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Compétition d’escalade en Arabie Saoudite : la lettre ouverte des grimpeurs à l’IFSC

Alors que la Cop28 établissait ses quartiers à Dubaï, le débat sur le poids politique des pays producteurs de pétrole peu soucieux de démocratie s’immisce jusque dans le monde de l’escalade. La fédération internationale, l’IFSC, vient d’organiser une compétition à Neom, en Arabie Saoudite, lors des Neom Beach Games, où le français Mejdi Schalck s’est imposé en bloc. En plein désert, le projet urbain Neom est sujet à de vives critiques, dans un pays où les droits de l’homme sont jugés inexistants. Pour le collectif ACTS (Action Collective de Transition pour Nos Sommets), le fait pour l’IFSC et son président, Marco Scolaris, d’organiser cette compétition à Neom revient à cautionner le greenwashing d’un régime qui de surcroît assassine ses opposants. La lettre ouverte adressée à l’IFSC est signée par des stars de l’escalade dont certaines, fait notable, sont des compétiteurs tels que Adam Ondra, Alex Megos, Manon Hily, et par des personnalités telles que Kilian Jornet, Tommy Caldwell et Margo Hayes.

« Du 22 au 24 novembre, la Fédération Internationale d’Escalade Sportive a organisé l’IFSC NEOM Masters 2023 dans le cadre des NEOM Beach Games, une série d’événements sportifs organisés stratégiquement pour la promotion du projet NEOM. C’est avec une grande tristesse et une grande déception que nous, soussignés, avons pris connaissance de cet événement et de ses implications.

NEOM est un projet de mégapole futuriste de 500 milliards de dollars en cours de construction sur la côte de la mer Rouge en Arabie saoudite. Greenwashing, lobbying massif, expropriations,… Selon Amnesty International et ALQST (ONG saoudienne indépendante de défense des droits de l’homme), NEOM est un désastre écologique et une violation des droits de l’homme. La communauté des grimpeurs ne peut accepter que sa fédération promeuve un tel projet du régime dictatorial saoudien. Ce projet se traduit par l’expropriation violente de populations indigènes, l’assassinat d’opposants politiques et la destruction irréversible d’écosystèmes. Quel a été l’avis de la commission d’éthique de l’IFSC lorsqu’il a été décidé que l’escalade ferait partie des NEOM Beach Games ?

Cela nous amène d’ailleurs à une critique écologiste plus globale : notre attachement à la nature et au respect de la dignité humaine, inhérents à notre pratique, nous obligent à demander à l’IFSC de prendre ses responsabilités dans la lutte permanente contre la destruction de toutes les espèces vivantes.

 

NEOM est un désastre écologique et une violation des droits de l’homme. La communauté des grimpeurs ne peut accepter que sa fédération promeuve un tel projet du régime dictatorial saoudien

Nous demandons :

La création et le financement d’un comité environnemental et éthique indépendant afin de s’assurer que l’IFSC respecte réellement ses valeurs écologiques. Ce comité mettrait en place la stratégie de la fédération pour sa transition écologique, et rendrait compte en toute transparence des actions concrètes réalisées, dans le but de respecter l’Accord de Paris (COP21) et le cadre de  » Sports for Climate Action  » (Sports for Climate Action | UNFCCC). Ce comité aurait également pour mission de quantifier l’empreinte carbone, l’impact environnemental et social des événements de l’IFSC.

En termes de sponsoring et d’événements, le renoncement à des partenariats avec des entreprises ayant un impact écologique et humain négatif significatif avéré (secteur à forte émission de GES : énergies fossiles, aviation, automobile ; générateurs de déchets : plastique à usage unique ; produits alimentaires nocifs pour la santé, etc.) Ainsi, nous demandons à l’IFSC de mettre fin à son partenariat avec « Japan Airlines » et « Toyo Tires ».

L’obligation pour tous les membres du conseil d’administration de l’IFSC et ses principales parties prenantes de participer à un programme d’éducation substantiel sur les questions de la crise écologique et climatique, ainsi qu’à un module de formation obligatoire sur la sensibilisation à l’écologie pour les athlètes et les entraîneurs internationaux. Des lignes directrices et des programmes concernant l’éducation et la sensibilisation des athlètes et des parties prenantes des différentes fédérations nationales devraient être élaborés et mis en œuvre.

En tant que communauté, nous croyons fermement que l’escalade doit rester un sport exemplaire sur le plan éthique. N’oubliez pas que l’escalade sportive ne sera pas possible dans un monde « au-dessus de 4°C ».

La crise écologique est le défi le plus difficile que nous ayons eu à relever. Affrontons-la ensemble.

 

Parmi les signataires :

Tommy Caldwell, 

Adam Ondra, 

Catherine Destivelle, 

Josune Bereziartu, 

Kilian Jornet Burgada, 

Alexander Megos, 

Margo Hayes, 

Solènne Piret, 

Simon Lorenzi, 

Paul Jenft, 

Manon Hily, 

Camille Pouget, 

Julia Chanourdie, 

Nailé Meignan, 

Katherine Choong, 

Caroline Ciavaldini,

Arnaud Petit…

Voir la lettre et la pétition d’ACTS