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Quel objectif pour quelles photos outdoor ?

Choisir le bon objectif n’est pas toujours chose facile. Le poids, le prix et surtout le type de photos souhaitées sont autant de critères pas toujours faciles à suivre. Voici quelques conseils et du vécu pour y voir plus clair dans la jungle des focales.

Il y a des dictons qui disent que l’arc ne fait pas l’Indien, ou que la couronne ne fait pas le roi, ou encore que le matériel ne fait pas le photographe. Je suis 100% d’accord avec ce dernier dicton, mais le matériel vous aidera certainement à explorer de nouveaux horizons.
On me demande souvent quels sont mes objectifs préférés quand je photographie. Il n’y a pas vraiment de réponse unique, mais je peux partager avec vous ce qui fonctionne le mieux pour moi.
Je suis un Canoniste, c’est à dire que j’utilise du matériel Canon, même si à l’avenir, je vais probablement changer pour quelque chose de plus léger et performant. Quoi qu’il en soit, ce précieux équipement m’a été fidèle dans des conditions extrêmes. Rien à redire de ce côté-là.
J’ai pris beaucoup de photos avec des objectifs de grande qualité. Il faut cependant se souvenir que le premier et le meilleur appareil photo, c’est l’œil et le regard que l’on porte. Mes photos ont été publiées dans différents médias et magazines pour illustrer des articles ou de la publicité.

Je dois dire, avant de passer à ma sélection des 5 meilleurs objectifs, qu’avant un shooting, je fais une réunion très détaillée avec mes clients afin de comprendre leurs besoins, de proposer des solutions et de comprendre ce dont ils ont besoin pour parvenir à leurs fins C’est une fois que tout est clair dans ma tête que je décide alors de l’équipement que je vais utiliser. Chaque shooting est différent. Certaines missions ne prennent que 2-3 heures tandis que d’autres prennent 2-3 jours, de sorte que la quantité d’équipement varie beaucoup.

Pour débuter

Sur le marché, on trouve tout le nécessaire pour capturer de beaux moments, et la gamme de prix peut varier en fonction de votre portefeuille.
Vous pouvez acheter un objectif dont le prix varie entre 150 € ou 2500 €, voire plus, en fonction de vos attentes.
Sur une base normale, pour de la photo de montagne, disons le ski essentiellement, mon style est très ouvert mais je privilégie toujours le lieu, la nature et ensuite seulement le sujet. J’essaye d’abord de faire comprendre à mon public où j’étais, combien ce lieu était grand ou impressionnant par rapport à mon sujet, et ensuite vient ce sujet comme la cerise sur le gâteau.
Je vous présente ces objectifs par ordre d’utilisation, en commençant par la plus fréquente.

Grand angle

Mon tout premier objectif grand angle était un Canon 10-22 3,5-4,5 USM pour les systèmes APS-C (pas un capteur plein format). Pour le style de photos que je visais, cet objectif était correct et une très bonne option en termes de prix et de performance. Il est pratique pour capturer des moments tels que celui-ci :

Mathéo Jacquemoud. 16mm, f2,8, 1/4000e, ISO160. © Nacho Grez

Mais il reste un peu limité avec un appareil photo APS-C à cause du coefficient de diminution qui réduit le champ (x1,6 en général). Le 10mm devient donc un 16mm, moins ouvert donc.
Aujourd’hui, j’utilise un appareil photo plein-format et j’ai l’objectif 16-35 2.8 L II USM Canon.
Je prends cet objectif TOUT le temps avec moi car avec cet objectif, je peux obtenir le type de photos, propre à beaucoup de mes commandes, comme ci-contre.
J’ai besoin de faire parler par moi-même l’endroit où je suis et pour ça, il me faut un objectif très réactif, avec une grande netteté. L’erreur courante est de de réaliser un portrait trop serré qui empêche de comprendre où l’on est et ce que l’on fait. Et c’est plutôt dommage de perdre du temps à s’immerger en montagne pour ne pas en révéler le paysage.

