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Mountain Bike | Ça roule là-haut !

Chez Alpine, on a toujours eu un petit vélo dans la tête. En auriez-vous douté ? Alors en ce printemps, l’envie de parler de montagne en roulant a germé. Et comme on ne peut rien se refuser, voilà qu’on ouvre la porte aux deux-roues. Du vélo sur Alpine ? Carrément, et pas qu’un peu. Présentations. 

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ouler, rider, faire un tour à vélo… Quelle que soit la manière dont on en parle, sortir les deux roues en montagne est toujours synonyme de grand air et de jeu, d’athlétique et de ludique. Pour les montagnards polyvalents et multi-tools, l’hiver c’est le ski, l’été c’est la grimpe. Le vélo s’intercale alors parfaitement aux inter-saisons comme le printemps et l’automne. Pour d’autres, il est une constante tout au long de l’année, certains n’hésitant pas à mettre les pneus dans la neige. C’est le cas d’Alexis Righetti. Ce toulousain s’est fait une réputation dans le monde du vélo dit « de montagne ». Si sa monture est plutôt robuste, il se défend d’être un simple descendeur. Son crédo ? Trouver la ligne, la remonter, quitte à porter pendant des heures, puis la descendre de la plus belle manière possible. Comme les skieurs qui cherchent le couloir vierge, la ligne osée, Alexis scrute les versants de montagne pour y poser les roues. Et n’allez pas croire qu’il n’y connait rien au milieu. Avant d’être un vététiste, c’est un alpiniste et skieur accompli qui a aujourd’hui décidé de parcourir les sommets en roulant. Tour d’horizon d’une discipline multiple.

Dis moi quel vélo tu as, je te dirai ce que tu peux faire…

Le vélo est un sport qu’il est possible de pratiquer de quantités de façon extrêmement différentes. En voici les principales disciplines (liste non exhaustive bien sûr).

  • XC (ou cross country) : on roule sur de larges sentiers… qui roulent ! Le cardio est la clef. Le vélo est en règle générale ce qu’on appelle un hardtail, c’est à dire comportant uniquement une suspension à l’avant, ce qui permet de l’alléger au maximum tout en maximisant l’efficacité de la transmission. Pratiquement tous les vélos de XC dernière génération sont montés avec des roues de 29 pouces, les plus grandes, pour un meilleur gommage des petites aspérités de terrain.
  • All mountain : cette discipline signifie qu’on monte et qu’on descend régulièrement des terrains relativement peu accidentés, le but étant d’enchaîner des parcours variés, essentiellement en pédalant. Les vélos de all mountain sont les plus polyvalents, avec une suspension avant et arrière et un poids plutôt bas.
  • Enduro : là, on commence à attaquer ! La montée n’est plus l’essentiel, l’enduriste cherche surtout le plaisir à la descente, contrairement à la moto enduro où le plaisir réside dans les franchissements en montée. Les vélos grossissent : suspensions avec plus de débattement, plus gros pneus, meilleurs freins… Mais ils sont plus lourds aussi.
  • Downhill (ou DH) : c’est le VTT de descente à proprement parler. Là, hors de question de pédaler pour monter, la transmission ne sert qu’à relancer ou accroître la vitesse en descente. Les vélos de DH sont ceux qui ont les plus gros débattements, permettant d’absorber sauts et courbes rapides. Le poids n’est plus un enjeu, ils pèsent souvent aux alentours de 16 voire 17 kg. Normalement, le DH se pratique en station ou à défaut, avec un pick-up en guise de remonte-pente. Seuls les puristes pousseront à pied le vélo sur leurs spots…  Le DH se pratique sur des terrains aménagés (« shapés » pour les initiés, anglicisme du mot « shape », « forme »).
  • Freeride : l’appellation « freeride » est très (trop) galvaudée. En règle générale, les gens appellent freeride ce qui est en réalité du freestyle, c’est à dire des sauts et figures sur des parcours aménagés. Mais étymologiquement, le freeride signifie « rider en dehors des chemins », c’est-à-dire exactement l’inverse du freestyle ! En clair, on peut freerider avec n’importe quel type d’engin, mais les adeptes de cette pratique préfèrent souvent un gros vélo, proche d’un vélo de DH.
  • Trial : comme en moto, le trial à vélo consiste à franchir des obstacles normalement parfaitement infranchissables avec des techniques de vélo normales. On peut trialiser avec tout type de vélo, mais le vélo de trial classique est beaucoup plus petit que les vélos précédents, souvent sans selle, avec des pneus sous gonflés et une transmission en singlespeed (directe, sans possibilité de variation de vitesse).

