notre imagination. Qu’y -a-t-il derrière ?
On dit que les yeux sont les reflets de l’âme. Une photo en est donc sa continuité. J’ai toujours aimé cette photo, le rapport entre l’homme et la montagne.  Un voile nuageux comme un théâtre ambulant, ouvrant la scène sur des montagnes mystérieuses. Certains y voient une métaphore spirituelle. Chacun analyse le mystère comme il veut et c’est cette liberté-là qui est merveilleuse. Nos visions sont multiples et tout autant passionnées.

 ©Mario Colonel