Arêtes du Cornafion. 16mm, f2,8, 1/1250e, ISO100. © Nacho Grez

24mm, f2,8, 1/1000e, ISO50 ©Nacho Grez

Objectif standard

L’objectif 24-70mm f / 2.8 USM est l’objectif à tout faire. Je ne devrais pas le dire mais c’est probablement la solution à vos problèmes existentiels si vous souhaitez tout faire avec un objectif unique, sans en changer toutes les 5 mn. C’est un objectif au piqué excellent, avec une ouverture de f / 2.8 constante (qui peut être utilisée à 24mm à 70mm). Son bokeh (sa capacité à créer un flou d’arrière-plan, utile pour découper un sujet au premier plan) à 70mm est très bon, mais pas autant que le 50mm 1.4 ou le 70-200 2.8. En général, c’est un objectif destiné à être utilisé dans tous les types de terrains et de conditions. Son défaut reste son poids : 1 kg. La version un peu plus adaptée aux objectifs montagne / sport est la version moins chère du canon 24-105 f / 4 L IS. C’est également une série L (pro) qui a l’avantage de monter jusqu’à 105mm pour un poids de 795g. L’inconvénient est que l’ouverture est moins impressionnante que le 2.8. Son bokeh est donc moins prononcé.

Téléobjectif

Comme l’objectif 10-22, mon premier téléobjectif de départ était un 70-300 IS 4 / 5.6. C’est un objectif très polyvalent pour approcher votre sujet de loin. Il offre aussi un beau bokeh pour vos portraits. Il peut même devenir votre meilleur ami si votre sujet est haut dans la montagne et que vous voulez suivre cette personne sans compromettre la scène.
Il y a un autre bon objectif pour shooter de loin sans être remarqué. Il s’agit de la version la moins chère de la série L. Ce caillou a l’avantage d’être doté du stabilisateur d’image, très important dans les moments chaotiques, surtout si vous commencez à avoir la tremblotte après un effort physique important en montagne. Ses deux inconvénients sont que l’ouverture est f/4-5.6, ce qui peut être limitant dans des conditions de faible luminosité. Il peut vous limiter le temps de prise de vue dans la journée, ou vous forcer à utiliser un trépied ou encore à monter les ISO, ce qui signifie que vos images seront un peu plus bruitées (granuleuses). Le deuxième inconvénient est que l’objectif a un système de mise au point externe / arrière. Cela signifie que l’objectif rentre et sort et que la lentille est plus exposée à la poussière ou à l’humidité que la version professionnelle.
En tout cas, si vous ne pouvez pas acheter la version pro, cet objectif est un must à avoir dans votre sac.
L’objectif que j’utilise actuellement est le 70-200 f / 2.8 IS L. Cet objectif me procure une profondeur de champ et un bokeh incroyables. En termes de piqué (la netteté et le détail des photos), cet objectif est incroyable. Je compare souvent cet objectif avec un rhinocéros : il est très solide et très robuste ! Je l’ai laissé tomber une fois, et il fonctionne toujours comme parfaitement. Il est doté d’un système de mise au point interne, et est étanche à la poussière et à l’humidité. Le système interne de mise au point ne modifie pas la longueur de l’objectif pendant la mise au point, ce qui signifie que si j’ajoute un filtre polarisé, l’objectif ne bouge pas et l’effet polarisé reste en place. Au contraire, avec le 70-300 il faut faire pivoter le filtre pour obtenir l’effet polarisé.

200mm, f7,1, 1/250e, ISO800 ©Nacho Grez

145mm, f2,8, 1/4000e, ISO160 ©Nacho Grez

Focale fixe

50 mm f / 1,4 USM

Je ne vois pas quel autre objectif est aussi étonnant de perfection : professionnel, petit, léger et pas cher. C’est mon objectif préféré, point barre. Ce 50mm 1.4 est un objectif extraordinaire pour beaucoup de situations, donnant des résultats très étonnants en portrait mais aussi en paysage.
Très discret et facile à manipuler, il est en permanence dans mon sac. Il en existe différentes versions, avec des résultats et des prix très différents, tels que 50mm 1.8 macro, 50mm 1.4, 50mm 1.2 et le dernier ajout à la famille de Canon,le 50mm 1.0.
Un jour, j’ai reçu un conseil d’un célèbre photographe chilien, Tomas Munita : « Nacho, j’ai un exercice pour vous. Prenez un objectif fixe et entraînez-vous à penser que, vous êtes le zoom de votre objectif « . C’était il y a longtemps, quand j’ai commencé à prendre des photos. Je me souviens encore de ce jour et j’utilise toujours cette stratégie efficace.