Et le vélo de montagne dans tout ça ? La définition est complexe. A mon sens, on parle de vélo de montagne quand le but n’est plus de faire du vélo mais de faire de la montagne, le vélo étant relégué au rang d’outil, au même titre que des skis de randonnée permettent au montagnard de gravir un sommet en hiver. Dans les disciplines dont je parle précédemment, tout tourne autour de l’objet « vélo ». D’ailleurs, il ne viendrait à l’idée de personne de prendre une piste de XC ou de DH à pied… Alors qu’au contraire, quand on fait de la randonnée en montagne, il semblerait incongru de réaliser  l’ascension avec son vélo. C’est la différence entre faire du vélo en montagne et faire de la montagne à vélo.

C’est la différence entre faire du vélo en montagne et faire de la montagne à vélo.

©Alexis Righetti

Vélo sauce montagne

Après il est fort possible de dévier la pratique en utilisant le vélo comme un moyen de complexifier la descente, et donc d’augmenter l’intérêt d’une montagne somme toute banale. Vous transformez ainsi une montagne de 2 ou 3000 m en formidable défi qu’il faut aborder comme une course d’alpinisme complète, en réfléchissant de manière poussée sur l’itinéraire, le terrain, l’exposition…
Il faut ainsi combiner des compétences de montagnard et de VTTiste, associées à des capacités d’endurance importantes pour réaliser de gros portages (et donc également des capacités de résistance à la frustration).

©Alexis Righetti

Certains montagnards augmentent la difficulté en montant à 8000 m d’altitude, en choisissant des voies d’escalade sans prises qu’ils devront faire en artif, en sautant une falaise à ski parce que la pente à 55° à côté, c’est trop facile, ou encore en tentant un sommet en hivernal parce que c’est rigolo de s’enfoncer dans la neige jusqu’à la taille. Nous, VTTistes de montagne, choisissons plus prosaïquement de descendre les sommets avec un engin à priori peu adapté, mais Ô combien jouissif lorsque maîtrisé. C’est toute la question du pourquoi nous allons tous en montagne qui est ainsi posée. En fait, comme dirait un certain M. Jourdain, nous faisons presque de la philo sans le savoir.

Comme en ski de rando, beaucoup de VTTistes n’envisagent pas de porter le vélo pour l’ascension. Ils s’arrangent alors pour trouver des itinéraires combinant une piste praticable pour la montée avec des sentiers plus techniques pour la descente. Mais dès qu’on s’aventure en haute montagne, il devient fort difficile d’échapper au poussage, voire au portage. La question principale qui se pose n’est pas si ça passe à la montée mais plutôt est-ce que ça passe à la descente ? Personnellement, quand je gravis un sommet avec mon vélo, je me retourne régulièrement et fais l’effort de me visualiser sur mon VTT, guidon entre les mains, afin de sentir si le terrain est passable. Et des fois, je suis sacrément dubitatif…

©Alexis Righetti

Tous terrains

Car le terrain devient la composante essentielle. Ce qui semble débonnaire à pied devient vite impassable en vélo, sauf à être très bon en trial. Et encore, il est impensable de descendre 1500 m de dénivelée en trial, votre cardio ne suivrait pas… En fait, tout dépend du type de roche. Une certaine variété de rocher peut faire que vous passerez un bon moment à la descente… ou que vous ne passerez pas du tout ! Et quand je dis pas du tout, c’est vraiment pas du tout ! Nada. Makache. Certains souvenirs pénibles se rappellent à moi, remontant de l’époque où j’étais encore un novice en vélo de montagne… Des souvenirs de descente intégralement réalisées… en portage ! A présent, j’en viens même à consulter des cartes géologiques avant de m’aventurer dans telle ou telle zone. D’une manière (très) générale, je peux avancer les choses suivantes quant aux types de roches :

Gneiss
Pas bon ! Souvent, une montagne de gneiss vue de loin semble débonnaire, mais voilà qui est fort trompeur… Cette roche forme des blocs massifs dont vos boîtiers de pédalier se souviendront. Et encore, si vous avez de la chance ! Car souvent, vous porterez même à la descente

Granite
Mitigé ! Le granite peut prendre de multiples formes, parfois des dalles sympathiques… mais également de gros blocs anguleux et hostiles.

Calcaire
Mitigé ! Le calcaire s’avère souvent amical pour le vélo, mais ses formes traîtresses ont vite fait de placer une virgule de roche en apparence insignifiante pile là où il ne fallait pas pour votre roue.

Schistes
Top ! C’est en général le pire type de roches pour le randonneur car instables sous la chaussure, mais le meilleur pour le vélo, car les feuillets lissent le terrain, créant des millefeuilles sans obstacles agréables à rider.

Petits pierriers
Top ! Quel que soit le type de roche, les pierriers de petite granulosité s’avèrent fort agréables pour le vélo car ils permettent de prendre de la vitesse sans piège ni risque en cas de chute. C’est la poudreuse des VTTistes !

