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Bertrand Delapierre | « Pourquoi chercher midi à 14h ? « 

Mobiles #4
C’est une question qu’on nous pose souvent. Et que l’on se pose parfois. « Pourquoi je vais en montagne ? » Il y a du social et de l’intime dans ce point d’interrogation.
Certains disent qu’ils ont la réponse, certains qu’ils ne s’interrogent pas, d’autres qu’ils cherchent encore le mobile, ce drôle de mot qui dit la raison, l’impulsion autant que le mouvement.

Mobile :
1. Adjectif. Qui peut se mouvoir.
2. Nom. Motif qui pousse à agir.

Bertrand Delapierre
réalisateur & photographe

Pourquoi ? Je laisse aux philosophes les grandes strophes et je m’orienterais plutôt vers la fameuse phrase de Mallory : « Parce qu’elle est là » Facile me direz-vous mais pourquoi chercher midi à 14h ? Pour moi ça coule de source et les sources ne viennent pas des bouteilles de plastique, non ?

C’est naturel au sens propre du terme ; surtout de nos jours où l’homme s’est inventé des passions numériques, on a tendance à chercher nos racines ; sur ce point, même ma femme est d’accord et me conseille d’aller « là-haut » quand je deviens trop chi.. enfin pénible. Oui, la montagne a de nombreuses vertus dont celle de la décompression.

D’ailleurs les médecins prescrivent un bol d’iode au bord de la mer pour certains enfants mais l’altitude, sans aller forcément très haut, soigne bien des maux. Parmi ceux-là, un des plus importants : le manque de liberté. Et nous sommes tous égaux face à cette liberté. Finalement, en plus du Vidal, on pourrait inscrire la montagne dans la constitution !

Pendant le tournage de « Artists on Jorasses« .
J’ai choisi cette photo car je n’en ai pas beaucoup, à fortiori prise par un vrai photographe !
Surtout, un shooting dans les Grandes Jorasses c’est forcément mythique. Même si les faces nord se sont démocratisées, le fait d’y faire un film reste une petite aventure. J’avais une petite pression et un dilemme : trouver un compromis entre aller assez vite pour « passer » dans la journée, tout en ramenant assez d’images pour raconter cette voie Desmaison que Julien Desecures, le spécialiste des lieux, avait repéré en conditions. Il faut reprendre la technique du « tourné-monté », c’est à dire ne s’arrêter que lorsque le plan est indispensable et aura sa place dans le montage. J’avais un atout : au bout de ma corde, en leader, j’avais Kora Pesce « la machine ». Il va (très) vite et met peu de points, ce qui signifie peu de points à enlever !

© Jon Griffith