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Kilian Jornet | « Pourquoi la montagne ? Je n’avais pas le choix. »

Kilian Jornet. ©Ulysse Lefebvre

Kilian Jornet à Arêches-Beaufort, mars 2018. ©Ulysse Lefebvre

Mobiles #1
C’est une question qu’on nous pose souvent. Et que l’on se pose parfois. « Pourquoi je vais en montagne ? » Il y a du social et de l’intime dans ce point d’interrogation.
Certains disent qu’ils ont la réponse, certains qu’ils ne s’interrogent pas, d’autres qu’ils cherchent encore le mobile, ce drôle de mot qui dit la raison, l’impulsion autant que le mouvement. Alors quels sont les mobiles de Kilian Jornet ?

Mobile :
1. Adjectif. Qui peut se mouvoir.
2. Nom. Motif qui pousse à agir.

Explorons le(s) mobile(s) des uns et des autres, alpinistes, écrivains, grimpeurs, musiciens, anonymes, hommes et femmes dont le trait commun est le goût de là-haut. Remercions-les de nous livrer un pan d’eux-mêmes, il se pourrait qu’on y trouve un peu de nous.
Et dans toute histoire, il y a un début. Même celle d’une rubrique. Il nous fallait quelqu’un qui inspire, qui entraine les autres dans son sillage. Tous derrière et lui devant. Kilian Jornet, cet homme qui aime la montagne, les montagnes pour y être né et pour y grandir, encore, toujours. Cet homme pressé sait aussi s’arrêter pour se poser les (bonnes) questions et mieux repartir. Ses réponses sans doute sont là-haut.
Alors… pourquoi je vais en montagne ?

On y est accueilli
et rejeté en même temps

Très bonne question… mais pas évident de répondre… Hum… Bon, je pense que je n’avais pas le choix. Mes parents faisaient de la montagne donc ils m’ont appris ça depuis tout petit. Pour moi, c’est le milieu que je connais depuis toujours. C’est là que je me sens bien. En ville, je ne suis pas dans mon milieu, je me sens mal à l’aise, il y du bruit partout, des choses qui se passent tout autour. Dans la montagne, je sens que je suis au calme.

Pour moi, c’est un endroit qui représente la sécurité de la maison, mais qui fait peur à la fois. On y est accueilli et rejeté en même temps. C’est ça qui m’attire. 

Et évidemment, même si ce n’est pas très original, j’aime l’espace de liberté que ça représente, un endroit où l’on peut imaginer des choses, où l’on peut créer malgré nos limites physiques et techniques. En plus on peut jouer avec plein de choses, dans plein d’activités différentes comme le parapente, le BASE jump, le trail, la course, l’alpinisme, l’escalade, le dry-tooling, la cascade… Aujourd’hui tu as tous les outils pour y projeter tes rêves.

J’ai 4 ans sur cette photo. Comme d’habitude, on partait pendant les vacances scolaires pour gravir des sommets ou parcourir les montagnes. Ici, avec ma soeur et mes parents, on était partis parcourir la Laponie à pied. L’année d’avant, on était en Corse, au Mont San Petrone. Ensuite viendraient les Alpes avec le Breithorn, la traversée des Pyrénées… Plus que des défis sportifs, c’était un apprentissage en jouant, à voyager, à connaitre la nature et les montagnes, et en même temps à habituer nos corps à être en extérieur, en activité, pendant des heures, des jours…

© Coll. Kilian Jornet