50mm, f1,6, 1/1250e, ISO250 ©Nacho Grez

50mm, f1,6, 1/500e, ISO250 ©Nacho Grez

15mm f/2.8

Avoir le Canon 15mm f / 2.8, est un choix très personnel et on pourrait croire qu’il est très étrange d’utiliser un tel objectif. Mais il y a des situations où cet objectif étrange peut faire la différence. C’est vrai que cela n’arrive pas souvent. Mais lorsque la situation s’y prête, il peut rapporter gros. La photo qui suit a été utilisée pour une publicité de la marque italienne La Sportiva, montrant un athlète professionnel, William Bon Mardion, lors de sa séance d’entraînement.
Ce 15mm peut déformer la ligne d’horizon, mais lorsqu’il est utilisé correctement, le rendu peut être superbe. J’utilise en particulier cet objectif si j’ai des sujets très proches de mon appareil photo. Le résultat est très différent de ce que l’on peut voir habituellement mais c’est aussi ce qui attire l’attention des clients. Quand je photographie, je n’essaie pas d’être le meilleur photographe, le terme est de toutes façons très subjectif. J’essaie plutôt de jouer avec mon propre style et d’être différent. Chaque photographe a sa propre signature ou son style. Tout cela vient avec le temps et l’expérience.

15mm, f16, 1/200e, ISO50 ©Nacho Grez

Récap’ du pack

ObjectifsCanon
15mm f/2.8
16-35mm f/2.8
50mm f/1.4
24-70mm f/2.8
70-200mm f/2.8

Des versions moins chères de ces objectifs existent chez d’autres marques comme Sigma, Tamron, Tokkina, Yongnuo…Vous perdrez un peu de luminosité ou de piqué, mais économiserez un peu d’argent.

16mm, f2,8, 1/3200e, ISO100. © Nacho Grez

À chaque situation, ses objectifs

Photographie commerciale

Le plus souvent, la photographie commerciale a pour but de mettre en valeur un produit spécifique tel que, dans mon cas, des skis, des chaussures de ski, des vêtements, etc. Ainsi comme je l’ai dit précédemment, afin de mettre un valeur un produit mais aussi raconter une histoire sans mots, et dire où l’on est et ce que l’on fait, j’utilise le plus souvent mon

Canon 16-35 f / 2.8. Puis pour les tournages longue distance, Canon 70-200 f / 2.8 et pour le cadrage intermédiaire, Canon 24-70 f / 2.8, qui me donne cette gamme de liberté qui me permet de passer de 24mm, grand ouvert, à 70mm. Celui que j’emmène quoi qu’il arrive, c’est mon Canon 50mm f / 1.4 car je sais que je vais l’utiliser d’une manière ou d’une autre. Parfois je prends le Canon 15mm f / 2.8.

Couverture / Journalisme

Je travaille souvent pour des magazines où je dois couvrir un voyage spécifique, en particulier de longues randonnées ou des excursions de ski de randonnée.
Le poids est primordial dans ce type de cas, quand vous savez que vous ne portez pas seulement votre équipement photo, mais aussi un sac de couchage, des vêtements et de la nourriture, ainsi que du matériel pour passer la nuit dehors.
Mon Plan A est constitué du grand angle Canon 16-35mm f / 2.8 et du Canon 50mm f / 1.4. Mon plan B, c’est le Canon 24-70mm f / 2.8, ou Canon 24-105mm f / 4.
J’essaie d’y aller léger en sachant que je peux jongler en faisant des compromis. Mais en tant que photographe, il faut ramener des photos, même s’il faut les prendre au smartphone !

Voyages persos

Pour mes propres voyages, je n’emmène que deux objectifs : le Canon 16-35mm et, au choix, le 50mm ou les 24-105. Pour être encore plus léger, il m’arrive de ne prendre que le 24-105 ou le 24-70.

 

Oui mais encore ?

 Le choix d’objectifs est un choix très personnel. Anticiper ce choix permet de mieux comprendre le matériel nécessaire selon les situations. Et surtout, l’expérience améliorera encore vos choix. Et surtout, prenez du plaisir à faire des photos avec le matériel qui vous plait.