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Alexia Zuberer

©Sylvie Ferragu

Mobiles #10
C’est une question qu’on nous pose souvent. Et que l’on se pose parfois. « Pourquoi je vais en montagne ? » Il y a du social et de l’intime dans ce point d’interrogation.
Certains disent qu’ils ont la réponse, certains qu’ils ne s’interrogent pas, d’autres qu’ils cherchent encore le mobile, ce drôle de mot qui dit la raison, l’impulsion autant que le mouvement.

Mobile :
1. Adjectif. Qui peut se mouvoir.
2. Nom. Motif qui pousse à agir.

Alexia Zuberer
skieuse et alpiniste

Je ne sais pas d’où me vient cet amour de la montagne. Depuis toujours cet univers m’attire et me fascine. Petite, je redemandais sans cesse à mon père de me raconter Tintin au Tibet. Et plus tard, j’ai dévoré toute la littérature ou presque sur le sujet.

J’aime la montagne dans toutes ses dimensions. La verticale, les grands espaces, la haute altitude, le temps qui s’étire sans forcément le trouver trop long, la contemplation, la confrontation et l’effort. La montagne fait partie de notre monde mais pour moi, c’est un ailleurs qui nous permet d’avoir un autre regard et nous fait découvrir d’autres pans de nous-mêmes. Derrière la montagne il y a l’invisible, l’évasion et la liberté, tous faits d’émotions et d’aspirations qui nous emplissent l’âme.

C’est ce lieu qui exprime le beau et le rêve. Un exhausteur de vie qui génère de belles rencontres et permet de nouer des liens très forts. La montagne transcende et rend humble à la fois. Émerveille et fait peur… La montagne m’a beaucoup donné et, au bout du compte, a toujours fait naître un sourire. C’est ce que j’aime.

Camp 3 du Manaslu, 2016
En 2015, une gigantesque avalanche causée par un séisme de magnitude 7,8 fonçait droit sur nous sur les pentes du Manaslu. Notre salut vint de l’éperon formant étrave, juste au-dessus de nous. Quelques mois plus tard, nous voilà de retour sur la montagne. Cette photo symbolise la transformation de la peur en confiance, du gâchis en espoir et de la consternation en joie. La magie de l’altitude et une façon pour moi d’extraire la goutte d’or.
© coll. Alexia Zuberer