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International Mountain Summit | Dolomites, Honnold et douceur de vivre

© Jocelyn Chavy

Hollywood n’est pas encore là, ou du moins Sundance, que la folie s’est déjà emparée des journalistes qui tournent autour du dieu survivant de l’escalade – Alex Honnold. Le grimpeur US est l’invité d’honneur du 9ème IMS de Brixen, en Italie. Un festival feutré, lové dans l’un des plus beaux coins des Dolomites, au pied du Sassolungo, mi-octobre dernier. Direction l’Alpe di Siusi.

Ce coin d’Italie est si particulier que balloté entre batailles et empires, il n’en a pas gardé la langue. Rares sont en effet les Sud-tyroliens à parler italien de langue maternelle – sauf bien sûr si l’un des parents s’est risqué du côté du Trentino, juste derrière les cols, pour des raisons qu’on vous laisse imaginer. Ici, dans les rues de Brixen (ou Bressanone, si vous y tenez), ou dans les refuges, c’est l’allemand qui prédomine, ou le ladin à la limite. Ce soir le refuge Tierser Alpl (avec un L à la fin) ouvre ses portes, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela vaut le voyage. Sis à 2 440 mètres sur une selle située sous les Gross Rosszahn (les dents de cheval, littéralement), bouquet de pics déchiquetés, le refuge compense l’âpreté dolomitarde et ses quelques heures de marche par une ambiance toute de bois clair ultra-moderne, qui ferait passer le refuge des Conscrits pour un hall de gare (sans rancune, nous aimons beaucoup les Conscrits). La fine nourriture du dîner, comme souvent dans les Dolomites, est à la hauteur du Sassolungo (ou Langkofel en allemand), dont nous visons le lendemain le voisin et belvédère, le Sassopiatto (2 969 m), ou Plattkofel.

En montant au Sassopiatto, vue sur l’Alpe di Siusi à droite. © Jocelyn Chavy

Suivant une échine de chemins qui matérialisait la frontière entre l’empire austro-hongrois et l’Italie jusqu’en 1918, il ne reste qu’à avaler le pierrier pour profiter des candélabres du Sassolungo, qui semble dériver, très vertical, au-dessus des plats alpages. Vertige des cimes. Bénéfice des traditions au bar d’altitude de l’Alpe di Siusi (ou Seiser Alm), avec le choix entre l’apéro du nord, la Weissbier, ou celui du sud, l’Apérol. Bienvenue au Tyrol du sud. Dire qu’il y a tant à grimper dans le coin : au-dessus de Tierser Alpl, le sentier Maximilian. Au Sassopiatto, la via Oskar Schuster, un bijou qui se hisse entre les deux monstres. Mais aussi les centaines de voies d’escalade du Val Gardena tout proche.

Au sommet du Sassopiatto, le Sassolungo ou Langkofel pile en face. © Jocelyn Chavy

Comme dit Alex Honnold, il faudra revenir. En attendant, le lendemain, il semble difficile d’être une star de l’escalade : rien ne vous est épargné. Ni les sempiternelles questions sur la peur de mourir – qu’Alex balaye d’un regard. Ni le drone qui survole les têtes à moins de trois mètres. Heureusement, le soir, après une déambulation dans le douceur de vivre de Brixen, et la finale de l’IMS Photo Contest, le maître Honnold explique comment gravir El Cap en solo. Sans rire, devant une salle de l’IMS chauffée à blanc et archi-comble, point d’orgue de cette semaine dédiée à la montagne qui a rassemblé plus de 9000 spectateurs. Un résumé d’El Cap ? Alex Honnold raconte un premier essai, où il tremble, et s’échappe par les cordes fixes des « Free Blast ». Déception énorme jusqu’à ce qu’il réalise qu’il est le premier solitaire sans corde à revenir vivant d’El Cap. Et puis le dénouement en juin dernier : « si je n’y étais pas allé, j’aurais fini par procrastiner ». Son prochain projet ? « Du tourisme extrême. Une expé en Antarctique, sur la Terre de la Reine Maud ». Alex Honnold est un touriste pas comme les autres. Si vous cherchez un projet, regardez du côté du Sud-Tyrol, entre pics dolo-mythiques et vignes dorées au soleil d’automne : c’est moins loin.

il n’y avait qu’un seul passage vraiment dangereux à El Cap

Alex « No Big Deal » Honnold, Octobre 2017. ©Jocelyn Chavy

Photo de l’année

Depuis six ans, l’International Mountain Summit organise un concours de photographie de montagne. Au total, près de 12 000 photographes de 112 pays y ont participé en envoyant leurs photos dans six catégories différentes. Les gagnants de cette année sont visibles sur la page du concours. Celle du grand gagnant, ci-dessous, relève de l’incroyable.

Le volcan Colima, au Mexique. ©IMS / Sergio Tapiro Velasco