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La magie du Derby de la Meije

Depuis 30 ans, le Derby de la Meije fait partie de ces évènements populaires et uniques, à l’image de la “Transju” en ski de fond ou de “l’Etape du tour” en vélo. Le principe est simple : départ au sommet du glacier de la Girose et arrivée 2000m plus bas au fond des Vallons de la Meije, sans passage imposé, tout droit pour gagner ou déguisé pour profiter. 

Le Derby de la Meije, c’est un mythe et une histoire à lui tout seul, avec ses vainqueurs, ses chutes, ses anecdotes… un peu à l’image de la légendaire “Streif” de Kitzbuhel pour le ski alpin. Certains rêvent de gagner le Derby, d’autres y vont pour s’amuser,, d’autres rêvent juste de le terminer… c’est là toute la magie du Derby… à chacun son défi, dans le somptueux décor des Vallons de la Meije, en ski, snowboard, télémark, monoski… ou encore skwal, handiski, ou “objets spéciaux”…

Remontée en rattraque pour accéder au téléski du glacier de la Girose. ©Antoine Bouvier

©Antoine Bouvier

L’arrivée à La Grave se fait à minima la veille du Derby pour reconnaître le parcours et la ligne que l’on va emprunter. Les échanges vont bon train entre les participants, sur la ligne à emprunter ou la stratégie de course. “Plutôt rive gauche du vallon ou dans l’axe ?” “Plutôt côté nord en neige froide ou côté sud en neige réchauffée ?” De même, skieur et snowboardeur ne choisiront pas forcément la même ligne. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas le lendemain, jour de Derby, qu’il s’agira de se poser des questions sur le chemin à suivre pendant la course. Tout doit être repéré et anticipé la veille. Le jeudi, c’est également le jour où l’on tire au sort son dossard. Ce dernier aura son influence sur l’horaire de départ, aux alentours de 9h30 pour les premiers à 12h pour les derniers. La qualité de la neige en dépendra également : probablement une neige gelée et froide au début de la matinée, et plus réchauffée et molle après que le soleil ait fait son apparition.

Les Vallons déjà bien trafollé au bout de seulement quelques heures. ©Antoine Bouvier

Briefing « sécu » détendu. ©Antoine Bouvier

 

Le grand départ approche. Un bon fartage des skis s’impose pour mettre toutes les chances de son côté. Le stress monte gentiment après la reconnaissance de la journée. Un briefing sécurité obligatoire a lieu sous le chapiteau le jeudi soir. Cette année, les conditions d’enneigement sont exceptionnelles, cependant on ressent la préoccupation des organisateurs et pisteurs face au risque 4 annoncé. Après le briefing, l’ambiance est à la fête sous le chapiteau avec des concerts et quelques bières au programme.

©Antoine Bouvier

 

Tempête de ciel bleu en ce vendredi 6 avril, jour de Derby. Pour que le timing de départ soit respecté, on nous demande de monter bien en avance par les téléphériques. En effet avec ses wagons de 5 cabines aux couleurs étincelantes, ce téléphérique a son charme, mais il n’est pas le plus rapide ! Il faut encore prendre un téléski pour rejoindre le départ au sommet du glacier de la Girose. La première partie du Derby se fait sur quelques centaines de mètres de piste damée, avant 500 mètres de plat où il faut pousser sur les bâtons, en guise d’échauffement. C’est à partir du col des Ruillans, au sommet du téléphérique, que les choses sérieuses commencent, avec l’entrée dans les Vallons de la Meije. La pente n’est pas extrêmement raide, mais suffisamment pour prendre “du gaz” en allant “dré dans l’pentu”. A ce moment là les cuisses commencent gentiment à chauffer, et l’acide lactique se fait sentir dans les quadriceps. Les skis claquent dans tous les sens, et l’on se fait secouer les chaussettes ! Toute la finesse du Derby rentre alors en jeu : ce fameux dosage entre engagement pour aller le plus vite possible et maîtrise technique et physique pour ne pas se la “coller”. Car la chute se paie cash et l’on a pas envie de tenter l’expérience.

©Antoine Bouvier

 

Après avoir rejoint le passage dit de “la moraine”, la fin approche avec le passage en forêt, forcément moins rapide que les vallons. Le champ de vision se rétrécit de plus en plus, le goût du sang dans la bouche est bien présent, mais ce n’est pas le moment de s’écouter. Après la traversée de la forêt un dernier plat descendant amène jusqu’à l’arrivée au chalet de Chalvachère. On nous prie d’évacuer la zone d’arrivée avant de pouvoir enfin s’écrouler par terre, content d’être en un seul morceau et complètement vidé par ces quelques minutes d’effort intense…

La fanfare des « 38 tonnes » met le feu à l’après-midi. ©Antoine Bouvier

Les plus valeureux retourneront faire quelques virages, les autres iront directement au chapiteau du Derby au centre de la Grave, pour se ravitailler en crozets et en bières fraîches, au rythme de la fanfare qui enflamme l’après-midi. Car les temps de chacun ne sont communiqués que le soir, juste avant la remise des prix endiablée dans le chapiteau. Une remise des prix à l’image du Derby, pleine d’humour, de personnages et de rebondissements, ponctuée près de deux heures plus tard par le sacre du vainqueur au classement scratch de ce 30ème Derby de la Meije : Charly Rolland, 25 ans, en ski, en 6 minutes et 5 secondes. Olivier Meynet, 3ème de cette édition et recordman du nombre de victoires sur le Derby (4), racontera au micro qu’à sa première participation au Derby, 15 ans plus tôt, c’était l’oncle de Charly qui avait gagné, avec la même paire de ski ! “Une bonne paire de ski n’a pas d’âge”, a-t’il glissé en guise de conclusion. La magie et la folie du Derby ont continué à opérer jusqu’au bout de la nuit sous le chapiteau, au pied de la Meije et du téléphérique, illuminés pour l’occasion. Longue vie au Derby et longue vie à la Grave !

Les meilleurs déguisements récompensés lors de la remise des prix. ©Antoine Bouvier

Les podiums ski homme et femme pour clôturer la remise des prix. ©Antoine Bouvier