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Le normal nous suffit

Je m’étais promis de ne plus en écrire de ce bout de Terre que j’aime tant mais la vie nous offrant chaque semaine une stupéfaction et la montagne n’ayant pas son pareil pour les rappels, on s’y remet. Amèrement. Allègrement.

Dimanche matin, 7h.
Mes joyeux compagnons et moi-même descendons du mont Blanc par la voie normale, aiguille du Goûter, direction Saint-Gervais.
Nous étions avec l’horizon et nous regagnons la vie d’en bas, la descente est un moment favorable à la petite philosophie. Nous nous y essayons. Nous nous disons que cette voie n’a de normal que le nom et que sa beauté résiste à tous les affadissements, réconcilie toutes les subjectivités. Que celui insensible à l’esthétique arête au-dessus de Vallot se fasse promptement doser endorphines et probité. L’un du groupe demande qui a décrété, un jour, que cet itinéraire serait, pour toujours, la voie normale du mont Blanc. Il a perdu, il nous doit à chacun dix euros, c’était le gage pour qui dirait décret et mont Blanc dans la même phrase. Nous comptions beaucoup sur lui, dans chaque groupe, il y a celui qui perd. Un autre s’interroge sur ce lien permanent entre normalité et rabais : pourquoi le normal est-il sans cesse dévalué ? Il nous dit que lui, dans plein de domaines de sa vie, être simplement normal lui paraîtrait suffisant et pour tout dire honorable. Un troisième de la bande estime que « normal » est une appellation idiote car chacun ressent bien ce qu’il