Alpages
Mitigé ! Attention, ne vous laissez pas duper par l’aspect accueillant des vastes prairies verdoyantes. En dehors des sentiers, 90% du temps, ces terrains sont bosselés de manière extrêmement désagréable et frustrante.

©Alexis Righetti

Le vélo de montagne se pratique surtout avec des vélos de type all mountain, enduro, ou également des fat-bikes. Rares sont ceux qui, comme moi, utilisent un gros DH, pour de simples questions de poids. Néanmoins, à titre personnel, je trouve les vélos de DH bien plus agréables à piloter. Leur géométrie est faite pour mieux encaisser le terrain ; on choisit sa trajectoire plutôt par excès que par défaut, en évitant telle marche ou tel rocher, comme on a tendance à le faire avec des vélos plus « petits ». Du moment que je suis capable de porter un gros vélo, pourquoi me priverais-je ?
Mais vous n’aurez pas que le vélo à porter ! Votre sac est plus lourd que celui d’un simple randonneur. Voici donc ce qu’il vous faut prendre en addition du matériel de montagne standard :

Portraits-robots

Il existe plusieurs écoles dans la pratique du vélo de montagne. Bien entendu, nous sommes tous un peu une combinaison de ces différents profils.

Le freerider
imaginant des lignes jamais descendues
J’appartiens plutôt à cette catégorie. Le choix de l’itinéraire est central, un peu comme un alpiniste ou un skieur de pente raide ouvrant une voie. La démarche devient autant intellectuelle que physique, car il faut préparer les sorties avec soin, étudier les faces, faire des reconnaissances et souvent, souvent, bien trop souvent, galérer sur des terrains non praticables, avec son vélo sur le dos ! Bin oui, de loin, ça semblait si bien…

L’équilibriste
fan des « near death experience ».
Il recherche avant tout l’engagement et l’adrénaline. Il adore prendre un sentier à flanc de falaise ou sur une arête effilée côtés en E4 (chute interdite). Et il prendra doublement son pied lorsque, de retour chez lui, il postera sur YouTube une vidéo vertigineuse à la première personne, la sensation de vide accentuée par l’effet fisheye de la Gopro.

Le tech
motivé par les descentes trialisantes.
Il adore les sections rocheuses quasi impossibles à franchir sauf à descendre presque à l’arrêt, en plaçant les roues et jouant des freins avec une précision de chirurgien. Le randonneur qui, surpris, découvrira un tech au détour d’un virage, aura l’impression qu’il est tout le temps à la limite de la chute ; mais non, le tech passe toujours, parfois en s’appuyant du coude contre un rocher (mais le passage n’est alors pas validé). Oui, car le tech est dans une démarche artistique.

Le voyageur
Il fait du touring de haute montagne.

Certains, très rares, bouclent de grands circuits en empruntant des itinéraires de montagne pendant plusieurs jours et en bivouaquant en haute montagne. Il faut être sacrément motivé, car descendre à vélo avec sur le dos un énorme sac qui perturbe l’équilibre s’avère tout aussi éprouvant et désagréable que monter en portant le vélo…

©Alexis Righetti

Sachez également que les chutes en vélo sur terrain montagneux font très vite mal, même à basse vitesse. Je ne sais pas pourquoi, on tombe toujours d’une mauvaise façon quand on tombe d’un vélo… Une chute à pied ou à ski peut se rattraper, s’enrayer, se contrôler un peu… En vélo, évitez de tomber, c’est mieux.

©Alexis Righetti

Enfin, reste la question de l’écologie : certains considèrent que le vélo abime les terrains et les sentiers. En effet, les gens ont souvent en tête des vidéos de DH sur des terrains boueux avec des images au ralenti d’énormes pneus crantés labourant la terre à mach 3 et projetant (au ralenti, ça fait mieux), des nuages de gouttelettes dans l’objectif de la caméra. Le vélo de montagne, c’est loin d’être cela ! D’abord, les pratiquants sont en règle générale des montagnards, qui sont par nature respectueux de ce milieu. Ensuite, les terrains de haute montagne sont majoritairement constitués par de la roche. Et la gomme s’abime en général plus vite que la roche. Par ailleurs, cette pratique ne compte pas beaucoup d’adeptes et n’en comptera pas plus avec l’arrivée des vélos à assistance électrique. Car quand le terrain devient trop raide ou accidenté, vous n’avez aucun autre moyen que porter, tout électrique que soit votre engin. Enfin, la pratique du VTT est strictement interdite dans tous les parcs nationaux français, même à basse altitude. Et croyez-moi, ces restrictions sont respectées à la lettre, la sanction étant plutôt dissuasive.

©Alexis Righetti

©Alexis Righetti