fbpx

Suivez le guide : cascade de glace

Notre pédago tous niveaux

© Petzl/MathisDumas

Le plein hiver, c’est la cascade de glace. Révisez vos techniques pour grimper en sécurité : gestuelle, brochage, construction d’un relais et, ce qui peut toujours servir, construction d’une lunule. Vous serez paré pour ce qui est peut-être le plus beau support de grimpe qui soit. Le plus magique et le plus rare !

1 Crampons bi-pointes ou mono-pointe ?

En réalité cette question existentielle ne se pose plus vraiment en cascade de glace, et bien sûr en mixte ou dry-tooling, des situations où les crampons mono-pointes sont plus efficaces. Sur les structures raides en glace, pouvoir ancrer son pied sans effort dans par exemple dans le précédent ancrage d’un piolet et ce, sans éclater la glace (ce qui peut arriver plus souvent avec des bi-pointes), est un vrai bénéfice. La légèreté du Dart est également un vrai atout. Les bi-pointes ? Elles sont à conseiller pour les débutants dans la pratique de la cascade. Mais le cas de conscience se pose pour la glace moins raide et les goulottes. Un crampon bi-pointe sera plus polyvalent et plus confortable dans des couloirs en glace et neige qu’un mono-pointe, et sera doté d’un anti-botte avant, comme le Lynx. Jouez aussi sur la longueur réglable des pointes avant : plus court (et plus précis) pour le mixte et la glace raide, plus long pour les couloirs et goulottes.

La panoplie complète du glaciairiste : casque, harnais, piolets techniques, broches, crampons, corde à double, cordelette et crochet à lunule. ©Petzl

Bi-pointe ou mono-pointe ? En glace raide, notre coeur (et notre raison) penche pour le mono.

Pole position

Vous l’avez deviné en grimpant vos premiers mètres en cascade : la glace, c’est fatigant. Il s’agit donc d’optimiser sa position et ses placements pour économiser son énergie. Commençons par la position de base. Gardez les bras tendus le plus possible. Pour dauber le plus tard possible ! Une astuce : pas la peine de serrer la poignée de vos Nomics une fois le piolet planté : au contraire, relâchez-vous pour minimiser l’énergie nécessaire à vous hisser grâce à ce qui est quand même un « bac », à savoir la poignée de votre piolet. Plaquez votre bassin et écartez légèrement vos pieds et surtout les talons vers le bas. Vous éviterez la surchauffe de mollets, et surtout, vous renforcerez l’ancrage de vos pointes avant en appuyant votre crampon sur la deuxième série de pointes.

Concentration, équilibre et économie de frappe. ©Petzl/Mathis Dumas

3 Travaillez la gestuelle

Il s’agit de progresser dans le but d’économiser votre énergie, en optimisant votre gestuelle. L’erreur du débutant consiste généralement à frapper fort les piolets et peu (ou pas) les pieds : rappelez-vous de l’escalade en rocher, c’est pareil en glace ! Il faut au contraire frapper un minimum vos crampons, et planter votre piolet sans faire le bûcheron (expression connue en cascade, qui symbolise le grimpeur peu délicat) ce qui se traduit en général par a) une fatigue rapide b) une glace qui explose en morceaux sur votre assureur. Plantez votre piolet en visant un creux plutôt qu’une bosse. Évitez de monter trop haut et au-dessus de vos piolets (gare au désancrage intempestif). Utilisez votre position haute sur le manche et relâchez régulièrement l’un de vos bras. Souvenez-vous de la règle de base en glace : ne pas tomber. Et forza !

Souvenez-vous de la règle de base en glace : ne pas tomber.

Matthias Scherer dans Murchison Falls, Canada. ©Petzl/Mathis Dumas

4 L’art subtil du brochage

Attention, voici le Graal du grimpeur en glace : savoir brocher ! La glace étant dépourvue de ces beaux spits qui fleurissent sur le rocher, il faut vous protéger en vissant vos broches à glace. N’attendez pas d’être dans une position délicate, ou trop fatigué pour brocher. Choisissez la glace suffisamment épaisse et visiblement homogène. Évitez comme la peste les zones de glace tendre et le pire, les zones couvertes de neige regelée. Procédez à un nettoyage de surface si nécessaire. Amorcez le vissage d’une main ferme, à hauteur de bassin pour avoir le maximum de force. Ne brochez pas à hauteur de tête, c’est crevant.  Une fois les premiers tours effectués, l’instant crucial où la broche est amorcée, soufflez et utilisez la manivelle pour finir le brochage. Un conseil d’ami : entraînez-vous dans les passages faciles à visser de l’autre main que votre main habituelle. Cela vous servira un jour, et ému(e), vous repenserez à Alpine Mag.

Bras bien tendu, brochage à hauteur de ceinture. ©Petzl/Mathis Dumas

© Petzl

5 Faire un (bon) relais en cascade

Vous voici enfin sur cette vire, longuement rêvée, après votre longueur. Première chose : trouvez un bon emplacement, qui anticipe la longueur suivante, et donc à l’abri des (futurs) projectiles en vous décalant. Construisez votre relais sur deux broches au minimum, avec un angle entre les deux points pas trop ouvert, et, dans le cas d’un angle assez fermé, décalez l’un des points vers le haut et l’autre vers le bas. Clippez chaque point avec un nœud de cabestan (puisque vous grimpez forcément avec deux brins de corde), avant de compléter par une sangle double sur lequel vous mettrez votre Reverso. Checkez la direction dans laquelle s’exerce l’assurage, de manière à bien répartir l’effort sur les points.

Tanya et Heike Schmitt se relaient dans le Weeping wall au Canada. © Petzl/Mathis Dumas

6 Restez concentré pour la descente

Si vous descendez dans l’axe de montée, vous pouvez confectionner des lunules lors de la montée. Dans tous les cas, nettoyez bien la glace de surface, irrégulière et tendre, pour obtenir une large surface de glace dure. Prenez une grande broche (18cm mini) et réalisez un V en vissant une deuxième broche dans l’axe de la première (que vous aurez laissé à moitié en place pour mieux viser). Une cordelette, un crochet pour la récupérer et le tour est joué. Vous pouvez remercier Vitali Abalakov, alpiniste soviétique qui inventa cette technique, longtemps oubliée, dans les années 30. Si vous aimez la vie, on vous conseille de doubler votre lunule Abalakov par une broche que le dernier de la cordée enlèvera avant sa propre descente.

7 Affûtage

Chaque glaciairiste a ses petits secrets pour (bien) affûter ses lames et ses pointes de crampons. Suivez l’angle initial, et utilisez si possible un étau pour bloquer votre piolet, ce qui permettra justement de mieux respecter l’angle de la lame. Pensez à faire sécher vos engins pour éviter les points de rouille. Vos précieuses broches sont vos assurances-vies : affûtez les avec soin, l’outil dédié LIM’ICE permet d’aiguiser les dents du trépan. Et vivement le weekend prochain.

La glace, c’est aussi le mental. Démonstration par Matthias Scherer dans Whiteman Falls au Canada © Petzl/Mathis Dumas

Retrouvez toutes les infos techniques dans les Access Book sur le site de Petzl.